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Maryland – L’impossible adieu aux armes


Alice Winocour, qui s'était déjà intéressée aux troubles psychologiques dans Augustine, explique avoir imaginé son personnage de Vincent après avoir rencontré des soldats qui rentraient d'Afghanistan. (photo AFP)

Maryland, c’est l’histoire d’un soldat et garde du corps de l’épouse d’un homme d’affaires. Un film sur le syndrome post-traumatique, avec de l’action et une pincée de politique. Accès de paranoïa, de violence brute, perte de contact avec la réalité :le film d’Alice Winocour explore le traumatisme des soldats envoyés en Afghanistan.

Pour Augustine , son premier film en 2012, la Française Alice Winocour avait mis en images l’histoire de cette jeune femme atteinte d’hystérie à la fin du XIX e siècle. Internée à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, elle était devenue la patiente favorite du professeur Charcot. La réalisatrice y étudiait la relation complexe entre la malade et le médecin. En mai dernier, à 39 ans, Alice Winocour a fait le voyage à Cannes pour présenter au festival, dans la section «Un Certain regard», son Maryland .

Cette fois, elle conte l’histoire de Vincent. Il revient du combat en Afghanistan, il est victime de troubles de stress post-traumatique. Son nouveau boulot : assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété, «Maryland». Évidemment, il est fasciné par la femme qu’il doit protéger. Mais dans le même temps, il est sujet à des angoisses et des hallucinations. Et malgré le calme apparent qui règne sur «Maryland», il perçoit une menace extérieure…

«J’ai écrit le film pour lui»

Dans ce nouveau film, on retrouve un thème déjà présent dans Augustine : les dysfonctionnements physiques. « Ceux-ci, qui se manifestent lorsqu’il n’y a plus de mots pour exprimer ce que l’on ressent, ouvrent pour moi un espace pour le cinéma », explique Alice Winocour. Ainsi, dans Maryland , « on ne quitte jamais le point de vue de Vincent. Tout est construit autour de sa vision altérée de la réalité. On ne comprend que ce qu’il comprend, on ne sent que ce qu’il sent. (…) Je voulais qu’on soit dans sa peau et qu’on éprouve le même vertige que lui face au réel. »

La réalisatrice a rencontré de nombreux soldats de retour d’Afghanistan : ils lui ont parlé de leurs troubles, de leurs angoisses, de leurs accès de violence. « Tous ces maux que l’on regroupe sous le terme de syndrome post-traumatique et qui mettent les soldats hors-jeu », dit encore la réalisatrice. Qu’on ne s’y méprenne pas : Maryland n’est pas seulement et uniquement un film sur le trauma post-guerre. Ancienne (brillante) élève de la Fémis (NDLR : École nationale supérieure des métiers de l’image et du son à Paris), Alice Winocour ne craint pas de jouer avec les règles du film d’action traditionnel : « Je voulais faire appel à la mémoire et aux sensations du spectateur, chez qui sommeillent des dizaines d’intrigues, où la peur et l’angoisse sont mobilisées. »

Certains ont demandé à la réalisatrice si elle avait mis en images un long métrage politique. Sa réponse : « Plus qu’une intrigue politique qui reste hors-champ, le film cherche à décrire l’atmosphère d’un monde de complicités où se mêlent l’argent et la politique, un univers lourd de corruption …» Pour interpréter son soldat de retour de la guerre, Alice Winocour a choisi l’acteur belge Matthias Schoenaerts. « J’ai écrit le film pour lui , confie-t-elle. Il a une animalité qui convenait au personnage .» À l’évidence, sur ce qu’on voit sur l’écran, Matthias Schoenaerts est allé au-delà même des limites imaginables. Accompagné dans son jeu par une éblouissante Diane Kruger, il montre, une fois encore, qu’il est bien un (grand) acteur physique.

Serge Bressan

Maryland, d’Alice Winocour. (France/Belgique, 1h38), avec Matthias Schoenaerts, Diane Kruger…

 

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