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Espagne : Les « indignés » au pouvoir


La joie s'est emparée des «indignés» à Barcelone, après la victoire de leur candidate aux municipales, Ada Colau. (Photo : AFP)

Madrid et Barcelone se dotent de deux nouvelles maires «indignées» : Manuela Carmena et Ada Colau.

Madrid et Barcelone sont passées à gauche, samedi, avec l’élection de l’ancienne juge Manuela Carmena dans la capitale et d’Ada Colau, une militante antiexpulsions, dans la deuxième ville du pays. Avec Valence et Saragosse, quatre grandes villes sont désormais dirigées par des élus issus de plateformes citoyennes ou proches des «indignés» et du parti antilibéral Podemos.

La militante antiexpulsions Ada Colau, 41 ans, a été investie à Barcelone avec 21 voix – celles de sa plateforme et dix votes de partis de gauche – contre dix pour le maire sortant conservateur, Xavier Trias. «Merci à la société civile pour avoir rendu possible l’impossible», a-t-elle lancé, la voix tremblante d’émotion. Dénonçant ceux qui l’accusent d’être une «ingénue», voire une «démagogue», elle a prévenu ses partisans qu’ils devraient «affronter des pouvoirs fortement consolidés en dehors de nos institutions», dans une allusion notamment au pouvoirs économiques et aux lobbies.

Auparavant, Manuela Carmena, ex-magistrate de 71 ans, est devenue la première édile «indignée» élue, avec une majorité absolue de 29 sur 57 voix à Madrid, affirmant, elle aussi, vouloir «changer vraiment la façon de faire de la politique», avec des objectifs clairs. Les deux ont été saluées par des hourras de leurs partisans qui ont scandé «Si se puede!» («Oui, c’est possible»), cri de ralliement des «indignés».

«C’est une petite bataille gagnée. Voir des gens comme ceux-là gouverner nous émeut beaucoup et nous donne de l’espoir», a déclaré avec enthousiasme Concha Alvarez, fonctionnaire du secteur de la santé de 47 ans, lors d’une fête organisée dans un parc au cœur de Madrid où résonnaient des airs des années 80. «Beaucoup de gens ont réagi avec sarcasme. Ils ne croyaient pas qu’une initiative comme celle-ci pouvait marcher», a-t-elle ajouté, en référence à la liste «Ahora Madrid» de Manuela Carmena, formée sur la base d’une plateforme citoyenne, «Ganemos Madrid», et soutenue par le parti de gauche radicale Podemos, devenu troisième force du pays en un an.

Plan de choc contre les inégalités

Manuela Carmena, militante communiste pendant sa jeunesse, prend les rênes de Madrid, bastion de la droite pendant 26 ans, dont 24 entre les mains du Parti populaire. Malgré les appels du PP à faire barrage à la gauche radicale partout dans le pays, Manuela Carmena, arrivée deuxième derrière Esperanza Aguirre du Parti populaire, a été élue grâce aux voix du Parti socialiste qui a accepté de la soutenir au nom du «changement» dans la capitale espagnole meurtrie par la crise et gangrenée par les affaires de corruption.

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a, lui, déploré dans un tweet les «pactes excentriques et sectaires» qui ont empêché des conseillers du PP d’être maires. Les premières décisions de Manuela Carmena s’adresseront en tout cas aux enfants pauvres, pour leur garantir deux repas par jour, et aux personnes menacées d’expulsion de leurs logements.

La ville de trois millions d’habitants, dont le centre historique rénové attire de plus en plus de visiteurs, souffre d’un taux de chômage de 16 % et reste meurtrie par presque six ans de crise. C’est aussi le cas de Barcelone. Un tiers de la population du port sur la Méditerranée de 1,6 million d’habitants à l’architecture moderniste est au bord de l’exclusion sociale.

Ada Colau, élue avec les voix d’indépendantistes catalans d’ERC, des socialistes et du parti antilibéral CUP, entend mettre en œuvre un plan de choc contre les inégalités. La crise puis l’austérité pour redresser les comptes du pays imposée par le gouvernement de Mariano Rajoy depuis son arrivée au pouvoir, fin 2011, ont coûté cher au Parti populaire conservateur.

Globalement, lors des régionales et municipales du 24 mai, le PP a perdu dix points, restant premier avec 27 % des suffrages, mais au coude-à-coude avec les socialistes. Podemos, né en janvier 2014, est troisième, talonné dans les sondages par l’autre nouveau parti de centre-droit, Ciutadanos. Podemos, allié de Syriza en Grèce, va désormais être jugé sur pièce, dans les mairies où il a des conseillers. «Notre objectif principal est de gagner les élections générales», a souligné, tout de go, Pablo Iglesias.

AFP

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