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Budget de l’État : la volte-face du gouvernement


La hausse du déficit budgétaire inquiète les artisans et la Chambre des métiers incarnée par Norry Dondelinger. (Photo : Editpress)

La chambre des métiers voit le gouvernement changer son fusil d’épaule et fronce les sourcils. On n’économise plus, on redistribue et un peu trop généreusement au goût des artisans.

Fini le temps des annonces austères. Le gouvernement a visiblement revu ses grands principes et entre dans une logique de redistribution. Pour la Chambre des métiers, c’est un changement de paradigme qui doit entraîner un changement de modèle économique.

Le gouvernement avait pris un bon début aux yeux de la Chambre des métiers (CDM). Puis il a dévié de sa trajectoire et c’est plus regrettable, observe aujourd’hui la chambre professionnelle qui livre son avis sur le budget de l’État. Ce qui fait dire aux artisans que le gouvernement «passe d’une logique de consolidation à une logique de redistribution», soit un «renversement de paradigme», ou encore un ‹déphasage› du budget 2017 avec les objectifs initiaux du gouvernement, qui «démontre la nécessité de redéfinir le modèle économique du Luxembourg».

La Chambre des métiers avait salué les premiers efforts du gouvernement qui avait élaboré un «paquet d’avenir» dans le but d’assainir les finances publiques. Une initiative pas très heureuse, devait reconnaître le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, après coup. Mais pour la Chambre des métiers, c’était la prudence qu’il fallait observer. «Cette politique a manifestement porté ses fruits comme le dénote la réduction du déficit en 2014 et sa stabilisation en 2015, ainsi que l’atténuation de la hausse de la dette au cours de ces deux années», relèvent les auteurs de l’avis.

Ensuite, badaboum! Exit la recherche de petites économies, on se détend. «Un premier signe en est la hausse importante du déficit de l’État central de 400 millions à un milliard d’euros entre 2016 et 2017», note la chambre professionnelle. Et il y a trois raisons à cet état de choses. D’abord, le fameux «paquet d’avenir» n’a été réalisé qu’à 60 %, ensuite la réforme fiscale qualifiée de «généreuse» qui entraînera une perte de recette fiscale de l’ordre de 373 millions en 2017, et enfin, une progression plus importante des dépenses publiques hors investissements.

Les dépenses de fonctionnement ne lui semblent pas réalistes. La chambre rappelle qu’une tranche indiciaire va tomber avant la fin de l’année et que le ministre Dan Kersch a annoncé l’embauche de plus de 1 000 agents en 2017. Les patrons ont des doutes.

Mauvaises bases

Non seulement le gouvernement aurait choisi la politique de la redistribution, mais encore il ne recule pas devant la hausse de la dette publique «en chiffres absolus», précise la Chambre des métiers, dette qui financera en partie les allégements fiscaux. L’abaissement de l’objectif budgétaire à moyen terme de +0,5 % à -0,5 % «dénote un renversement de tendance dans la politique budgétaire», insiste encore la Chambre des métiers. Ce renversement est dû à la perspective d’un Luxembourg à 1,1 million d’habitants à l’horizon 2060.

Il faut donc bien parler de croissance. Celle enregistrée actuellement et pour les années à venir est souriante qui se situe autour des 4 % voire au-delà. Comme le gouvernement le déclamait en début de législature, la Chambre des métiers elle aussi est d’avis «qu’une période de forte croissance devrait être mise à profit pour continuer le redressement des finances publiques, afin de conférer au pays une marge de sécurité pour des périodes économiques creuses». Mais là encore, le discours du gouvernement a changé.

Concernant le budget, il n’y a guère que le haut niveau des investissements publics qui fasse consensus. Pour le reste, il faut tout changer, à commencer par le modèle économique luxembourgeois et cette croissance basée sur une hausse de l’emploi, alors que les artisans estiment, comme d’autres d’ailleurs, qu’il est temps que cette croissance soit aussi le fruit d’un gain de productivité. «Cette croissance actuelle exerce, entre autres, de fortes pressions sur les infrastructures, transport, logements, établissements scolaires», rappellent les auteurs.

Pour la Chambre des métiers, il faut au pays un modèle économique «plus durable» basé sur «des gains de productivité plus substantiels, notamment à travers l’innovation et la digitalisation».

Geneviève Montaigu

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