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Mondorf : un centre de gestion et de prévention du burn-out


Actuellement au Grand-Duché, on estime que le syndrome du burn-out touche 12% des travailleurs. (Photo: archives lq)

En collaboration avec le Domaine thermal de Mondorf, la sophrologue Anne-Claire Delval a mis sur pied un projet pour gérer et prévenir le burn-out dont le nom est explicite: «la Bulle de repos».

Le burn-out, on en a tous entendu parler ou on a déjà tous regardé une émission qui traitait le sujet. Certains affirmeront même avoir connu un collègue atteint par cette «maladie». Pourtant, le burn-out n’est pas une maladie, mais un syndrome qui touche actuellement 12 % des travailleurs au Luxembourg. Un syndrome destructeur et invisible, ce qui explique peut-être pourquoi, malgré des chiffres alarmants, très peu de personnes en parlent et très peu de structures existent pour extirper de leur spirale négative les personnes éteintes par un burn-out.

Heureusement, de petites initiatives voient le jour au Grand-Duché, comme la «Bulle de repos». Cette dernière propose aux personnes en burn-out, épuisées, surmenées, dépassées ou simplement en manque d’énergie, de passer une semaine de repos au sein du Domaine thermal de Mondorf-les-Bains. L’idée est la suivante : entrer dans une «bulle de repos», avec un programme quasiment fait sur mesure, accompagné par un médecin, un psychologue, un naturopathe, un sophrologue ou encore un coach de vie.

«Le projet consiste à développer un centre de gestion et de prévention du burn-out. L’idée vient de ma rencontre avec Florence Parot, une sophrologue réputée, qui a créé en France un autre centre « Bulle de repos » dédié aux personnes atteintes du syndrome du burn-out. Après en avoir discuté avec la direction du centre thermal, qui a trouvé l’idée intéressante, nous allons pouvoir commencer d’ici la fin juillet», explique Anne-Claire Delval, sophrologue exerçant à Howald et coordinatrice du projet Bulle de repos au Luxembourg.

Tout le monde peut être touché

Attardons-nous sur le burn-out en lui-même. «On parle beaucoup d’épuisement professionnel quand on parle de burn-out. Si effectivement, le syndrome est fortement présent dans la sphère professionnelle, il peut toucher autant des bénévoles extrêmement engagés qu’une mère ou un père de famille. Tout comme une personne mise au placard peut développer une des variantes du burn-out, le brown-out, par manque de motivation», explique Anne-Claire Delval.

La sophrologue souligne également que le syndrome n’a pas de symptômes bien définis : «Ils peuvent être variés : des maux de tête, de ventre, des maladies à répétition, des troubles du sommeil, un comportement qui se modifie… Ce sont autant de signes précurseurs qui peuvent tout aussi bien ne pas être liés avec le syndrome du burn-out. Donc, le cas échéant, on ne pense pas forcément être sur le chemin du burn-out.»

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« Souvent le burn-out touche les individus très motivés, consciencieux, exigeants, qui veulent en faire toujours plus » (Illustration : AFP)

« La personne tombe, purement et simplement »

Bien souvent, cela conduit à l’effondrement, réel et bien visible, comme l’explique Anne-Claire Delval : «L’accumulation de tous ces symptômes mène à la chute : à un moment donné, la personne tombe, purement et simplement. Soit elle ne peut plus sortir de son lit le matin, soit elle n’arrive plus à se lever de sa chaise ou même elle s’écroule dans la rue. Il y a un vrai phénomène physique avec une incapacité à se mouvoir. Pourquoi? Parce que le taux de cortisol de celui qui fait un burn-out frôle le zéro. Autrement dit, il n’y a plus d’essence. Et pour rester sur l’image de la voiture, la panne d’essence n’est pas « visible » : à l’extérieur du véhicule, tout est normal, pas de trace de cet « accident ». Idem pour une personne qui n’a plus de jus : cela ne se voit pas au dehors, c’est comme brûlé de l’intérieur.»

Le burn-out touche souvent les employés les plus motivés

Un phénomène d’autant plus étonnant quand on connaît le profil des personnes en burn-out. «C’est le serpent qui se mord la queue. Souvent le burn-out touche les individus très motivés, consciencieux, exigeants, qui veulent en faire toujours plus. Ce sont généralement des fonceurs qui se donnent sans compter. Ce sont même des moteurs de l’entreprise. Quelque part, ils ont du mal à s’arrêter. Vient pourtant un moment où ils ne parviennent plus à maintenir ce rythme.

"Ce sont généralement des fonceurs, qui se donnent sans compter" (Photo AP).

« Ce sont généralement des fonceurs, qui se donnent sans compter » (Photo AP).

Au lieu de prendre cela comme un signal, ils sont dans le déni, car être fatigué, épuisé, ça ne leur ressemble pas. Ils ont encore envie de toujours faire mieux, toujours faire plus, c’est dans leur mode de fonctionnement. Pourtant, en persistant, ils s’épuisent, n’arrivent plus à être efficaces. Mais encore une fois, on parle du travail au sens large du terme et pas uniquement du travail salarié en entreprise. Cela peut toucher un indépendant, un fonctionnaire, une mère de famille…», explique Anne-Claire Delval.

Pas de formule type

Pour en revenir au concept de la «Bulle de repos», la sophrologue explique vouloir proposer une formule qualitative axée sur la personne et son rétablissement. «Évidemment, il n’y a pas de formule type pour soulager un syndrome de burn-out ou d’épuisement. On souhaite proposer un cadre de repos calme, où il est facile de se reconnecter à la nature, se reposer et prendre du recul. Nous avons donc rassemblé une équipe multidisciplinaire avec plusieurs approches pour soutenir la personne, l’être, dans toutes ses dimensions : physique, psychique, émotionnelle et énergétique. Cela passe, par exemple, par réapprendre à s’alimenter correctement ou encore par être énergétiquement remis en route avec de la réflexologie et des massages», précise Anne-Claire Delval.

Concernant le prix d’un tel séjour, il devrait tourner autour des 2 500 euros pour la semaine. «C’est une somme élevée, j’en suis consciente, même si les conséquences d’un burn-out peuvent coûter bien plus cher. Mais nous discutons avec des assureurs et des mutuelles pour inclure le programme dans leur package assurance santé, comme c’est parfois le cas pour des cures thermales», précise encore Anne-Claire Delval. La sophrologue souhaite parallèlement pouvoir sensibiliser les entreprises au projet et, pourquoi pas, nouer des liens pour que celles-ci soient un peu plus proactives sur le sujet lorsqu’elles constatent un cas de burn-out ou d’épuisement.

Des chiffres alarmants

Le «burn-out», ou l’épuisement professionnel en français, est encore trop souvent vu comme une tendance, une «maladie» du moment, voire à la mode pour les plus cyniques. Pourtant les chiffres sont alarmants. Dans un rapport datant du mois de mars dernier, la Chambre des salariés a estimé que, en 2017, 23 % des travailleurs montraient des signes de risque de burn-out, soit plus de 90 000 personnes. Un chiffre en augmentation de 7 % par rapport à 2015. Selon d’autres sources, 18 % des salariés au Luxembourg avouent avoir fait un burn-out et 12 % seraient actuellement en burn-out. Pire encore, on estime qu’environ 10 % des suicides au Luxembourg seraient imputables au stress ou au harcèlement au travail.

Jeremy Zabatta

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