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Der Spiegel tente de « discréditer » le Luxembourg, dénonce Schneider


Un dossier de 4 pages sur le «principe du Luxembourg», publié samedi par Der Spiegel, attaque le pays.

L’hebdomadaire d’investigation allemand a publié samedi un dossier sur les connivences et potentiels conflits d’intérêts de hauts fonctionnaires, également membres de conseils d’administration d’entreprises.

Le nom du vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, est mentionné par l’hebdomadaire pour avoir mené différents mandats d’administrateur et fonctions, entre autres au sein d’Enovos, alors qu’il était encore premier conseiller de gouvernement de l’ancien ministre Jeannot Krecké. Sur les ondes de RTL, Étienne Schneider a évoqué une nouvelle tentative de «discréditation» du Luxembourg.

Le dossier en question est paru dans l’édition de samedi de l’influent hebdomadaire allemand Der Spiegel, sur quatre pages. Réalisé par les journalistes Christoph Pauly, Markus Becker et Peter Müller, il présente le Luxembourg comme étant un pays dans lequel «les fonctionnaires peuvent devenir riches grâce à des fonctions exercées dans les milieux économiques.»

Une proximité avec les milieux économiques et industriels, qui ferait s’élever certaines voix, aussi bien en Europe qu’au Luxembourg même, selon le magazine qui cite par ailleurs certains critiques qui font état d’«une kleptocratie institutionnalisée.» Et quand on sait à quel point le terme est péjoratif, car désignant «un système politique où une ou des personnes à la tête d’un pays pratiquant à une très grande échelle la corruption»… Le titre du dossier, lui, est également sans équivoque : «Das Luxemburg-Prinzip» (NDLR : traduisible par «le principe du Luxembourg» ou «la ligne directrice du Luxembourg»).

Et la personne de l’actuel ministre de l’Économie, Étienne Schneider, occupe une large place dans le dossier publié. Der Spiegel explique en effet qu’Étienne Schneider, alors encore premier conseiller de gouvernement sous Jeannot Krecké, «était en charge de questions énergétiques et occupait en même temps de lucratives fonctions au sein (des conseils d’administration) des plus importants fournisseurs d’énergie du pays».

«Der Spiegel fait pression sur Juncker»

L’hebdomadaire allemand y présente notamment le vice-Premier ministre comme un grand amateur de voitures de luxe, photo à l’appui. «En privé, le ministre a une préférence pour Rolls-Royce», relate Der Spiegel, qui fait également état d’une «Corniche-Cabriolet, d’une Porsche 911 de 1968 et d’une MGB GT V8», stationnées dans le garage privé du ministre. Pour le principal intéressé, il s’agit là d’une fausse polémique, «destinée à discréditer le Grand-Duché» et «à faire pression sur le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui sera auditionné (jeudi) par la commission spéciale TAXE du Parlement européen au sujet de l’affaire LuxLeaks».
Posant sans complexe en page 62 du magazine allemand aux côtés de sa Rolls-Royce et de sa Porsche 911 (photo), le ministre se défend en affirmant que «créer des réseaux (entre hauts fonctionnaires et grandes entreprises) est un avantage».

Cela étant, l’hebdomadaire allemand affirme que le fait d’être membre du conseil d’administration d’une entreprise comme Enovos, à l’instar d’Étienne Schneider, alors qu’il était haut fonctionnaire, permet de mettre pas mal de beurre dans les épinards. «Un membre du conseil d’administration d’Enovos International touchait en moyenne, en 2011 et selon les chiffres du rapport d’activités de l’entreprise, 34 000 euros», relate Der Spiegel.

L’actuel ministre de l’Économie n’est pas le seul visé, l’hebdomadaire évoquant «150 hauts fonctionnaires qui peuvent, à côté de leur véritable travail, exercer partiellement d’autres fonctions très lucratives en ayant des parts dans des sociétés de capitaux». Dont l’actuel Premier ministre, qui, en 2010, était entré dans le CA de CLT-UFA.

Pour Étienne Schneider, enfin, «le système» existe également dans d’autres pays tel que la France et il n’y aurait vraiment pas de quoi être scandalisé. Der Spiegel conclut, pour sa part, que ni Jean-Claude Juncker, ni Xavier Bettel, ne souhaitent rompre avec «ce système».

Claude Damiani

 

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