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La perspective d’1,2 million d’habitants au Luxembourg fait débat


Les prévisions chiffrées servaient base tablaient plutôt sur un Luxembourg à 800 000 habitants. (illustration Editpress)

Le débat sur l’état de la Nation attendra que l’avalanche de chiffres soit passée. Une occasion pour le CSV d’affronter Pierre Gramegna et de douter de ses calculs dans la perspective d’un pays à 1,2 million d’habitants.

C’est un peu lourd comme exercice. Mercredi, pour la première fois, les députés n’ont pas pris la parole immédiatement après le discours sur l’état de la Nation. En premier lieu, deux autres ministres sont montés à la tribune. D’abord le ministre des Finances, Pierre Gramegna, pour exposer le programme de stabilité et de croissance (PSC) et ensuite le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, pour le programme national de réforme (PNR).

Une matinée réservée aux chiffres que l’opposition a eu le loisir d’étudier, puisqu’ils ont été présentés en commission parlementaire lundi. En écho au Premier ministre, Pierre Gramegna a rappelé la bonne santé financière du pays, la dette stabilisée à 23 % du PIB et les bonnes prévisions de croissance.

Système de retraite et de sécurité sociale en « danger »

Mais Claude Wiseler en a assez d’entendre que ce gouvernement est parvenu à assainir les finances publiques et à stopper la spirale de l’endettement. Selon son analyse, qui se base d’ailleurs sur les chiffres livrés par Pierre Gramegna, la dette augmente au contraire et le déficit se creuse. « La dette se stabilise à 23 % pendant cinq ans, bien en dessous des 30 % que le gouvernement s’était fixés », répète inlassablement Pierre Gramegna pour qui c’est le résultat final qui compte.

Pierre Gramegna, qui n’a pas pour habitude d’interrompre les députés, a pris cette liberté hier pour corriger à plusieurs reprises Claude Wiseler, qui dressait un sombre tableau des perspectives financières du pays. Reprenant à son compte l’analyse de la Banque centrale du Luxembourg relative au projet de budget 2016, il a notamment pointé le manque de rigueur du gouvernement, qui travaille sur une perspective de 1,2 million d’habitants d’ici 2060, alors que les prévisions chiffrées sur lesquelles il se base tablaient sur un Luxembourg à 800 000 habitants. « Ce n’est plus la même chose et dans ce cas, il y a danger pour notre système de retraite et de sécurité sociale », prévient Claude Wiseler.

Sans parler du fait, toujours selon Claude Wiseler, « que les infrastructures dans tous les domaines devront être doublées! », déclare-t-il.

Une réforme sans détails chiffrés

Néanmoins, les chiffres contenus dans le PSC n’ont rien d’alarmant. La croissance du PIB est arrêtée à 4,8 % pour 2015, estimée à 2,9 % pour 2016, 4,5 % pour 2017, 4,9 % pour 2018, 3,5 % pour 2019, et 2,3 % pour 2020. Soit une croissance annuelle moyenne de +3,5 % entre 2016 et 2020. Une bonne perspective en comparaison avec le reste de l’Europe, mais qui reste en dessous du taux de croissance historique moyen du pays.

La croissance de l’emploi se situe à 2,9 % en 2016, 2,4 % pour 2017, 3,3 % en 2018, 3,2 % en 2019, et 2,2 % en 2020.

En revanche, il faut noter une évolution de la productivité plutôt faible, avec une moyenne annuelle de +0,74 % entre 2016 et 2020. Quant au taux de chômage, la tendance est à la baisse jusque 2019, pour remonter de 5 % en 2019 à 5,7 % en 2020. L’inflation, elle, se situe à 0,2 % en 2016, et atteindra les 2 % en 2020.

Toutes ces prévisions, couplées à une maîtrise des dépenses permettent donc d’introduire une réforme fiscale avantageuse, aussi bien pour les ménages que pour les entreprises. Une réforme qui aura un impact budgétaire de 373 millions d’euros en 2017 pour atteindre 524 millions d’euros en 2020, selon le ministre des Finances. Mais là encore, Claude Wiseler ne comprend pas comment le gouvernement parvient à chiffrer le coût global de la réforme, alors qu’il se dit dans l’incapacité de chiffrer individuellement chacune des mesures prises. Dans le même ordre d’idées, il ignore comment le gouvernement peut déjà estimer les recettes qu’il tirera de la lutte contre la fraude fiscale…

Geneviève Montaigu

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