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Le cancer du col de l’utérus peut être évité


Le LNS réalise plus de 130 000 analyses cytologiques chaque année, et entre 30 000 et 35 000 tests HPV (papillomavirus).

Des programmes de dépistage permettent de détecter précocement les potentiels cancers de l’utérus, désormais minoritaires dans nos pays développés. D’où l’importance d’être suivie.

D’après un rapport du Conseil scientifique de 2019, depuis dix ans, environ 20 nouveaux cas de cancers invasifs du col de l’utérus sont détectés chaque année au Luxembourg. «L’incidence du cancer du col de l’utérus invasif se situe au Luxembourg à la 12e place des tumeurs solides chez la femme», ajoute le Conseil scientifique. Un énorme progrès quand on sait qu’avant les années 60, ce cancer était la cause la plus fréquente de décès par cancer chez les femmes.

Depuis 1962 en effet, un programme national de dépistage a été mis en place au Grand-Duché, dont a la charge le service de cytologie gynécologique du Laboratoire national de santé (LNS). Grâce à ce type de programme, «ce cancer est désormais très minoritaire dans nos pays développés. Lorsqu’il est invasif, c’est généralement chez des femmes qui n’ont pas effectué de frottis pendant de nombreuses années ou qui viennent d’un pays où elles n’ont pas été suivies», explique le Dr Marc Fischer, spécialiste en anatomie pathologique, qui dirige le service de cytologie gynécologique depuis 2005.

Asymptomatique et évolution lente

Le cancer du col utérin est en effet dû à une infection sexuellement transmissible, virale : le virus du papillome humain (VPH ou HPV en anglais), plus connu sous le nom de papillomavirus. Une IST extrêmement fréquente, puisqu’on estime que jusqu’à 80 % de la population sexuellement active sera en contact avec ce virus au cours de sa vie. «Plus on multiplie les rapports avec des partenaires différents, plus les risques de contracter le HPV sont importants», indique le Dr Fischer, dans une logique de probabilité non moralisatrice. Il existe plus de 200 types de HPV, mais seuls 14 sont considérés à haut risque, tout particulièrement les types 16 et 18.

Asymptomatique, l’infection au HPV disparaît spontanément dans 80 à 90 % des cas. Dans le cas contraire, lorsque le virus persiste dans les cellules du tissu du col utérin, il peut soit rester latent, soit entraîner une lésion qui, d’abord bénigne, peut par la suite évoluer vers une lésion cancéreuse. Mais le processus prend du temps : 10 à 15 ans en moyenne.

Au Luxembourg, le dépistage cytologique (des cellules) à partir des frottis est systématique. Les échantillons de frottis sont envoyés au LNS, qui, lorsque des anomalies sont constatées au cours du dépistage cytologique, effectue alors un test HPV afin de vérifier s’il existe une infection par un ou plusieurs des 14 types de papillomavirus à haut risque.

Dépistage et vaccination

Si le test cytologique et le test HPV – que le Dr Fischer souhaiterait simultanés – s’avèrent négatifs, «le prochain dépistage n’est pas nécessaire avant trois ans». En cas de présence de lésions précancéreuses, détectées suffisamment tôt, «le traitement au laser ou une intervention chirurgicale mineure telle que la conisation du col de l’utérus peuvent guérir la maladie et, par conséquent, empêcher le développement d’un cancer grave», rassure le Dr Fischer.

D’où l’importance de continuer à consulter régulièrement son gynécologue, y compris pour les femmes ménopausées et âgées de plus 60 ans, qui peuvent aussi développer un virus contracté dix ans plus tôt.

Pour les plus jeunes, y compris les garçons (voir encadré), qui n’ont pas encore eu de rapports sexuels, la vaccination contre le papillomavirus est recommandée dès l’âge de 13 ans. S’il ne garantit pas une protection à 100 %, le vaccin diminue cependant considérablement le risque d’infection, comme l’explique le Dr Fischer : «Le vaccin protège contre 7 des 14 souches considérées à haut risque. Il est donc très utile, même si le risque zéro n’existe pas.»

Le dépistage régulier reste donc la meilleure arme. Le LNS reçoit pour examen entre 600 et 800 frottis par jour. Pendant les six semaines qu’a duré le premier confinement, ce chiffre était tombé à 50. Mais l’évolution de la maladie étant très lente et le retard ayant été rattrapé par les gynécologues, la crise sanitaire ne devrait pas avoir d’impact sur l’incidence de ce cancer affirme le Dr Fischer.

Tatiana Salvan

Les garçons aussi concernés par le HPV

Le papillomavirus, à l’origine du cancer du col de l’utérus, est une infection sexuellement transmissible que les garçons sont susceptibles de transmettre mais aussi d’attraper. Si les cancers de la verge dus au HPV demeurent rares, le virus peut toutefois causer des cancers anaux et est désormais le premier facteur de cancer œsopharyngien, devançant la traditionnelle cause «alcoolo-tabagisme». Vacciner les garçons contre le papillomavirus est donc recommandé.

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