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Constitution : déi Lénk opte désormais pour un «préférendum»


Déi Lénk avait envoyé un quatuor au front, vendredi : André Hoffmann, Nathalie Oberweis, Marc Baum et Carole Thoma. (Photo : Didier Sylvestre)

Le parti d’opposition souhaite remettre à plat la révision de la Constitution. Un vaste débat public devrait être relancé sur le contenu de la nouvelle loi suprême avec à la clé un «préférendum» à trois questions.

Un «bourbier» sans nom, un «spectacle politico-politicien indigne» et une «démagogie plus effrontée que jamais». Déi Lénk a prononcé des mots très durs, vendredi, lors d’une conférence de presse venue fustiger la teneur de l’actuel débat sur la révision de la Constitution. L’ADR et le CSV ont fait l’objet des plus lourdes critiques. Le Parti pirate n’a pas été épargné. Et les partis de la majorité (DP, LSAP, déi gréng) en ont également pris pour leur grade.

La Gauche se présente désormais dans un rôle de sage afin de remettre les choses à plat. Leur proposition : l’organisation d’un «préférendum» visant à redonner la parole aux citoyens avant de doter le Luxembourg d’une nouvelle loi suprême.

À la base du mal actuel se trouverait la «rupture de la promesse» des quatre grands partis sur la tenue d’un référendum sur la réforme de la Constitution. Le CSV et sa «double volte-face» est, aux yeux de l’ancien député Marc Baum, «le principal responsable du bourbier dans lequel s’est enlisé le débat». Le «marchandage» conclu entre le Parti chrétien-social et la majorité tricolore ferait que «le débat sur la Constitution est devenu la victime d’un spectacle politico-politicien indigne».

«L’ADR essaie de tirer profit de cette situation»

Pour rappel : après s’être accordé sur une réforme intégrale de la Constitution, le CSV a lâché le DP, le LSAP et déi gréng. Le compromis trouvé est un «simple toilettage, qui manque d’ambition», selon Marc Baum. De plus, le «saucissonnage indigne» de la révision en quatre chapitres distincts a comme résultat un manque de cohérence d’un texte qui doit être «d’une cohérence sans faille».

«L’ADR, avec une démagogie plus effrontée que jamais, essaie de tirer profit de cette situation», constate amèrement l’ancien député de déi Lénk. Il se dit convaincu que la pétition ayant récolté quelque 18 000 signatures a été initiée par l’entourage du parti réformateur. «Elle reprend les arguments délirants du parti de Fernand Kartheiser et joue ainsi sur les peurs des citoyen.ne.s : obligation vaccinale, vision du monde ultraconservatrice, xénophobie latente, royalisme moyenâgeux et individualisme néolibéral.

L’ADR s’inspire clairement des stratégies du suppôt de l’extrême droite Steve Bannon : propagation de messages mensongers et culture de peurs infondées», revient à la charge le communiqué de presse diffusé dans la foulée de la conférence de presse.

«En réalité, l’ADR ne s’est jamais véritablement intéressé à la question constitutionnelle, il était même plutôt favorable à la proposition de révision. Ce n’est qu’avec l’arrivée de Fernand Kartheiser à la commission des Institutions que la position de l’ADR s’est abruptement droitisée», reprend Marc Baum.

Toujours en faveur d’une République

Déi Lénk affirme rester en faveur d’un référendum, mais ne veut pas soutenir ni la pétition ni l’initiative citoyenne qui a réussi à lancer la collecte de 25 000 signatures pour obtenir une consultation populaire. Avant de soumettre aux électeurs une simple question binaire (oui ou non), le parti d’opposition prône désormais l’organisation d’un «préférendum» pour «sortir du bourbier».

«À nos yeux, il faudrait commencer par mettre fin à ce saucissonnage indigne et traiter la révision comme un ensemble afin de permettre une meilleure lisibilité du texte. Ensuite, le projet de révision devrait faire l’objet d’un vaste débat public digne de ce nom», précise le communiqué.

André Hoffmann, député de la première heure de déi Lénk, est venu présenter ce concept de «préférendum», déjà organisé en France ou en Irlande. Le débat citoyen est censé se clôturer par un triple choix : «Je suis en faveur de l’actuelle Constitution»; «Je suis en faveur de la nouvelle version ou encore je ne suis satisfait ni par l’actuelle Constitution ni par sa révision, je veux que les travaux de révision se poursuivent sur un certain nombre de points». «Les citoyens pourraient ensuite préciser ces points, ce qui leur permettrait d’exprimer leurs préférences», résume André Hoffmann.

La remise à plat du débat sur la Constitution doit aussi permettre à déi Lénk de remettre en avant sa proposition de réforme de la Constitution, axée sur la création d’une «République laïque et sociale fondée sur le pouvoir des citoyen.ne.s.».  «Notre définition de l’État protège à la fois les citoyen.ne.s contre les abus de l’État et la démocratie contre les assauts incessants des pouvoirs économiques», ajoute le communiqué.

David Marques

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