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Le décrochage scolaire, un mal persistant au Grand-Duché


Au Luxembourg, si le multilinguisme est un atout, il est également un «handicap», note la Commission. (photo archives LQ)

Dans un nouveau rapport, la Commission européenne épingle les faiblesses de l’Éducation nationale. Elle met le doigt sur le nombre toujours élevé de décrochages et porte un regard mitigé sur le multilinguisme.

Le deuxième volume du rapport de suivi de l’éducation et de la formation 2016 regroupe les résultats de 28 rapports nationaux.

Au Luxembourg, la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur a encore augmenté (52,3  % en 2015), ce qui place le Grand-Duché au deuxième rang dans l’UE, largement au-dessus de la moyenne européenne (38,7  %). Le constat est le même pour la formation des adultes (18  % contre 10,7  % en moyenne en Europe).

D’un autre côté, entre 2012 et 2015, le taux de jeunes abandonnant leurs études ou leur formation a progressé de 8,1  % à 9,3  %, alors qu’en moyenne le taux de décrocheurs a baissé en Europe. Et entre les jeunes nés à l’étranger et ceux nés dans le pays, l’écart ne cesse de se creuser  : ils étaient 41,7  % «à décrocher» en 2012 parmi ceux nés au Luxembourg contre 55,4  % parmi les étrangers et 48,5  % contre 57,4  % en 2015.

Le redoublement, source de démotivation

En cause, l’enseignement des langues allemande, française et anglaise. Alors que le Luxembourg brille par sa proportion de diplômés dans la population et leur taux d’emploi élevé, celle des élèves ayant des résultats insuffisants en sciences, mathématiques et en lecture se situe au-dessus de la moyenne européenne. Clairement, si le multilinguisme est un atout de l’Éducation nationale, il est également un «handicap» note le rapport.

La Commission note encore que «tous les élèves apprennent deux langues étrangères dans l’enseignement secondaire et le premier cycle. L’enseignement trilingue représente toutefois un défi pour de nombreux élèves et influe sur leur réussite dans les matières scolaires.»

Ainsi, «la probabilité de redoubler est près de 50  % plus élevée pour un élève portugais que pour un élève luxembourgeois aux notes scolaires similaires», constate le rapport, qui rappelle que «le redoublement coûte de l’argent et est source de démotivation des élèves». D’ailleurs, «l’échec scolaire» est l’une des «raisons de l’abandon les plus fréquemment invoquées».

Voilà pourquoi, dans ses conclusions, la Commission européenne appelle le Luxembourg à redoubler d’efforts afin de garantir l’inclusion et l’égalité des chances au sein du système scolaire national et de lutter contre le décrochage.

Interrogé par RTL, vendredi dernier, à propos du rapport de la Commission européenne, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a déclaré que «chaque établissement scolaire devra se doter de stratégies en faveur du maintien scolaire» . Il faudrait également que les enseignants apprennent à mieux reconnaître les «indicateurs» qui suggèrent qu’un élève pourrait être tenté d’interrompre ses études, sa formation.

Dans la même interview, Claude Meisch a annoncé l’envoi sur le terrain de «médiateurs contre le décrochage» , dont la mission consistera à servir d’interlocuteurs à la fois aux élèves et aux parents. Médiateurs dont la fonction pourrait débuter dès la rentrée prochaine et qui auront aussi la tâche d’évaluer si les efforts des «acteurs de l’enseignement» sont suffisants.

Frédéric Braun

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