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Traçage numérique des contaminés : le Luxembourg s’y oppose


La Chambre des députés a repris le flambeau du gouvernement luxembourgeois pour s'opposer à cette option (Photo d'illustration : AFP)

Le Premier ministre l’avait annoncé très tôt et a depuis lors répété à plusieurs reprises la position du gouvernement : le Luxembourg n’est pas favorable à l’introduction d’une application pour tracer les déplacements des personnes atteintes du coronavirus. Entretemps, la Chambre a repris le flambeau.

Après une réunion de concertation mercredi matin avec Xavier Bettel, également en charge des Télécommunications, ainsi que Sam Tanson, ministre de la Justice, les députés devraient adopter la semaine prochaine une motion pour bloquer le recours à une telle solution numérique.

«En principe, on est d’accord pour dire qu’un traçage à l’aide d’une application n’est pas nécessaire», nous confirme Sven Clement. L’élu du Parti pirate se trouve à la base de la motion qui doit être considérée comme un «mandat de négociation» que le Parlement attribue dans ce dossier au gouvernement. Car l’introduction d’une application de traçage sur le plan européen reste possible. «Une pression externe de la part de nos partenaires européens existe. Il se peut en effet que certains pays imposent l’utilisation d’une telle application pour permettre à nouveau la circulation et les voyages», note Sven Clement.
Mercredi matin, le Premier ministre a précisé vouloir prendre les dispositions nécessaires pour ne pas être pris au dépourvu. La Chambre accompagnera le gouvernement dans le bras de fer qui s’annonce à l’échelle de l’UE.

«La plus grande peur des ministres européens réunis en conseil est que les parlements s’opposent aux décisions prises. En offrant un mandat clair au gouvernement, il aura un argument de taille entre les mains», avance Sven Clement. Sur la base des discussions ayant eu lieu en commission parlementaire, le député pirate va rédiger un «texte de consensus» qui doit pouvoir être adopté par une large majorité des députés. «Il faudra attendre les réactions au texte final, mais je suis assez optimiste. Ne pas adopter la motion serait aller à l’encontre des propos tenus par pas mal d’élus», admet Sven Clement.

La Justice établit un cadre légal

Si la ministre de la Santé, Paulette Lenert, a encore souligné mercredi matin que le gouvernement compte recourir, comme au début de la crise, à un traçage analogue, le gouvernement et la Chambre comptent continuer à travailler sur des garde-fous pour préparer un scénario où le Luxembourg serait «forcé» d’introduire un traçage numérique. Dans ce contexte, la ministre de la Justice a été chargée d’élaborer un cadre légal afin d’empêcher toute utilisation abusive des données collectées par une application. Mercredi, les députés ont énuméré les risques qui existent : violation du secret médical, violation de la vie privée ou encore stigmatisation des malades. Le risque de «créer un antécédent dangereux» a également été évoqué, «d’autant plus que la crise du Covid-19 ne serait pas forcément la dernière crise de ce type à laquelle il faudrait faire face», est-il résumé sur le site internet de la Chambre.

Sven Clement se félicite que le principe d’un enregistrement centralisé des données collectées par une éventuelle application fasse l’unanimité. Il en va de même pour le principe du téléchargement volontaire de l’outil. «Le cas échéant, ce sera comme si je prends une photo avec mon téléphone portable. Je suis le seul à décider dans la foulée avec qui je partage cette photo», vulgarise le député pirate.
Selon le Premier ministre, Xavier Bettel, l’application de traçage devrait être adoptée par au moins 60 % de la population pour que la solution soit efficace.

David Marques

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