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«On n’y comprend plus rien»

Il y a quelques semaines, le député ADR Fernand Kartheiser jugeait qu’il était temps pour les réfugiés syriens accueillis par le Luxembourg de partir reconstruire leur pays alors que la guerre contre l’État islamique était gagnée.

Venant d’un ancien diplomate, (auto)proclamé expert en affaires internationales du parti souverainiste, la remarque est cynique.

S’il fait mine d’ignorer que le califat n’est pas vaincu dans sa totalité, il élude surtout les vraies causes d’un conflit qui a contraint des millions de Syriens à l’exil.

L’impitoyable offensive menée par Damas dans la Ghouta rappelle que cette guerre est d’abord celle de Bachar al-Assad contre son peuple. Peuple dont la seule faute a été, le temps d’un printemps, de porter un rêve de liberté.

Depuis 2011, plus de 340 000 Syriens ont perdu la vie, des civils surtout. Cette semaine, le bilan s’alourdit par centaines chaque jour.

Dans le réduit de la Ghouta, jihadistes et ultimes rebelles démocrates mènent une résistance vaine en l’absence de soutiens extérieurs.

Les scénarios du pire se répètent, provoquant une indifférence croissante pour une guerre à laquelle «on ne comprend plus rien», entre offensive turque contre milices kurdes, drones iraniens survolant Israël et sempiternelles querelles meurtrières entre factions rebelles…

Pour la diplomatie européenne, la sortie du conflit passe par «un dialogue politique inclusif», mots aussi vides de sens qu’éloignés pour les Syriens pris sous les bombes.

Il faut être naïf ou hypocrite pour penser qu’Assad va faire place à ceux qu’il massacre avec tant de minutie depuis sept ans.

Paris, dont l’intérêt dans l’affaire syrienne n’est pas qu’humanitaire, va dépêcher son ministre des Affaires étrangères à Téhéran et Moscou pour tenter de convaincre les puissants alliés d’Assad de desserrer l’étreinte et d’ouvrir des négociations sincères.

Pour louable qu’elle puisse être, l’initiative, on le sait déjà, ne sera pas un grand succès.

La guerre en Syrie va continuer et nous n’en avons pas fini avec le cynisme de ceux qui, ici-même, cherchent leur profit électoral dans de stupides déductions sur les réfugiés.

Fabien Grasser

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