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Greffes : 61 patients en attente au Luxembourg


Le ministère, les associations et les médecins doivent encore faire d'importants efforts de sensibilisation pour encourager le don d'organes (Illustration : AFP).

Même si Luxembourg Transplant constate une évolution positive, le nombre de donneurs reste marginal. La situation est qualifiée d’«alarmante».

Le don d’organes reste une «thématique complexe». Jorge de Sousa, coordinateur national principal pour le prélèvement d’organes, en est conscient. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et la distribution par milliers des «Passeports de vie» (lire par ailleurs), le Luxembourg continue à figurer parmi les pays européens qui comptent le moins de donneurs effectifs. «Mais il n’est pas très juste de dire que nos chiffres ne sont pas bons. On constate que la volonté de devenir donneur ne cesse d’augmenter», tient à souligner Jorge de Sousa.

Comme dans bon nombre d’autres cas, la taille réduite du Grand-Duché nécessite de relativiser les choses. Mais en même temps, il ne faut pas oublier que le don d’organes est un «acte de générosité qui peut sauver des vies», comme l’a souligné le ministère de la Santé à l’occasion de la journée mondiale du Don d’organes, fixée au 17 octobre. «Malgré d’importants progrès au niveau de la prévention de certaines maladies, le recours à des greffons humains reste dans de nombreuses situations le seul moyen de permettre la survie des patients», ajoute le ministère.

Des dons multi-organes

Luxembourg Transplant, l’association qui coordonne les activités de prélèvement d’organes au Grand-Duché, en est pleinement conscient. «Avec une population dont la longévité ne cesse d’augmenter, les donneurs potentiels deviennent aussi plus âgés. Du coup, les contre-indications médicales augmentent», précise Jorge de Sousa. Le coordinateur national pour les dons d’organes cite les chiffres pour 2019 : «Jusqu’à début octobre, on a enregistré 14 donneurs potentiels. Le don a pu être effectué auprès de quatre personnes. Sur les dix restants, sept donneurs ont fait l’objet de contre-indications médicales.»
Les quatre donneurs effectifs ont pu fournir six reins, trois cœurs, trois foies, deux pancréas, deux poumons et huit tissus humains. En 2017, neuf donneurs effectifs ont été enregistrés. En 2018, sept donneurs ont été dénombrés. Malgré des progrès, il s’agit d’une «situation alarmante», selon le ministère de la Santé, mais qui est aussi très complexe.

En principe, chaque résident est un donneur présumé. «La législation est assez stricte», constate aussi Jorge de Sousa. Mais le nombre de refus enregistrés de la part de la famille du donneur potentiel reste important. À ce sujet, le coordinateur national refuse les critiques sur la façon de procéder de son association. «Il est faux de nous reprocher qu’on demande d’abord une autorisation à la famille du donneur potentiel. Nos coordinateurs informent sur la loi avant de lancer la procédure. Or si la famille dit stop, on n’a pas d’autre choix que de croire que la volonté du patient a été celle de ne pas donner ses organes. Il s’agit d’une situation très sensible», explique Jorge de Sousa.

Le Luxembourg dispose depuis décembre 1982 d’une loi spécifique sur le prélèvement d’organes et de tissus humains. Selon ce texte, chaque résident du pays est un donneur présumé. «Les organes et tissus peuvent être prélevés après le décès de toute personne ayant eu son dernier domicile légal au Luxembourg et n’ayant pas, de son vivant, fait connaître, par écrit, son refus à un tel prélèvement», précise Luxembourg Transplant sur son site internet. Il s’agit donc d’une présomption de solidarité. Sur le terrain, le don d’organes se révèle cependant être compliqué. Même si Luxembourg Transplant constate une évolution positive, de nombreuses familles refusent encore le don.

Grand espoir placé dans le DSP

Le grand espoir de Luxembourg Transplant est de voir la question du don d’organes être intégrée au dossier de soins partagé (DSP). Toujours en phase de test, ce dossier électronique doit à terme renseigner sur l’ensemble des traitements médicaux du patient. «Depuis trois ans, on insiste pour que la question du don d’organes devienne obligatoire. Sans choix, le DSP ne pourrait pas être validé», détaille Jorge de Sousa. L’association bénéficie sur ce point du plein soutien du ministère de la Santé. «Or il se pose aussi des questions sur la protection des données», concède notre interlocuteur. En attendant, 61 patients résidant au Luxembourg sont en attente d’une greffe. Ils figurent parmi les plus de 14 000 inscrits sur la liste d’attente d’Eurotransplant.

David Marques

Chacun est donneur présumé

transplant 2

Le Luxembourg dispose depuis décembre 1982 d’une loi spécifique sur le prélèvement d’organes et de tissus humains. Selon ce texte, chaque résident du pays est un donneur présumé. «Les organes et tissus peuvent être prélevés après le décès de toute personne ayant eu son dernier domicile légal au Luxembourg et n’ayant pas, de son vivant, fait connaître, par écrit, son refus à un tel prélèvement», précise Luxembourg Transplant sur son site internet. Il s’agit donc d’une présomption de solidarité.
Sur le terrain, le don d’organes se révèle cependant être compliqué. Même si Luxembourg Transplant constate une évolution positive, de nombreuses familles refusent encore le don.

Eurotransplant en bref

(Infographie : Editpress).

(Infographie : Eurostransplant).

Basé aux Pays-Bas, Eurotransplant est une fondation internationale qui assure la répartition et l’attribution de greffons pour un total de huit pays européens. Il s’agit des pays du Benelux, de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Hongrie, de la Slovénie et de la Croatie. Eurotransplant couvre une zone de 136,7 millions d’habitants.

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