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Couples lesbiens : le problème récurrent de la filiation


Mylène Porta : «Pas une situation ne ressemble à une autre.»

L’équipe du Cigale LGBTIQ+ aiguille de plus en plus de couples lesbiens dans leurs démarches liées à la parentalité.

Chargée de formation et d’entretien au centre LGBTIQ+ Cigale depuis un an, Mylène Porta reçoit de plus en plus de demandes de la part de couples lesbiens sur le thème de la famille :

«Depuis trois ou quatre mois, les demandes augmentent fortement. Les couples se posent beaucoup de questions sur les processus de PMA, la filiation, la reconnaissance professionnelle et sociale des deux mamans, l’arrivée de l’enfant dans les meilleures conditions possibles, etc. D’où l’idée de créer un groupe de soutien (lire ci-dessous) afin qu’elles puissent échanger avec d’autres, qui partagent les mêmes réalités où qui sont passées par là», explique-t-elle.

Parmi les problèmes récurrents, figure la non-reconnaissance automatique de la coparente à la naissance, une importante source d’angoisse et d’insécurité, mais aussi des complications liées au cadre légal en vigueur dans le pays d’origine de la deuxième maman, pour les couples binationaux, car c’est celui qui prévaut. Face à ces imbroglios juridiques, le centre LGBTIQ+ Cigale s’apprête à ouvrir une permanence avec un avocat, afin d’étudier les cas particuliers.

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Des violences structurelles

Il y a aussi tout un volet accompagnement socio-pédagogique, alors que le coming out en tant que lesbienne reste encore difficile au Luxembourg en 2022 : «J’ai assisté à des drames familiaux, même si c’est la minorité. On a besoin de temps pour se reconnaître et s’accepter, tout comme l’entourage», rappelle la professionnelle, insistant sur le fait qu’il s’agit d’un processus complexe au terme duquel il faut affronter la réalité des choses.

«Non seulement les lesbiennes n’ont pas les mêmes droits, mais elles sont aussi confrontées à des violences structurelles», poursuit-elle, listant quelques exemples entendus en entretien.

«Les démarches juridiques pour faire reconnaître la maman qui n’a pas porté l’enfant peuvent prendre des mois : imaginez l’angoisse de ne pas être reconnue comme mère de votre enfant, notamment en cas de complication de la vie», souligne la formatrice.

Une période durant laquelle ces mères ne peuvent prétendre à aucun congé – maternité, parental ou enfant malade.

Parmi les violences, Mylène Porta cite aussi certains gestes gynécologiques, parfois très mal vécus, par manque d’empathie de la part des praticiens. Ou ce couple, qui s’est vu refuser la participation à un cours d’accouchement à cause de son orientation sexuelle. Sans oublier les documents administratifs qui mentionne madame/monsieur ou père/mère.

«Au quotidien, bien qu’il y ait des avancées, notre monde reste hétéronormatif. Et même quand il y a une volonté d’ouverture, les représentations sont très stéréotypées», soupire-t-elle.

L-Moms : un nouveau groupe pour mamans

Un tout nouveau groupe de soutien sera lancé demain sous l’impulsion du Cigale, à l’intention des mamans ou futures mamans en couple lesbien ou célibataire. Le but : échanger sur les expériences de chacune, partager les informations utiles pour les enfants, les parents, faire avancer les droits des lesbiennes au Luxembourg, mais aussi simplement se rencontrer.

Anglais/français. Participation gratuite. La première réunion du groupe aura lieu demain à 18 h 30 au Cigale, 16 rue Notre-Dame à Luxembourg.

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