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Foot au Luxembourg : le « robot cinéaste » va t-il perdurer ?


Ce robot de sécurité pourrait bien se faire une place dans le foot luxembourgeois (Photo : Jessy Ferreira).

Nous revenons sur l’histoire du robot qui a filmé Etzella – Jeunesse Esch, mercredi soir, avec des échauffourées en fin de match.

Etzella – Jeunesse (1-1) ne restera pas comme ce match lors duquel un gardien de but, Michel Witte, est venu égaliser dans les arrêts de jeu, provoquant ce commentaire amusé de son président, Tun Di Bari : «Au moins, lui, il cadre. Les attaquants doivent s’en inspirer.» Non, l’événement de ce mercredi soir sous tension n’était même pas sur la pelouse, mais sur la piste. Dussmann Security y expérimentait, à l’échelle du foot, un robot déjà entrevu sur le Tour de Luxembourg et qu’il va commencer à commercialiser pour un prix proche des 50 000 euros.

Ce robot, arrivé au pays il y a tout juste trois semaines, fêtait son dépucelage footballistique. Conçu pour la surveillance de sites tels que chantiers, aéroports, places publiques… il est censé enregistrer des images à 360 °, de gens même de dos, est – comme un aspirateur finalement – autonome dans ses déplacements et dans son mode de charge, et choisit en général de se rapprocher des scènes qui lui semblent douteuses grâce à sa caméra thermique. Autant dire que le but de Michel Witte peut filer des frissons, mais que l’événement ne peut pas être dans ce joli petit exploit qui a valu un 9 au gardien ettelbruckois.

 

Revenons à notre robot, donc. Toutes les images qu’il capte sont instantanément enregistrées et, pour une raison de respect des données personnelles, effacées au bout de 24 heures. Sauf… sauf si la police ou le parquet décide d’utiliser ces images. «Et si j’ai bien lu le rapport de police rédigé en marge de notre match, indique Tun Di Bari, là, ce devrait être le cas». C’est que si la rencontre a été extrêmement calme entre ces supporters qui ont du mal à s’encadrer, l’après-match a vu naître quelques échauffourées qui ont justifié la présence massive de forces de l’ordre en tenue particulièrement impressionnante et avec renfort de chiens. «Mais dans le stade, se réjouit Di Bari, l’effet dissuasif a fonctionné à plein. Nous avons d’ailleurs annoncé par micro aux gens qu’ils étaient filmés. L’intérêt, c’est de montrer que désormais, avec ce genre de technologie, cela ne peut plus être parole contre parole, puisqu’on a les images !»

Officiellement, il est à louer

Va-t-on le voir souvent, ce robot ? Officiellement, il est à louer. Uniquement en complément d’un service d’ordre, cela va de soi, puisque même s’il est capable d’émettre des messages audio, on l’imagine mal utiliser ses petits bras musclés pour séparer deux bagarreurs, d’autant… qu’il n’a pas de bras. Mais Etzella et son président, qui est aussi directeur administratif chez Dussmann (d’où la présence au Deich de ce robot en phase test), n’y auront pas désormais souvent recours. La venue de la Jeunesse était une occasion à saisir. Cela a réjoui le patron d’entreprise mais navré le président de club : «Avoir à dépenser autant d’argent pour la sécurité d’un événement censé nous procurer des émotions… On a dû prendre 40 agents en heures supplémentaires qui auraient sûrement préféré avoir leur repos. Ce sont des frais inutiles pour le club, qui y investit toute la recette de sa buvette, mais aussi pour le contribuable, puisqu’il y avait aussi les forces de l’ordre.»

Au moins Tun Di Bari a-t-il pu faire la connaissance de la nouvelle direction eschoise, mesurer son esprit de coopération pour la mise en place d’un système de sécurité efficace (la Jeunesse avait aussi ses stewards pour encadrer une centaine de fans) et dire qu’il n’y a «absolument aucun souci entre les deux clubs, mais seulement de vieilles rancœurs entre supporters». Suffisamment fortes pour revoir notre robot à la Frontière, le 28 février 2021 ?

Julien Mollereau

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