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La génération (pas) Net

Si vous avez la trentaine ou plus, vous êtes des rescapés. Votre enfance a été préservée du cyberharcèlement.

Car à votre époque, quand on parlait de photos compromettantes, on pensait surtout à une coupe de cheveux ratée sur la photo de classe. Tout le monde n’avait pas un appareil photo dans la poche pour jouer aux paparazzis.

Propager des sales rumeurs était plutôt risqué : petits papiers glissés à la barbe du professeur, graffitis dans les toilettes, bouche à oreille… Du harcèlement scolaire? Il y en a toujours eu. Mais il restait surtout cantonné aux murs de l’école. Et changer d’école permettait de tourner la page.

Aujourd’hui, les petits chefs et les lâches de tout poil vivent une époque bénite. Big Brother leur a fait don d’un pouvoir dévastateur, aussi simple d’usage que de presser la détente d’un fusil. Le cyberharcèlement est la nouvelle arme des haineux. Leurs munitions sont des balles à fragmentation, propageant leur haine sur les réseaux sociaux. Leur silencieux est l’anonymat.

Chacune de leurs insultes, menaces et humiliations peut laisser des cicatrices à vie, gravées dans le marbre numérique. Rentrer à la maison ou changer d’école ne permet plus de se couper de ses harceleurs, qui sévissent 24 heures sur 24, sans frontières. Fuir ces réseaux revient à s’isoler davantage, version 2.0 du vilain petit canard.

Les parents sont forcément dépassés, eux qui ne comprennent pas la moitié de ce qui se trame sur Facebook, Snapchat, Twitter, Instagram, Youtube, WhatsApp, Pinterest, Viber, etc.

Bien sûr, les enfants d’aujourd’hui ne sont pas idiots. La plupart savent échapper aux pièges de ces réseaux, et même en tirer profit. Car, heureusement, on y trouve de formidables opportunités de rencontre, de création, de partage. Mais il est indéniable que ces réseaux démultiplient les possibilités de harcèlement.

Demandez à un ado. Il n’est pas nécessaire d’explorer le darknet pour tomber sur les pires cruautés. Tout est là, à portée de clic. Contre cela, les antivirus, les contrôles parentaux, les filtres ne peuvent rien. Quant à la loi, elle peine à se mettre à la page. Pour cette génération de cyberharcelés, seuls l’éducation et l’amour de leurs proches peuvent sauver.

Romain Van Dyck

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