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L’espace Schengen, une « chance »


Martin Schulz montrant à Jean-Claude Juncker, Xavier Bettel et Maggy Nagel un détail de la colonne des Nations dont chaque étoile figure un pays de l'espace Schengen. (Photo : Hervé Montaigu)

Le village de Schengen, berceau de l’Europe sans frontières, a reçu, samedi, la visite de Jean-Claude Juncker, Martin Schulz et Xavier Bettel venus commémorer un accord tombé dans la banalité de notre quotidien.

Avant 1985, franchir une frontière n’était pas une chose banale, contrairement à aujourd’hui. À l’occasion des 30ans de l’accord de Schengen (14 juin 1985), Xavier Bettel s’est interrogé, samedi matin, sur le fait de savoir si les Européens étaient conscients de vivre dans un espace ouvert.

Depuis 1985, l’accord de Schengen est le synonyme de l’abolition du contrôle des personnes aux frontières intérieures des pays formant ce que l’on appelle aujourd’hui l’espace Schengen. Sans revenir sur les tenants et les aboutissants de cet accord historique dans la construction de l’Union européenne, les plus hautes personnalités de l’Union ont fait le déplacement, samedi matin, pour fêter ce trentième anniversaire sur les bords de la Moselle, à quelques pas du Musée européen.

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, Martin Schulz, président du Parlement européen, le Premier ministre Xavier Bettel, plusieurs ministres du gouvernement, des élus locaux des trois frontières et des élus européens étaient à Schengen, ce petit village de 600 âmes «connu pour ses domaines viticoles et la chaleur humaine de ses habitants», comme aime le souligner Ben Homan, son bourgmestre.

Xavier Bettel est le premier à prendre la parole devant une petite assemblée. Il souligne, en présence de Robert Goebbels, secrétaire d’État aux Affaires étrangères de l’époque, que «personne ne croyait à cet accord, à tel point que les politiques de l’époque n’avaient envoyé que la deuxième garde signer cet accord que l’on nomme maintenant espace.» Il poursuit : «Aujourd’hui, sommes-nous conscients que plusieurs hommes d’État frappent à notre porte pour demander à entrer dans cet espace?»

Le Premier ministre interpelle ensuite l’audience en demandant si les moins de 30 ans réalisent la chance qu’ils ont de vivre dans cet espace : «Essayez de leur expliquer qu’avant, pour aller dans les pays voisins, il était obligatoire de présenter une carte d’identité à la frontière et que pour aller assister à un match de football au-delà de la frontière, il fallait prendre ses précautions pour ne pas arriver deux heures en retard. Essayez de leur faire comprendre que c’était une situation dite « normale ».»

Le symbole d’un projet de solidarité

Xavier Bettel n’est pas dans le faux, aujourd’hui les Européens passent les frontières avec une facilité déconcertante, sans toutefois réaliser le travail et le combat de personnes qui ont mis en œuvre un accord, à l’époque, déconsidéré. L’accord de Schengen est un des faits marquants de la construction européenne, un acte concret, une liberté donnée aux Européens qui, au fil des années, ont tellement intégré cette notion de liberté qu’elle en est devenue comme innée, voire banale.

Martin Schulz, le président du Parlement européen, du même avis, déclare alors sur le ton de l’humour : «Pour que les citoyens européens puissent être conscients de l’accord de Schengen, il faudrait recréer les frontières pendant six mois.»

À quelques jours de la prise de la présidence du Conseil de l’Union européenne par le Luxembourg, Xavier Bettel entend surtout insister sur l’importance du rôle de l’Europe, à l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent pour décrier Bruxelles et reprocher à l’Europe de ne pas fonctionner. «Il est important de défendre le projet de vivre ensemble, un projet de solidarité.

L’espace Schengen en est un des plus beaux symboles. Schengen, ce n’est pas rendre plus faible, mais être plus fort grâce à nos voisins. Il est donc important de comprendre la chance de vivre dans un tel espace. Et quand des gens se plaignent, je leur demanderais d’aller voir comment cela se passe ailleurs où la liberté, le droit au soin, le droit à être défendu ne sont pas la règle.»

Jeremy Zabatta

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