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Le LSAP décidé à reprendre la main


Georges Engel (à g.) et Yves Cruchten ont annoncé hier que le LSAP présenterait début 2022 un paquet global visant à rendre l’imposition plus équitable. (photo Julien Garroy)

Le Parti socialiste compte se repositionner dans les douze mois à venir au sein de la coalition tricolore. Des accents particuliers sont mis sur la lutte contre les inégalités et la crise du logement.

L’histoire est de notre côté.» Georges Engel, le président du groupe parlementaire du LSAP, se met à remonter le fil… rouge du mouvement socialiste. «La crise sanitaire est venue démontrer l’importance de la solidarité et de la cohésion sociale, des valeurs que le LSAP honore depuis toujours», introduit le chef de file du camp socialiste à la Chambre des députés. La défense d’un État-providence fort et un solide système de sécurité sociale seraient deux autres piliers de la politique socialiste. Les récents succès électoraux en Finlande, au Portugal et en Allemagne démontreraient que «la mouvance socialiste, déjà annoncée morte, est encore bien vivante. Plus que jamais, on a besoin de socialistes forts», poursuit Georges Engel.

Le LSAP compte surfer sur cette vague rouge et signer à son tour une percée lors des élections communales et législatives de 2023. «Certains ont gagné plus de cinq points. Nous comptons en faire de même», met en perspective le chef de fraction, entouré mercredi notamment du président du parti, Yves Cruchten, pour présenter les grandes priorités du LSAP en amont de la rentrée parlementaire. Pas question de revenir sur les retraits annoncés des ministres Dan Kersch et Romain Schneider. «Ce sont les contenus qui nous importent», insiste l’élu sudiste. Mais même si l’objet de la conférence de presse de mercredi ne portait pas sur le personnel, le chef de fraction n’a pas pu s’empêcher de souligner la «souveraineté et la compétence» de Paulette Lenert, qui, par rapport à d’autres ministres de la Santé, «est une des seules à avoir bien géré la crise sanitaire».

L’impôt covid reste d’actualité

Cette même crise sanitaire est venue freiner les travaux du gouvernement tricolore formé par le DP, déi gréng et donc le LSAP. Affaibli lors du scrutin de 2018, le camp socialiste est aujourd’hui décidé à se repositionner et à mettre fin aux tergiversations sur plusieurs questions fiscales, dont la réforme de l’impôt foncier, une taxe sur la spéculation immobilière (lire ci-dessous) et aussi l’impôt covid, qui, proposé par le vice-Premier ministre Dan Kersch, a été rapidement rejeté par le partenaire de coalition libéral et plutôt froidement accueilli par les verts. La direction du Parti socialiste n’est cependant pas prête à abandonner cette idée. «La forme pourrait être revue et un tel impôt serait alors intégré dans un paquet global pour rendre l’imposition plus équitable», évoque Yves Cruchten.

Ce paquet doit être présenté début 2022 en marge du débat d’orientation à la Chambre sur la justice fiscale. Le principe est bien connu : les individus et entreprises «aux épaules plus larges» doivent être mis plus largement à contribution que les «épaules moins larges», soit les salariés et ménages aux revenus plus modestes. Même en l’absence de la grande réforme fiscale prévue – mise entre parenthèses par le gouvernement –, le LSAP veut s’attaquer aux inégalités et se dit décidé à endiguer le risque de pauvreté. «Les monoparentaux sont les plus exposés. Il est horrible que le fait d’avoir un enfant soit synonyme de risque de pauvreté», fait remarquer Georges Engel.

L’indexation immédiate des allocations semble acquise

Une première étape sera la réindexation des allocations familiales, prévue au départ pour le 1er janvier 2022. Une tranche indiciaire vient cependant de tomber ce 1er octobre. Rapidement, le LSAP, à l’image d’autres partis, a réclamé que cette revalorisation de 2,5 % soit aussi appliquée aux allocations. Et vraisemblablement, le gouvernement va s’exécuter. «Je m’attends à une annonce allant dans ce sens dans le discours sur l’état de la Nation du Premier ministre», prévu mardi, annonce le chef de fraction du LSAP.

Le Parti socialiste annonce aussi vouloir garder un œil très attentif sur la hausse du prix de l’énergie. «Il nous faut tout faire pour éviter la précarité énergétique», insiste Mars Di Bartolomeo. Des mesures – telle une adaptation de l’allocation de vie chère – devraient être envisagées si les tarifs du gaz, des carburants et de l’électricité continuent à rester aussi élevés, souligne l’élu socialiste chevronné. Mercredi, il ne s’est cependant pas encore avancé davantage, «même si en tant que LSAP, il est de notre devoir de prendre soin des personnes impactées».

David Marques

Taxe sur la spéculation : une décision à court terme ?

Les années passent, le constat reste le même. «La situation sur le marché du logement nécessite des décisions drastiques», clame Georges Engel. Le LSAP continue de miser sur la réforme de l’impôt foncier avec à la clé l’établissement d’un inventaire plus complet des propriétaires de terrains constructibles. La ministre socialiste de l’Intérieur, Taina Bofferding, est en charge de ce dossier complexe «qui ne pourra pas résoudre à lui seul la crise du logement, mais au moins contribuer à une amélioration partielle». Les magnats de l’immobilier, qui font de la «rétention» de terrains, sont visés par cette réforme.

En attendant, un consensus plus large se dégage sur l’introduction d’une taxe sur la spéculation immobilière. Le Premier ministre, Xavier Bettel, pourrait-il faire une annonce allant dans ce sens dès la semaine prochaine, à l’occasion de son grand oral devant la Chambre ? «Il nous reste beaucoup de temps avant la fin de la législature en 2023 pour aboutir à quelque chose de concret. Mais cela ne durera plus aussi longtemps que certains le pensent», affirme Yves Cruchten. Aucune autre précision n’a été donnée mercredi.

D. M.

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