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« La pandémie n’a fait qu’exacerber en termes de violences le vécu des plus vulnérables »


La pandémie a davantage fragilisé la santé sexuelle et affective des personnes déjà vulnérables, ont relevé les chargées de projets du Cesas. (photo Fabrizio Pizzolante)

Parce que la santé affective et sexuelle est indispensable au bien-être de chaque personne, le Centre national de référence pour la promotion de la santé affective et sexuelle (Cesas) veille à en faire la promotion via ses multiples missions mais aussi via la mise en réseau des différents acteurs.

Le  Cesas a fait sa rentrée mercredi. L’occasion de présenter au sein du Planning familial à Luxembourg ses missions en matière de sensibilisation à une bonne santé dans ce domaine mais aussi de partager les premières constatations concernant les répercussions de la crise sanitaire actuelle sur les personnes vulnérables, crise qui a également eu un impact sur les activités du Cesas durant le premier semestre 2020. En effet, « la pandémie de coronavirus n’a fait qu’exacerber en termes de violences le vécu des personnes vulnérables : les femmes, les enfants, les personnes LGBTQ+, les demandeurs de protection internationale, les sans-abri… », annonce tout de go Viviane Lima, chargée de projets au sein du pôle Violences du Cesas.

Risque accru d’isolement, impossibilité de se réfugier auprès de proches ou dans des structures et difficultés d’accès aux soins médico-psychologiques sont allés de pair avec une promiscuité de fait plus importante entre les victimes et leur bourreau durant la période de confinement.

Augmentation des violences domestiques
Si, comme souvent, les chiffres manquent au Luxembourg, des tendances se dessinent toutefois en termes de violences domestiques grâce aux enquêtes menées au niveau européen. Le nombre d’appels auprès des lignes d’écoute et des dépôts de plainte ont ainsi permis de constater une augmentation de 30% de ces violences.

Deux autres observations qui mettent en danger les mineurs ont également pu être faites durant cette période : l’isolement a conduit les plus jeunes à pratiquer davantage le sexting (l’échange de messages ou photos à caractère sexuel) et la consommation (utilisation et échange) de matériel pédopornographique – «de contenus d’abus sexuels sur mineurs» pour être plus exact – a elle aussi augmenté.

«Habituellement, le parquet luxembourgeois examine 30 à 40 dossiers à ce sujet par an. Cette année, au mois de juin, on était déjà à plus de 70 », fait savoir Viviane Lima, rappelant la grosse opération de perquisition menée contre 46 pédophiles cet été.

Une approche holistique
La prévention des abus sexuels commis à l’encontre des enfants fait partie des priorités du pôle Violences du Cesas, qui prévoit à cet égard de publier une brochure sur les droits de l’enfant mais aussi d’organiser des rencontres avec les différents acteurs du terrain « afin de dégager des pistes communes de travail, notamment concernant l’amélioration du parcours de soins des victimes », indique la chargée de projets.

Le réseau et les échanges d’informations sont en effet indispensables pour une approche efficace et holistique de la santé affective et sexuelle. Le Cesas vient justement de publier la troisième édition de la brochure Réseau du Cesas . Également téléchargeable sur le site du Cesas, cette brochure référence pas moins de 107 entrées regroupées en 15 catégories : «Hypersexualisation», «Violences liées au genre, violences et abus sexuels», «Cancers», «Travail du sexe», «Parentalité», «Égalité des chances entre les hommes et les femmes»… Une véritable bible qui recense les acteurs, associations et institutions en matière de santé affective et sexuelle du Grand-Duché, à destination tant du grand public que des professionnels désireux d’orienter leurs patients vers les services spécialisés adéquats.

Des formations pour tous
Mais « parler de santé affective et sexuelle, ce n’est pas seulement parler des organes génitaux et des problèmes ou des maladies », comme le rappelle Christa Brömmel, coordinatrice au sein du Cesas. Aussi, après une mise entre parenthèses des formations du fait de la pandémie, le Centre va reprendre les activités de sensibilisation.

Afin de répondre à la demande, une formation en ligne pour les professionnels du secteur socio-éducatif va ainsi présenter la sexualité des enfants, « en enlevant bien sûr nos lunettes d’adultes ». « Aborder la santé affective et sexuelle de manière adaptée à chaque âge permet de prévenir les abus sexuels et les stéréotypes de genre notamment qui enferment les individus dans des cases », rappelle Christa Brömmel. Un travail de fond essentiel pour faire bouger les lignes dans la société en matière de bonne santé sexuelle et affective et de mieux-être.

Par ailleurs, du 7 au 13 décembre, le Cesas organisera la deuxième édition de la Semaine de sensibilisation à la santé affective et sexuelle, qui proposera à toutes et tous diverses formations, événements et ateliers en français, luxembourgeois et allemand.

Tatiana Salvan

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