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Sexting : «C’est extrêmement violent pour les victimes»


La nouvelle brochure permet aux victimes et à la police de savoir qualifier en fonction des faits l'infraction liée au sexting, qui n'existe pas tel quel dans la loi luxembourgeoise. (photo Julien Garroy)

Un guide à l’intention des jeunes et de leurs encadrants vient de sortir pour les aider à gérer une situation de sexting, ces échanges à caractère sexuel.

Le sexting, c’est-à-dire le fait d’échanger des messages, des photos ou des vidéos à caractère sexuel, est une pratique qui tend à se répandre dans nos sociétés, y compris chez les plus jeunes. Un phénomène qui n’est pas anodin pour les mineurs qui peuvent parfois en sous-estimer les risques et en méconnaître le cadre juridique.

Appeler à la prudence, sensibiliser mais aussi aider les personnes touchées, et éventuellement rappeler aux auteurs que les faits sont passibles de sanctions, voilà les objectifs de la nouvelle brochure intitulée «Nu(e) sur le net ? Sexting – tout ce que tu dois savoir» qui vient de voir le jour. Le document, qui s’adresse principalement aux jeunes mais pas seulement, est désormais disponible sur internet ainsi que dans les points d’accueil de la jeunesse et les commissariats de police du pays. Fruit d’une collaboration entre la police, Bee Secure, le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (Script) et le parquet, ce guide fournit des informations sur la situation juridique du sexting au Luxembourg, les risques encourus (chantage, cyberharcèlement, dégradation de l’image…) ainsi que des conseils pratiques pour gérer au mieux la situation.

« Nous souhaitons sensibiliser les jeunes à ce phénomène, avec lequel il faut se montrer très prudent. Le mieux est de ne pas partager des images intimes. Mais si on le fait et que l’autre personne les diffuse, on devient une victime. Même si on a commis une erreur, personne n’a le droit de diffuser ces images sans notre accord, insiste Georges Metz, directeur du Service national de la jeunesse (SNJ), opérateur de Bee Secure. Ce guide permet de prévenir les auteurs éventuels que le sexting peut constituer un délit, mais aussi aider tant les victimes que les policiers à qualifier l’infraction, car le sexting n’existe pas tel quel dans le droit luxembourgeois. »

En effet, si le terme «sexting» n’est pas littéralement mentionné dans la loi, cette pratique peut néanmoins constituer une violation d’une ou plusieurs lois, selon que les faits relèvent du harcèlement et du stalking, des injures, de la criminalité informatique, de la violation de la vie privée, de sextorsion ou encore de grooming. La brochure, qui fournit un pas à pas du dépôt de plainte, rappelle en outre que la prise, l’envoi et la possession de photos de nus et autres impliquant des mineurs sont interdits par la loi, et donc passibles de sanctions.

Stratégies d’auto-assistance

«Que ce soit en gage d’amour ou de confiance, pour une excitation mutuelle, comme une épreuve de courage ou de flirt, les raisons du « sexting » sont multiples», y rappellent les professionnels. Mais le jeu peut vite tourner au cauchemar si ces échanges sont diffusés et avoir de graves conséquences, comme le souligne Georges Metz : « C’est extrêmement violent pour les victimes. Les gens le vivent très péniblement et en ont extrêmement honte, ils n’osent pas en parler, n’osent plus sortir… ».

La brochure se propose donc de fournir aussi quelques stratégies d’«auto-assistance», en sus du dépôt de plainte et de contacter les lignes d’assistance téléphoniques déjà existantes (Bee Secure au 8002 1234 ou le Kanner-Jugendtelefon au 116 111) : se confier à quelqu’un (famille, ami, enseignant…), sécuriser les preuves, rapporter les photos et les enregistrements sur la plateforme, bloquer l’auteur dans la liste de contacts et ne plus répondre.
Le guide est disponible dans les écoles, les maisons de jeunes et les centres de conseil ainsi que dans tous les commissariats du pays. Il est également téléchargeable sur le site de la police grand-ducale.

Tatiana Salvan

Un peu de vocabulaire

Sexting : envoi de messages, photos ou vidéos sexuellement explicites par SMS, messageries ou chats.
Sextorsion : chantage sur une personne en utilisant une photo érotique ou une sextape sur laquelle elle apparaît.
Stalking : harcèlement obsessionnel et espionnage de la vie de quelqu’un sur internet.
Grooming : acte par lequel un adulte entre en contact avec un mineur de moins de 16 ans (directement ou en se faisant passer pour un mineur) afin de lui faire des avances sexuelles.

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