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Moins de délinquance au Grand-Duché, mais plus de viols


Quelque 1 800 infractions de moins ont été enregistrées en 2016, soit une diminution globale de la délinquance de 4,5 %. Par contre, les viols et les outrages à agent sont, eux, en augmentation. (illustrations Editpress/DR)

Le directeur général adjoint de la police, Donat Donven, et le ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, ont présenté les chiffres de la délinquance 2016, qui connaît une tendance à la baisse. Mais les plaintes pour viols ont augmenté.

La délinquance sur le territoire national est en diminution par rapport à l’année précédente. L’évolution du taux de criminalité sur 100 000 habitants, entre 2012 et 2016, le prouve. Du moins sur le papier.

«Il s’agit d’un calcul réalisé à partir d’une hypothèse, puisque le nombre d’habitants fluctue en permanence, sans oublier les frontaliers et les touristes», nuance cependant le directeur général adjoint de la police grand-ducale, Donat Donven.

Cela étant, une tendance peut néanmoins être dessinée, à savoir que le taux de criminalité sur 100 000 habitants est en baisse depuis 2014 et se trouve au niveau le plus bas, par rapport aux cinq dernières années. Dans ce sens, les forces de l’ordre constatent, dans leur rapport 2016, 6 688 infractions sur 100 000 habitants en 2016, alors qu’elles étaient 7 168 en 2015. Ce qui représente une baisse de l’ordre de 6,7 %, soit une baisse de 480 infractions.

Un taux d’élucidation de 47 %

Par ailleurs, la police relève que la grande catégorie des «infractions contre les biens» constitue la principale source de délinquance commise au Luxembourg. Elle s’avère majoritairement alimentée par les infractions liées aux vols. Par rapport à 2015, on constate, sur ce point, une diminution de 5,3 %.

La catégorie des «infractions contre les personnes» représente 21,4 % de la totalité des infractions. Par rapport à 2015, on constate, là, une diminution de 1,17 %.

Enfin, la catégorie «divers» regroupe, quant à elle, toutes les infractions non explicitées dans les deux autres domaines : elle concerne en grande partie des affaires de stupéfiants. Mais y sont également comprises les infractions contre certaines lois spéciales et règlements communaux, dans des domaines tels que ceux de l’environnement, de la chasse, de la pêche, du contrôle des vivres, de l’ivresse publique, de la police des étrangers, du cabaretage et du tapage nocturne.

En conclusion, le taux policier d’élucidation, pour l’année 2016, aura été de 47 %, en sachant que certaines affaires sont encore en cours.

Claude Damiani

Homicides volontaires et violences diverses

L’année 2016 a été marquée par un assassinat et quatre meurtres. Les statistiques relatives aux homicides volontaires sont, quant à elles, identiques à l’année précédentes, à savoir 5 homicides volontaires. (Seul le facteur de préméditation a évolué, puisqu’en 2015, 3 assassinats et 2 meurtres ont été perpétrés, contre 4 meurtres et 1 assassinat, en 2016). À signaler que ces chiffres traduisent uniquement les faits «accomplis».

Au niveau des coups et blessures volontaires, qui étaient en augmentation permanente jusqu’en 2014, il est à noter que leur tendance est désormais à la baisse, avec un total de 2 851 en 2016 contre 2 939 en 2015.  La violence domestique, elle, a légèrement baissé (789 cas en 2016 contre 802 cas en 2015). Par contre, les expulsions domiciliaires ont augmenté (254 contre 242).

Les plaintes pour viol ont sensiblement augmenté (106 contre 68), alors que les plaintes pour attentat à la pudeur sont passées de 100, en 2015, à 135, en 2016. Enfin, si les rébellions ont baissé (77 cas contre 79), les outrages à agents ont augmenté (215 contre 202).

Les affaires de stups diminuent

Si le nombre d’infractions liées aux stupéfiants est également en (légère) baisse, la lutte contre ce fléau reste l’une des principales priorités de la police grand-ducale.

Tous les prisonniers et ex-prisonniers du centre pénitentiaire de Schrassig vous le diront : la grande majorité d’entre eux sont – ou ont été – incarcérés pour des affaires de drogue. Et ce n’est certainement pas la police grand-ducale qui contredira cette affirmation, car la lutte contre les stupéfiants consiste en l’une de ses missions prioritaires.

