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Pour Xavier Bettel, les valeurs de l’UE «ne sont pas négociables»


«Le Luxembourg est et restera en faveur d’un mécanisme d’État de droit ambitieux», insiste le Premier ministre Xavier Bettel. (photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Le Premier ministre, Xavier Bettel, est catégorique : le blocage par la Hongrie et la Pologne du mécanisme d’État de droit lié au versement de fonds européens est inacceptable.

La crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus ne peut éclipser le fait que l’Union européenne vit une nouvelle impasse majeure. En cause : le veto annoncé par la Hongrie et la Pologne au plan de relance post-Covid de 750 milliards d’euros. Budapest et Varsovie sont farouchement hostiles à un mécanisme conditionnant le versement de fonds européens au respect de l’État de droit. L’équation institutionnelle est la suivante : la clause de l’État de droit peut être entérinée par une majorité qualifiée, l’adoption du prochain budget pluriannuel de l’UE (2021-2027), auquel est adossé le plan de relance, nécessite par contre l’unanimité des 27 États membres.

Jeudi soir, les chefs d’État et de gouvernement, réunis pour un sommet virtuel, ont rapidement évacué le sujet explosif dans le but d’éviter toute «escalade». «Il existe une majorité qualifiée sur le mécanisme et un accord au Parlement européen. Malheureusement, deux pays s’y opposent», constate sobrement le Premier ministre, Xavier Bettel. Vendredi, le chef du gouvernement luxembourgeois est revenu sur les tensions régnant à Bruxelles. Il ne cache pas son agacement. «Le Luxembourg est et restera en faveur d’un mécanisme d’État de droit ambitieux qui sera lié au versement de fonds européens. Il s’agit d’un important élément des valeurs européennes, qui ne sont pas négociables», martèle Xavier Bettel.

Le Premier ministre renvoie vers les «très longues négociations» menées en juillet pour trouver un compromis sur le mécanisme conditionnant le versement de fonds européens au respect de l’État de droit. Les conclusions du sommet marathon de quatre jours et de quatre nuits comprenaient bien la clause de l’État de droit, mais la formulation, peu précise, laissait le champ libre aux interprétations. Le Parlement européen a retravaillé le mécanisme, qui sera désormais plus contraignant. «Il est triste que le Parlement doive nous rappeler le respect des valeurs fondamentales», estime Xavier Bettel.

Quelles solutions potentielles ?

Pour le Premier ministre, «l’épine dorsale que constitue l’État de droit» doit continuer à être respectée. Le risque de blocage du fonds de relance et du budget européen, essentiels pour aider l’UE à surmonter la crise sanitaire, est toutefois une réalité. Xavier Bettel et ses homologues ne disposent pas d’une véritable solution, du moins pour l’instant. «Notre ambition est de continuer à travailler», se contente de dire le chef du gouvernement.

Le Premier ministre hongrois s’est montré persuadé, vendredi, que les difficiles négociations européennes sur le budget allaient aboutir à un accord. «Il existe de nombreuses solutions possibles, c’est juste une question de volonté politique», a déclaré Viktor Orban. Varsovie et Budapest, principaux bénéficiaires nets des fonds européens, ont beaucoup à perdre.

Côté européen, Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), s’est dit «certain que nous allons avoir un accord. Je suis tout à fait sûr que nous n’allons pas bloquer une chose aussi importante.»

Plusieurs diplomates ont évoqué la possibilité de «redonner des garanties» sur l’impartialité du mécanisme afin d’offrir des gages aux frondeurs, en réaffirmant qu’un État visé pourrait se défendre et saisir la Cour de justice de l’UE. Le plan de relance pourrait sinon faire l’objet d’un accord intergouvernemental excluant les États réfractaires, une option techniquement complexe et «prématurée», mais «qui est sur la table», selon une source européenne.

L’Inde, un partenaire «solide» du Luxembourg

Avant d’échanger avec ses homologues européens, Xavier Bettel a pu mener une visioconférence avec le Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi. Un échange direct entre les chefs de gouvernement des deux pays «n’a plus eu lieu depuis plus de 20 ans», note le Premier ministre luxembourgeois. Il loue «les relations diplomatiques solides» qui existent entre le Grand-Duché et l’Inde. Une ambassade luxembourgeoise est installée depuis 2002 à New Delhi.

Le sommet virtuel de jeudi a surtout porté sur le renforcement des relations commerciales entre les deux pays. «Il importe maintenant de préparer la relance post-Covid», affirme Xavier Bettel. Cette coopération renforcée doit concerner les secteurs financier, spatial et industriel et celui de la recherche.

David Marques (avec AFP)

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