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Maggy Nagel : « La culture comme vecteur d’intégration »


"Je crois qu'il faut passer par les projets pour la jeunesse pour développer l'intégration par la culture", affirme la ministre. (Photo : Hervé Montaigu)

Maggy Nagel, la ministre de la Culture et du Logement, se dit déçue du référendum, mais ravie que la population luxembourgeoise ait autant parlé d’identité culturelle au cours des débats.

Elle défend la langue luxembourgeoise dans les productions culturelles, mais regrette que le public ne soit pas au rendez-vous. À commencer par les Luxembourgeois eux-mêmes.

Comment la ministre de la Culture a-t-elle réagi aux résultats du référendum de dimanche dernier ?

Maggy Nagel : Comme beaucoup, j’ai été déçue parce que l’on a l’impression que le référendum a été utilisé pour s’exprimer sur des sujets qui n’avaient rien à voir avec les questions posées. Nous avons voulu faire participer pour une fois la population, mais il y a eu des hors-sujet.

Je crois que nous ne devons plus interroger la population et avoir tout simplement le courage de prendre nous-mêmes les décisions. J’étais d’avis que les partis politiques ne devaient pas se mêler de la campagne pour laisser les gens décider par eux-mêmes. Il y a eu malheureusement beaucoup de désinformation.

Il a beaucoup été question d’identité dans les débats, donc d’une identité culturelle. Comment la définiriez-vous ?

C’est un des points positifs de toute la discussion qui a précédé ce référendum. Je suis surprise et plutôt enchantée que l’on ait autant parlé de culture dans le pays! Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas parlé d’identité culturelle et elle a pris une importance que j’ai toujours voulu lui donner, car elle peut aider à l’intégration.

Dans cette identité, il y a la langue luxembourgeoise qui me tient à cœur, et c’est une chance, finalement, de poursuivre cette discussion sur ce point-là.

Vous regrettez que les gens ne s’intéressent que très peu à la culture. À quel public pensez-vous ? Aux Luxembourgeois ?

Je ne parle pas seulement des Luxembourgeois, même si seulement la moitié de la population vote, je suis élue pour servir toute la population du pays. Si je prends la loi sur le statut des artistes, on ne parle pas de Luxembourgeois mais de résidents. La culture au Luxembourg, c’est une culture pour tous et pas seulement pour un groupe de personnes.

Quand j’entends dans les discussions que l’identité culturelle luxembourgeoise est menacée, je rappelle que nous avons une grande offre de théâtre en luxembourgeois, le Kasemattentheater propose une belle programmation qui attire malheureusement toujours les mêmes spectateurs, un noyau dur que l’on retrouve à de nombreuses manifestations. Le TOL fait aussi des spectacles en luxembourgeois. Les organisations ont maintenant pour mission d’accorder une place plus importante aux productions en luxembourgeois.

Si l’on parle des conséquences de ce référendum, je crois qu’il faut commencer à convaincre tout d’abord les Luxembourgeois. Je vois que les résidents étrangers sont plus ouverts à la culture luxembourgeoise que les Luxembourgeois eux-mêmes. Nous avons 400 personnes qui travaillent dans le secteur conventionné qui font un énorme travail, qui proposent un programme très étoffé, mais il y a malheureusement peu de participation des Luxembourgeois à ces projets. Les non-Luxembourgeois, eux, sont présents.

Quels sont les projets que vous soutenez dans ce sens ?

Nous avons beaucoup de projets qui sont en route et, [lundi dernier] encore, nous avons présenté la toute nouvelle publication de la collection Les Cahiers didactiques du Cedom : De Litty II. Ce second volume intitulé Vu Spëtzbouwen a Klasseclownen, aborde les thèmes de la satire et du cabaret au Luxembourg, accompagné d’illustrations de l’artiste luxembourgeois Andy Genen.

Certains acteurs du secteur vous reprochent de ne pas être vous-même toujours présente aux manifestations…

Je reçois 40 à 50 invitations par semaine! Il suffit d’aller sur le site culture.lu pour se rendre compte de l’offre culturelle de ce pays et qui est parfois mal organisée. Si je me rends à un événement, alors ceux qui ne me voient pas sont mécontents mais je ne peux pas aller partout!

Il faut que les acteurs culturels travaillent mieux ensemble pour mieux s’organiser. Même dans les communes, nous avons des week-ends où trois sections organisent des événements en même temps. Il faut réussir à mieux combiner les rendez-vous avec le public. Rien que [la] semaine [dernière], j’ai [eu] trois vernissages sur mon agenda.

Geneviève Montaigu

Retrouvez l’intégralité de notre interview dans Le Quotidien papier de ce lundi.

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