Présentation Stup 2016

Distinction entre dealer et consommateur

Si la police explique en permanence s’ «attaquer» en priorité à la source du fléau, c’est-à-dire aux (gros) dealers, elle rappelle que la détention et la consommation de stupéfiants sont bien évidemment interdites par la loi. De quoi gonfler les chiffres des affaires liées aux stupéfiants. Ainsi, en 2016, les quantités de drogue saisies, en collaboration avec l’Administration des douanes, ont été de 22,4 kg de cannabis, 2,6 kg d’héroïne, 1,9 kg de cocaïne, près de 18 000 pilules d’ecstasy et 537 grammes d’amphétamines.

Des chiffres qui traduisent, en 2016, 1 397 saisies (contre 1 588 en 2015) et 234 arrestations (contre 217 en 2015). «Ces saisies se font dans le cadre de flagrants délits opérés par des patrouilles présentes sur le terrain et d’enquêtes menées conjointement avec les autorités judiciaires (NDLR : filatures, écoutes téléphoniques)», ont précisé le ministre Étienne Schneider et la policière Sophie Hoffmann. Les dénonciations, moins courantes, entrent forcément aussi dans ce cadre.

Les points sensibles sont au nombre de trois, selon le ministre Schneider : «Le quartier de la Gare à Luxembourg, où neuf grandes actions coups de poing ont été menées permettant de procéder à des dizaines d’arrestations (en 2016), mais aussi la région Sud et le coin d’Ettelbruck, par où transite la drogue provenant des Pays-Bas, notamment dans les trains.» Rappelons que les aires d’autoroute, dont celle de Capellen, sont également régulièrement contrôlées.

Enfin, police et gouvernement ont tenu à insister sur l’aspect important de la prévention, qu’elle ait lieu dans les écoles, les lycées, ou même auprès des parents de consommateurs.

Des caméras pour uniformes ?

490_0008_14758708_camera_pieton_policeUne pétition revendiquant que les policiers puissent porter des «bodycams» sur leurs uniformes, afin de pouvoir filmer leurs interventions et de disposer de preuves en cas de contestation, a été lancée sur le site de la Chambre des députés.

Cette idée, déjà mise en place ou à l’essai dans certains pays tels que la France (photo), est à l’étude par un groupe de travail de la direction Organisation, Méthode et Emploi de la police grand-ducale, a indiqué le bras droit du directeur général Philippe Schrantz, qui a par ailleurs soulevé la question sensible de la protection des données personnelles, qui nécessiterait forcément une autorisation de la Commission pour la protection des données (CNPD).

La délinquance des réfugiés en question

Les réfugiés et autres demandeurs de protection internationales déboutés, ne doivent pas être stigmatisés outre mesure, a estimé le ministre Étienne Schneider. En effet, bien qu’ils fassent plus ou moins régulièrement les gros titres de l’actualité et se font remarquer de manière négative, le ministre de la Sécurité intérieure s’est voulu catégorique : «Il ne faut pas succomber à la surenchère, car la grande majorité d’entre eux ne sont pas des délinquants. Après, il est sûr qu’une minorité d’entre eux, dont les déboutés du droit d’asile, peuvent se mettre à fonctionner selon une logique du je n’ai plus rien à perdre

Cela étant, le ministre a rappelé les efforts du gouvernement concernant la procédure accélérée de renvoi des déboutés selon la procédure dite de «Dublin». «Ce n’est pas évident, car ces pays-là, (notamment la Grèce et l’Italie) sont déjà au bout de leurs capacités d’accueil. De plus, le ministre a insisté sur la difficulté de renvoyer les ressortissants de pays nord-africains, d’une part parce que leurs pays d’origine se refusent à reprendre leurs ressortissants, d’autre part parce que ces ressortissants ne disposent plus de papiers d’identité et sont, donc, difficilement identifiables.

Nord-Africains et identification

«Mais on travaille sur cette question d’identification des réfugiés; par ailleurs, cette situation est dommageable pour les ‘autres’ réfugiés», qui désirent «réellement» refaire leur vie au Luxembourg, en tant que citoyens tout à fait «normaux», a encore estimé Étienne Schneider.

Dans ce cadre, le ministre a, également, souligné que la collaboration avec l’agence européenne de garde-frontière et de garde-côte Frontex, compétente pour la surveillance des frontières extérieures à l’UE, battait son plein. Luxembourg et Luxembourg Air Ambulance (LAA) mettent à sa disposition un hélicoptère qui participe aux missions «Triton» et «Poseidon», afin notamment d’éviter des cas de noyades de migrants. «L’hélicoptère sera en mission durant deux mois en Grèce, à partir du 15 avril, puis durant cinq mois en Italie, à partir du 1er juin, pour enfin effectuer une autre mission en Grèce de deux mois», a informé Étienne Schneider. Enfin, le ministre a rappelé les efforts entrepris par la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE dans le dossier PNR (données des dossiers passagers), dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

 

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