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Syndicats du bâtiment : « Le patronat vous manque de respect »


L'OGBL réclame, comme le LCGB, une hausse des salaires réels de 4,5 % et une prime d'au moins 600 euros. (photo Alain Rischard)

Les hostilités sont officiellement lancées : les syndicats OGBL et LCGB du bâtiment ont manifesté jeudi à Esch et Luxembourg, en ordre dispersé, pour défendre les salariés du secteur. Un premier avertissement qui n’exclut pas la menace de grève…

« Je vous préviens, si les patrons augmentent encore la flexibilité et les heures de travail, vous n’aurez plus un Belge sur les chantiers au Luxembourg ! », s’énerve Laurent, 22 ans. Ce maçon belge se lève tous les jours à 4h30 pour venir travailler au Luxembourg, et rentre chez lui vers 18h. «Si on monte à 54h par semaine comme le veut le patronat, je ne viens plus ici. Faut pas déconner, on a une vie aussi.»

« La vie est trop chère ici »

Sur sa pancarte, un slogan qui résume le discours dominant, dans la capitale : «Il y en a marre !» L’OGBL y organisait en effet sa première grosse manifestation pour dénoncer le retard pris dans la négociation pour la nouvelle convention collective du bâtiment, qui aurait dû être conclue en 2016. Avec deux craintes principales : la flexibilité voulue par le patronat et des salaires qui stagnent.

José, né au Portugal, est chef d’équipe dans une grosse boîte du BTP au Luxembourg, mais vit en France, «car la vie est trop chère ici». Pour lui, «ça devient de pire en pire. Heureusement, il me reste huit ans à tirer, mais j’aurais dix ans de moins, je me serais déjà barré pour travailler en France.»

Nous croisons Stéphanie Lhomme, de la section thionvilloise de l’OGBL, où elle s’est fait une spécialité de traquer les sociétés qui abusent du travail détaché ou au noir, une vraie spécialité au Luxembourg… Elle a justement des nouvelles fraîches : «Aujourd’hui, il y a une société luxembourgeoise du bâtiment qui passe au tribunal, car elle a détaché illégalement des travailleurs français en France, via le Luxembourg ! Le problème, c’est que 80 travailleurs sont sur le carreau et risquent de ne pas être payés ni de pouvoir toucher le chômage, car ni l’Adem ni Pôle emploi ne les reconnaît.»

Jean-Luc de Matteis, membre du bureau exécutif de l’OGBL, se charge de résumer les revendications : «Le bâtiment est en plein boom. Mais la seule chose qui n’augmente pas, c’est nos salaires. On revendique une hausse du salaire réel et tarifaire de 4,5%. On revendique aussi le paiement d’une prime (NDLR : d’au moins 600 euros) pour le retard pris dans ces négociations.» Il demande aussi la «fin du blocage pour la formation professionnelle, afin que chaque salarié puisse suivre la formation qu’il veut.»

Le LCGB avait lancé un appel à manifester, à Esch-sur-Alzette. (Photo Julien Garroy)

Le LCGB avait lancé un appel à manifester, à Esch-sur-Alzette. (Photo Julien Garroy)

Refus de toute nouvelle flexibilité

Minoritaire dans le secteur de la construction, le LCGB, lui, avait donné rendez-vous à ses sympathisants sur la place de l’Hôtel-de-ville à Esch-sur-Alzette. Plusieurs centaines de manifestants verts étaient présents. «Nous sommes là pour faire valoir nos droits, clame Sébastien, un conducteur d’engins de 38 ans. C’est très loin d’être le cas aujourd’hui. Ce qui manque ? La liste est très longue.» C’est Tiago Ferreira, le secrétaire syndical du LCGB du secteur, qui l’énumère à la tribune : «Nous sommes là pour montrer que les choses doivent changer, que la nouvelle convention collective doit comporter des améliorations significatives.»

Le LCGB «refuse toute flexibilité supplémentaire du temps de travail», «revendique une augmentation de 1,5% (NDLR : chaque année pendant trois ans) des salaires de tous les employés du secteur», «demande une prime unique d’au moins 200 euros (trois ans également)», «demande au patronat d’offrir des formations continues aux salariés pour l’avancement des carrières»… Tiago Ferreira conclut son discours d’une vingtaine de minutes par «le patronat vous manque de respect, alors que vous travaillez dans des conditions difficiles et que vous êtes la richesse de vos entreprises. Il est temps que cela change.» La foule l’acclame.

Romain Van Dyck et Guillaume Chassaing

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