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Google à Bissen : l’opposition s’interroge


En juin dernier au Danemark, Google a procédé de la même façon qu'à Bissen en achetant un terrain de 78 hectares afin de garder des options dans l'optique d'étendre ses activités en Europe. (illustration AP)

Considérée comme un succès par le gouvernement, l’acquisition d’un terrain à Bissen par le géant du numérique marque le début des problèmes et des interrogations.

Lundi en fin de journée, le Premier ministre, Xavier Bettel, et le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, étaient tout sourire en commentant la décision de Google de se porter acquéreur de 33,7 hectares de terrain à Bissen. Une décision jugée comme étant un premier succès pour le gouvernement dans un long processus qui aboutira, peut-être, à l’installation d’un centre de données du géant américain de l’internet, un investissement d’un milliard d’euros.

Pourtant, le plus dur reste à venir et de nombreuses interrogations commencent à émerger. Des questions qui restent sans réponse et qui commencent à agacer, notamment du côté de l’opposition. Mardi, les députés CSV Diane Adehm et Gilles Roth ont déposé une question parlementaire «urgente» afin d’éclaircir certains termes vagues de la communication de Google. La firme a affirmé dans son communiqué rédigé en anglais avoir «bloqué» l’acquisition d’un terrain à Bissen. Les deux députés demandent logiquement à l’État, qui a joué le rôle de «facilitateur» dans cette opération, ce qui se cache derrière le terme «bloqué».

Frustration et silence des écologistes

«Nos questions sont finalement assez simples, nous explique Diane Adehm. On souhaite savoir s’il y a une option d’achat sur les terrains en question ou bien si Google est aujourd’hui propriétaire, s’il existe un délai pour la société américaine afin de viabiliser les terrains, ou encore ce que deviendront les terrains si Google décide de ne rien en faire. Là encore, l’État dispose-t-il d’un droit de préemption en cas de revente ? C’est une multitude de questions que nous jugeons importantes et urgentes, un caractère que refuse d’attribuer le président de la Chambre des députés. Sans remettre en cause le modèle d’affaires de Google, les questions portent sur des terrains du territoire luxembourgeois.»

La député désespère d’avoir une réponse à sa question parlementaire avant un mois. Il faut dire que depuis le mois de juillet dernier, plusieurs questions parlementaires sur le sujet ont été envoyées. Elles concernaient des précisions portant sur la modification, le cas échéant, du PAP et du PAG de la commune de Bissen ou encore sur les diverses autorisations nécessaires afin de bâtir un tel projet, sans parler des études sur le plan environnemental comme le prévoit la législation luxembourgeoise. Mais dans chaque réponse, tant Étienne Schneider que Xavier Bettel restent très succincts et ne répondent pas vraiment aux interrogations adressées.

«C’est assez frustrant de ne pas avoir de réponse», a souligné Diane Adehm, avant de s’interroger sur le silence du Mouvement écologique : «On parle ici de terres arables, donc il faudra une étude sur l’impact environnemental. Là aussi, nous n’avons pas de réponse et je n’ai pas entendu M. Gira ou encore Mme Dieschbourg sur la question, ni même le Mouvement écologique, alors qu’il en fut tout autrement il y a quelques années quand il fallait trouver des terrains à la coopérative agricole luxembourgeoise De Verband, qui est maintenant en Allemagne à Perl.» L’opposition se demande également si l’État fournit le même effort pour «faciliter» la recherche de terrains pour des entreprises luxembourgeoises.

La concurrence danoise

De son côté, Google va prendre le temps de la réflexion et étudier toutes les options. Il faut dire que la firme américaine n’en manque pas dans la mesure où plusieurs pays déroulent le tapis rouge pour accueillir ce projet à un milliard d’euros.

D’ailleurs, des pays très portés sur l’énergie verte comme l’Autriche et le Danemark seraient encore dans la course avec peut-être un avantage au pays nordique. En effet, Google a acheté en juin dernier un terrain de 78 hectares au Danemark, juste à côté d’Aabenraa où Apple est en train de construire un centre de données. Facebook a également coché le Danemark pour y construire son troisième centre de données hors des États-Unis. Le pays nordique a l’ambition de développer les énergies renouvelables jusqu’à atteindre les 100 % d’ici 2050. Un élément qui séduit les géants de l’internet, en plus du climat frais pouvant refroidir les installations, des coûts attractifs de l’énergie et de la facilité de son approvisionnement.

Pas certain que le Grand-Duché arrive à rivaliser avec le Danemark, notamment en matière d’infrastructures d’approvisionnement en énergie.

Jeremy Zabatta

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