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Pour Akut Luxembourg, «l’intérêt de l’industrie n’est pas la santé»


Jean Huss, le président d‘Akut, et Marielle Hilgert, vice-présidente, militent pour que soit appliqué le principe de précaution en matière de produits chimiques. (photo Didier Sylvestre)

L’ASBL Akut fête cette année ses 30 ans. Trois décennies à se battre contre les polluants environnementaux, qui peuvent être très nocifs pour la santé.

Pollution de l’air, pesticides, métaux lourds, produits chimiques toxiques dans l’alimentation et les biens de consommation, rayonnements électromagnétiques : les polluants sont présents partout dans notre environnement. Or cette exposition permanente, même à une faible dose, n’est pas anodine et peut au contraire avoir des conséquences néfastes sur la santé : troubles immunologiques, allergies, troubles neurologiques ou hormonaux, intolérances sévères aux produits qui contiennent des solvants, altération de l’immunotolérance, dépressions, cancers, troubles cardiovasculaires, fatigue chronique…

Depuis 30 ans, une association au Luxembourg se démène pour informer et sensibiliser le public aux polluants environnementaux et à leurs conséquences, mais aussi pour agir comme groupe de pression politique : Akut (Aktionsgruppe für Umwelttoxikologie ou Groupe d’action pour la toxicologie de l’environnement). C’est en octobre 1991 que l’association voit le jour, fondée par des personnes présentant des maladies liées à l’environnement, dont les problèmes de santé semblaient jusque-là inexplicables.

«Jamais auparavant l’humanité n’a eu un impact aussi négatif sur l‘environnement et les conditions de vie qu’au cours de ces cinquante dernières années. Or les cellules de notre organisme et notre système immunitaire ne sont pas préparés à lutter contre ces types de pollution ni conçus pour le faire. Par conséquent, la prévention environnementale est la meilleure arme contre toutes les maladies liées à l’environnement», rappelle Jean Huss, le président d’Akut. Une action à mener en amont d’autant plus essentielle qu’outre les souffrances éprouvées, la reconnaissance de ces maladies relève aujourd’hui encore du parcours du combattant.

Principe de précaution

Si en trente ans l’ASBL note quelques avancées (notamment le développement de l’agriculture biologique ou la mise sur le marché de produits anciennement toxiques ne présentant plus de danger pour la santé, comme certains colorants par exemple), ces avancées restent assez marginales et les produits chimiques demeurent prédominants.

«Sur un échantillon de 100 000 produits chimiques, 30 000 ont été plus ou moins testés. Ce qui signifie qu’il en reste 70 000 dont on ne sait rien ! Sachant qu’il existe des centaines de milliers de produits chimiques et qu’il y en a des nouveaux tous les jours !» alerte Marielle Hilgert, vice-présidente.

«Il faut appliquer le principe de précaution», répètent donc inlassablement les membres d’Akut. «Ce n’est pas au consommateur de prouver qu’il a été malade à cause de tel produit, mais au producteur de prouver que ce produit n’est pas nocif avant de le mettre sur le marché !»

Amalgames dentaires (lire encadré), pollution de l’air intérieur et pollution électromagnétique sont les batailles actuelles d’Akut dans cette approche de précaution. «Les industries ont leurs intérêts, et ce n’est pas la santé des gens. Leur intérêt, c’est la santé des cours à la Bourse», déplore Jean Huss.

Tatiana Salvan

Non au mercure dans la bouche

Depuis 30 ans, l’ASBL Akut se bat, entre autres, pour l’interdiction du recours aux amalgames dentaires en dentisterie. Les plombages contiennent en effet du mercure, un métal lourd très toxique qui présente des risques pour l’environnement et pour la santé. «L’eau potable ne doit pas contenir plus de 1 microgramme par litre, sans quoi elle ne peut être mise sur le marché. Mais certaines personnes avec des amalgames peuvent avoir 50 à 200 µg de mercure en bouche ! On a relevé chez une personne au Luxembourg ayant beaucoup de plombages 613 µg de mercure ! Cet homme souffrait de graves problèmes au niveau neuropsychiatrique, de la peau et des intestins», témoigne Jean Huss.

Des conséquences lourdes qui ont conduit de nombreux pays à ne plus recourir aux amalgames depuis plusieurs années, notamment la Suède. Mais le Luxembourg, avec un quart de dentistes qui les utilisaient encore en 2012 et des fédérations qui continuent d’en minimiser les risques, fait figure de mauvais élève en la matière et se situe au même niveau que les pays de l’Est en termes d’utilisation des amalgames. «C’est à cause des lobbies, juste pour des raisons économiques, que les plombages ne sont pas interdits ! En les interdisant, les dentistes devront reconnaître qu’ils ont nui à leurs patients pendant un siècle et les industriels vont perdre un marché.»

L’UE devrait interdire les amalgames d’ici 2025. Une avancée certaine qui ne réglera toutefois pas tous les problèmes : de nombreuses personnes continueront à vivre pendant des années avec des plombages au mercure posés avant cette date. «Signalons par ailleurs qu’en incitant les populations d’Afrique ou d’Amérique du Sud à consommer du sucre, il y aura des milliards d’autres personnes avec des caries à qui on pourra poser des amalgames, bon marché soit dit en passant !», s’emporte le président d’Atuk.

T.S

Un commentaire

  1. Dr Tedjar Lamri

    je vous remercie pour l’interet que vous portez à l’environnement en Algérie , c’est recemment avec la nouvelle équipe politique qui a accordé plus d’importance aux associations .Je me bat contre l’utilisation des pesticides , métaux lourds et tout polluants .

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