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[BGL Ligue] Lucas Correia : «J’aurais pu sauver mon père»


«Pour une fois dans ma vie, c’était à moi de lui donner quelque chose et j’ai failli dans ma mission.» (Photo : archives LQ/Mélanie Maps)

L’attaquant du Fola Lucas Correia, auteur d’un doublé face à Rosport, a l’impression d’avoir raté l’occasion de sauver la tête de son père, Miguel. Une semaine trop tard?

Cela va-t-il mieux depuis dimanche soir?

Lucas Correia : Euh… oui. Enfin, oui, beaucoup mieux même. Je ne me souvenais plus du dernier lundi où je me suis levé avec une sensation de bien-être. Les derniers, j’avais juste envie de ne rien faire et de rester à la maison.

À quoi cela a-t-il ressemblé de regarder le classement, cette semaine, et de se voir dernier de BGL Ligue?

Très compliqué. Surtout parce que la plupart des joueurs de l’effectif ont fait champions il y a deux ans et podium l’été dernier. Même si on savait que ce serait compliqué, on ne s’attendait pas du tout à ça. Et nous, on n’a pas l’habitude de ça, de se battre, de courir partout, de faire le pressing, de défendre bas… toutes ces choses qui font la beauté des équipes de bas de classement. Donc… on continue comme d’habitude.

Est-ce que c’est malin?

Quand tu n’as jamais été habitué qu’à ça…

Vous venez d’inscrire un doublé contre Rosport, pour une première victoire en sept rencontres. Avez-vous l’impression d’avoir été décisif trop tard pour «sauver» votre père?

En fait… oui, je me le dis. Oui, j’aurais pu le sauver. C’est même dans ma tête en permanence en ce moment. Parce que je pense à tous ces moments où… Par exemple contre Mondorf, je pars seul au but en toute fin de match, mais je rate mon face-à-face à 0-0. Où en seraient le Fola et mon père si je l’avais remporté? Pareil contre Käerjeng, qui est le premier match où je me troue depuis mon retour. Sans ça, est-ce qu’il ne serait pas encore là?

Vendredi, Serge Wolf, qui lui succède, disait qu’il aurait « dû attendre« , que les choses se seraient mises en place d’elles-mêmes.

C’est drôle que vous me disiez ça, parce que cette interview, je ne l’avais pas lue et je suis tombé dessus après le match. Je l’ai directement envoyée à mon père pour savoir ce qu’il en pensait. Moi, je ne veux pas faire de la politique, mais ce qui me dérange dans cette phrase, c’est qu’elle laisse à penser que mon père a totalement eu le choix. Mais sachez que dans notre groupe de joueurs, on ne parle pas de « démission«  concernant ce départ.

Depuis une semaine, je joue pour deux : mon père et moi!

Comment avez-vous abordé le sujet avec votre père?

Je lui ai dit ce que je pensais. Que quand tu es là aussi longtemps et en tant qu’adjoint, c’est difficile de faire passer un discours et lui-même le reconnaissait. La relation de confiance est compliquée à établir dans ces conditions.

Plus simple pour Serge Wolf, qui vient d’arriver, donc. Comment a-t-il géré votre cas particulier?

C’est un super gars et il m’a demandé comment j’allais et… j’étais triste. Mon père vit le foot comme je n’ai jamais vu personne le vivre. Du coup, j’ai des regrets. Pour une fois dans ma vie, c’était à moi de lui donner quelque chose et j’ai failli dans ma mission. Et encore une fois, c’est lui qui a dû me réconforter.

La belle prestation de votre équipe contre Rosport a dû aider aussi à vous remonter le moral.

Oh, vous savez, on a commis hier (NDLR : dimanche) les mêmes fautes que celles qui nous ont coûté tant de points ces dernières semaines. Face au Victoria, on a continué à perdre des ballons dans des zones dans lesquelles on ne doit pas les perdre. Cela se paye cash contre les grandes équipes. Pas contre Rosport, c’est tout.

On pensait que vous arriveriez vraiment aux responsabilités la saison dernière. Or, malgré une bonne saison, ce n’était pas encore totalement le cas. Aujourd’hui, on a l’impression que votre heure est arrivée.

La saison passée, c’est une pubalgie qui m’a surtout freiné. Et le fait qu’il y avait Mirza Mustafic en tant que leader technique. Mais là, nous sommes quand même beaucoup de jeunes donc avec l’expérience de la DN que j’ai déjà, je n’ai pas d’autre choix que de les prendre, ces responsabilités.

Mais ce n’est pas à moi de dire que je suis un meneur. J’ai juste une obligation : celle d’être bon. Car mon but est d’aller dans le monde pro et pas de rester au Luxembourg. Je ne peux pas me permettre d’être mauvais, surtout que maintenant, depuis une semaine, je joue pour deux : mon père et moi!

En Oregon, il dormait dans une cave sans fenêtres

En fait, Lucas Correia n’était pas programmé pour jouer avec le Fola.

Cela a été l’un des petits événements de la fin de cet été que le retour de Lucas Correia, censé partir faire ses études aux États-Unis, mais qui est revenu après seulement un mois de présence à l’université d’Oregon.

Et cela a fait un bien fou au Fola, alors qu’il n’aurait tout simplement «pas dû être là». Une foule de microévénements ont précipité les choses. Notamment le fait que la saison universitaire, sur place, se déroule sur… trois mois.

«Je devais rentrer à la maison de mi-décembre à mi-février. Ensuite, en rentrant, jusqu’en juillet, il n’y avait que des entraînements… La saison passée, en neuf mois, ils ont fait cinq amicaux seulement. Cela pouvait peut-être valoir la peine parce que c’est une porte d’entrée vers la MLS, mais là encore : les Américains sont prioritaires.»

Bref, Correia a replié les gaules pour rentrer au pays en se disant qu’il allait «prendre la voie compliquée en essayant de percer en Europe», mais sans vrai regret sur ses conditions de vie sur place : «Le logement était littéralement inhumain. On vivait à douze dans une maison et moi, on m’avait installé dans une chambre à la cave, sans fenêtres, avec des tuyaux au-dessus de la tête et plein d’araignées.»

Revenu à la maison, Lucas doit quand même se frotter aux problèmes sportifs du Fola. «J’espère que j’ai fait le bon choix… Mais je suis sûr que ça me servira plus tard.»

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