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Réforme de la police : la carte de l’apaisement


La secrétaire d’État à la sécurité intérieure, Francine Closener, a tendu la main aux forces de l’ordre, mercredi. (Photo François Aussems)

La secrétaire d’État à la sécurité intérieure, Francine Closener, a tendu la main aux forces de l’ordre, mercredi, à l’occasion de la fête patronale de la police grand-ducale, la Saint-Michel.

Traditionnellement célébrée le 29 septembre (mardi), la Saint-Michel a permis aux politiques de délivrer un message d’apaisement concernant la réforme de la police qui est en cours.
Si, dans une allocution d’ouverture, le directeur général de la police, Philippe Schrantz, a rappelé que six groupes de travail se penchaient de manière «très active» sur la réforme en question, il a également déploré « l’excès de spéculations » faites à ce sujet.

Le chef de la police, Philippe Schrantz, lors de son discours. (Photo François Aussems)

Le chef de la police, Philippe Schrantz, lors de son discours. (Photo François Aussems)

Le n°1 de la police a souligné que sa vision de la police de main s’inscrivait dans «un grand projet visant à ce qu’elle fasse partie intégrante de la société» et à ce qu’elle se positionne comme étant «un service public d’excellence pour les citoyens.» Des propos applaudis par le syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL) qui a rappelé approuver le projet de réforme. Par contre, des questions subsistent quant à sa mise en œuvre.

Les propos de la secrétaire d’État à la Sécurité intérieure, Francine Closener, n’ont par exemple, eux, pas donné entière satisfaction au SNPGL. Attendue au tournant après un rendez-vous de conciliation fixé de longue date, mais reporté à la dernière minute, celle-ci est venue prêcher la parole de son ministre de tutelle, Étienne Schneider, et du ministre de la Fonction publique, Dan Kersch.

Et force est de constater qu’elle a tenu à apaiser les esprits. Francine Closener a tout d’abord mis en avant la responsabilité des politiques dans le processus de modernisation de la police, avec pour objectif de la rendre plus efficace. « La sécurité est une priorité politico-nationale et constitue également une garantie pour la croissance économique du pays », a-t-elle déclaré. Au sujet de l’audit de la police, la secrétaire d’État rappelé que la loi de 1999 organisant le corps était devenue obsolète et qu’il fallait nécessairement «écrire un nouveau chapitre».

Appel aux syndicats

Puis la secrétaire d’État d’inviter les syndicats et représentants du personnel à s’impliquer «concrètement, de manière active et constructive, car c’est dans l’intérêt de vos membres», leur a-t-elle lancé. Avant de poursuivre en ce sens : «on est jamais aussi bien servi que par soi-même et il est important de ne pas avoir de blocage lors de la prochaine étape.» Mais la remarque n’a pas forcément plu du côté du SNPGL. «La secrétaire d’État ne peut pas dire que nous ne travaillons pas de manière active !», fustige le président du SNPGL, Pascal Ricquier, qui explique que ce qui est fait dans les groupes de travail est systématiquement rapporté au comité du SNPGL.

Francine Closener déclare ensuite fermement que «la réforme engendrera forcément des coûts, le coût zéro n’étant pas concevable en ce qui concerne la sécurité des citoyens ». Ainsi, 320 nouveaux policiers seront recrutés jusqu’en 2018, a-t-elle rappelé, avant d’aborder l’introduction de nouvelles carrières au sein de la police qui s’inscrit dans la réforme globale de la réforme de la fonction publique.

Un nouvel échelonnage, en cinq carrières, devra ainsi remplacer les trois carrières en vigueur, à savoir celles du cadre supérieur, de l’inspecteur et du brigadier. Or, les cinq futures carrières devront correspondre à des niveaux d’études définis. Ainsi, par exemple, la carrière A1 sera accessible à un détenteur de master universitaire, l’A2 à ceux ayant un bachelor et la B1 aux futurs policiers ayant accompli une 1ère ou une 13e année dans un lycée. La carrière C1 est destinée a priori, elle, aux inspecteurs.

Un nouvel échelonnage qui n’était pas de nature à ravir le SNPGL, jusqu’à hier, car il déclare «se battre depuis 15 ans pour que les inspecteurs aient ce grade de B1». Mais Francine Closener a ouvert une brèche et annoncé que «tous les policiers pourront prétendre au grade B1 et pas uniquement ceux de la Police judiciaire (PJ)». Ce qui n’était pas prévu jusque-là.

L’annonce a le don de satisfaire Pascal Ricquier. Mais elle reste à être confirmée : «Si Francine Closener a évoqué ce point, c’est bon signe, mais il reste à voir comment cela fait, en pratique, car on ne sait pas quels policiers seront intégrés dans cette carrière B1, au lieu de la C1 (NDLR : moins avantageuse financièrement)». Le président du SNPGL, Pascal Ricquier, n’est pas du genre à se laisser jeter de la poudre aux yeux. «Passer de cinq à trois carrières une bonne chose ? Cela reste à voir ! », déclare-t-il encore.

En attendant, Francine Closener a pour sa part évoqué une «solution-package» : «Il ne sera pas question de légiférer séparément » a-t-elle déclaré.

Claude Damiani

«Une Saint-Michel mi-figue, mi-raisin»

Le SNPGL aura donc passé une Saint-Michel mi-figue, mi-raisin, d’autant plus que l’ «énorme problématique» qui titille n’a pas été abordée, à savoir celle des postes à responsabilité particulière. «Nous avons des chefs qui ne sont pas rémunérés comme tels», explique Pascal Ricquier qui a annoncé la tenue prochaine d’une conférence de presse «pour tout mettre à plat».

L’occasion de ré-aborder également la question de l’abolition des logements de service, qui n’a pas été évoquée mercredi. Notons, enfin, que le ministre de la Fonction publique se penche sur le statut des «Pëcherten (contractuels)» qui ne devra «ni être une seconde police ni une police-bis», après les autorités.

C.D.

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