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Transports publics : la gratuité pose question


Les fluxs notamment frontaliers sont incessants au Grand-Duché. La multimodalité reste le concept clé du ministre François Bausch pour fluidifier le trafic. Prochaine étape : la gratuité des trains et bus, avec des interrogations du côté des frontaliers.

Le scénario est bien connu. Jeudi après-midi, un accident s’est produit à Zoufftgen. Conséquence : un bouchon de plus de 12 km sur l’A3 reliant le Luxembourg à la France. De très nombreux frontaliers ont donc une nouvelle fois passé un très mauvais moment malgré un trafic qui, en raison des vacances scolaires, est un rien plus fluide qu’entre septembre et juillet.
Pour mieux faire face au flux incessant de travailleurs frontaliers, le gouvernement luxembourgeois continue de miser sur une approche multimodale. La voiture fait toujours partie de ce concept, mais elle est censée se trouver en combinaison avec le train, le bus ou la mobilité douce (trajets à pied, à vélo et désormais en trottinette). Dans ce contexte, l’introduction de la gratuité des transports publics, fixée au 1er mars 2020, doit apporter une nouvelle pierre à l’édifice, même si le ministre de la Mobilité, François Bausch, temporise.

«La gratuité n’est pas la solution miracle. Il s’agit plutôt de la cerise sociale sur le gâteau d’une stratégie globale en matière de transports», avait-il souligné le 21 janvier dernier. Dans sa réponse à une question parlementaire des députés chrétiens-sociaux Françoise Hetto-Gaasch, Octavie Modert et Léon Gloden, François Bausch indique également que «la gratuité est une mesure qui vient se joindre aux efforts pour améliorer l’offre» des différents réseaux de transports.
Admettre «l’inverse» ne serait pas justifié. L’investissement reste conséquent. Si la gratuité du transport public aura un coût annuel de 40 millions d’euros, l’État continue à mettre la main à la poche pour rendre plus performant le réseau ferroviaire. Pour rappel : un investissement de 2,232 milliards d’euros pour la période 2018-2023 est prévu sur le réseau ferroviaire du pays.

Les travaux sur l’A3 dès début 2020

La priorité reste donc clairement l’extension des transports publics. Une autre mesure concerne la refonte du réseau de bus RGTR, qui assure les liaisons à travers le pays. Dès le mois de mai 2020, il est prévu de miser davantage sur des lignes express, régionales et transversales. «Cela apportera aussi des avantages aux frontaliers», souligne le ministre dans sa réponse. La présentation détaillée devrait avoir lieu d’ici la fin septembre. En parallèle, d’importants travaux restent prévus sur le réseau routier. L’élargissement de 2 à 3 voies dans les deux sens de l’A3 doit être réalité à l’horizon 2023/2024. Les travaux doivent commencer début 2020. Le coût total du projet s’élève à 356 millions d’euros.
«On se trouve en contact régulier avec les autorités de nos pays voisins. Les résultats déjà obtenus jusqu’à présent en témoignent», souligne en guise de conclusion François Bausch. Le bout du tunnel est cependant encore loin.

David Marques

Train gratuit : quelle baisse pour les navetteurs ?

Henry Delescaut, le président de l'association des trains frontaliers Metz-Luxembourg, reste très vigilant (Photo d'achives : Editpress).

Henry Delescaut, le président de l’association des trains frontaliers Metz-Luxembourg, reste très vigilant (Photo d’achives : Editpress).

L’introduction de la gratuité des transports publics ne va pas concerner tous les trajets transfrontaliers. Seule la partie entre la frontière et la gare d’arrivée au Grand-Duché sera rendue gratuite pour les frontaliers. Il s’agit de la quote-part fixée par les CFL. SNCF, SNCB et DB fixent elles aussi une quote-part pour définir le prix des abonnements.
En février, François Bausch avait précisé que la quote-part des CFL était de 42,50 euros pour l’abonnement mensuel d’un frontalier français. Il s’agit de 29 euros pour les frontaliers belges et allemands. En principe, le prix de ces abonnements devrait donc diminuer de ces montants respectifs.
«Il existe une sorte de brouillard. La négociation en cours suscite de l’incompréhension», déplore toutefois Henry Delescaut, le président de l’Association des voyageurs du TER Metz-Luxembourg. La grande question est de savoir si les futurs prix des abonnements seront «équitables». «Soit on cherche à gagner de l’argent sur le dos des frontaliers, soit le gouvernement luxembourgeois va plus loin en nous accordant une baisse des prix plus importante», détaille Henry Delescaut. Le minimum réclamé est de bénéficier des 42,50 euros. «Dans le cas contraire, on va mettre en œuvre les mesures qui sont à notre portée», met en garde le président de l’association.
Le ministre François Bausch compte présenter la nouvelle tarification «à l’automne». Une date concrète n’est pas encore connue.

Projection des prix 2020

Thionville-Luxembourg
44,2 euros (2019 : 86,70 euros)
Metz-Luxembourg
97,6 euros (2019 : 140,10 euros)
Nancy-Luxembourg
208,6 euros (2019 : 251,10 euros)

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