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La lutte contre la violence domestique sur tous les fronts


Henri Kox, Taina Bofferding et Sam Tanson ont présenté toute une série de mesures visant à renforcer le dispositif de lutte contre la violence domestique. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Le gouvernement a présenté vendredi sa stratégie pour améliorer la protection des victimes de violence domestique, fruit d’une collaboration interministérielle.

«Stable à un haut niveau» : si l’explosion tant redoutée de la violence domestique pendant la période du confinement n’a finalement pas eu lieu au Luxembourg, la situation n’en demeure pas moins préoccupante.

«La police intervient pour des faits de violence domestique deux à trois fois par jour !», a rappelé le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, au cours d’une conférence de presse conjointe des ministères de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Justice et de la Sécurité intérieure destinée à présenter la stratégie gouvernementale visant à améliorer la protection des victimes de cette violence.

«La violence domestique est un phénomène qui est très répandu dans notre société. Elle concerne toutes les communautés vivant dans notre pays et tous les milieux sociaux. Bien que nous disposions d’un dispositif d’aide et d’assistance bien développé qui se base, entre autres, sur la loi sur la violence domestique de 2003, le gouvernement luxembourgeois a l’ambition d’améliorer et de compléter les mesures en place et de définir des actions concertées dans le cadre d’une stratégie globale», a indiqué la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding.

Aussi, en novembre 2019, les ministres respectifs avaient-ils mis en place un groupe de travail interministériel, composé de représentants des ministères de l’Égalité, de la Justice, de la Sécurité intérieure, de la police grand-ducale ainsi que du parquet auprès des tribunaux d’arrondissement de Luxembourg et de Diekirch, chargé de proposer une approche pluridisciplinaire pour adapter le dispositif en vigueur et tenter d’endiguer enfin le phénomène.

Bracelet électronique

Plusieurs mesures et actions ressortent de cette concertation, qui seront implémentées à «court, moyen et long terme», ont précisé les ministères. Parmi les mesures phares : le suivi psychologique des auteurs de violence sera rendu obligatoire, la victime pourra être informée de la sortie de prison de l’auteur de violence et le code pénal sera actualisé pour comporter des dispositions destinées à sanctionner les nouvelles formes de cyberviolence (cyberharcèlement, cybercontrôle, revenge porn…).

Mais ce n’est pas tout. Si le gouvernement mise beaucoup sur la sensibilisation et la prévention ainsi que sur la protection des victimes, le volet répressif se voit en effet lui aussi particulièrement renforcé. La motivation discriminatoire des crimes et délits en raison du sexe de la victime comme circonstance aggravante est également en cours d’analyse.

Le bracelet électronique sera en outre progressivement introduit dans la lutte contre la violence domestique (sans que la géolocalisation soit toutefois systématique), a fait savoir la ministre de la Justice, Sam Tanson. En effet, si le placement sous surveillance électronique fixe existe déjà, l’utilisation d’un bracelet électronique mobile dans les cas qui s’y prêtent permettra de géolocaliser les auteurs et d’alerter les victimes en cas de rapprochement.

Une cellule psychologique dans trois ou quatre ans

«L’idée principale est de garantir la protection des victimes, c’est une mesure à la fois préventive et dissuasive afin d’éviter que la situation n’escalade (…) Le port du bracelet électronique mobile est destiné à éviter la récidive des auteurs dans un premier temps, tout en leur permettant de continuer à travailler et subvenir matériellement aux besoins de leur famille, ce qui est d’autant plus important lorsque des enfants sont impliqués», a indiqué Sam Tanson.

Par ailleurs, une cellule psychologique spécialisée dans le phénomène de la violence domestique sera mise en place «d’ici trois à quatre ans», a annoncé le ministre Henri Kox. Cette cellule, dont le nombre d’agents qui la composeront reste encore à définir, comprendra aussi bien des policiers spécifiquement formés sur le sujet que du personnel issu du cadre civil, tel que des psychologues et des assistants sociaux, afin de «mieux identifier non seulement les auteurs, mais aussi les situations à risques», a décrit Henri Kox.

La nouvelle formation initiale de la police comprend déjà des cours sur ce sujet, ce qui permettra par la suite de constituer le futur vivier des agents qui se spécialiseront. «Le recrutement que nous avons effectué l’an passé montre déjà que le profil de nos candidats a évolué, puisque nous n’avons plus de limite d’âge et ne recrutons plus par le biais de l’armée uniquement. Nous avons aussi plus de femmes, environ 25% aujourd’hui contre 11% par le passé. Même si cette cellule ne sera pas composée que de femmes, leur présence est évidemment importante dans ce type de cellule», a ajouté le ministre.

Tatiana Salvan

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