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Bettel-Wiseler, premier combat des chefs


Xavier Bettel et Claude Wiseler ont mené un premier duel à distance en vue du scrutin du 14 octobre. (photos Editpress)

Le Premier ministre sortant, Xavier Bettel, et celui qui veut lui succéder, Claude Wiseler, ont mené jeudi soir un duel à distance en vue du scrutin du 14 octobre lors des pots de Nouvel an de leurs partis respectifs.

Le Luxembourg a beau ne compter que six partis représentés à la Chambre des députés, cela n’a pas empêché deux des ténors, à savoir le DP du Premier ministre, et le CSV, poussé dans l’opposition à l’issue des législatives anticipées d’octobre 2013, d’organiser à la même heure leurs réceptions.

Le camp libéral, très pragmatique, s’est réuni à la «Schéiss» dans son fief qui reste Luxembourg. Si l’optimisme était bien présent dans les rangs libéraux, qui à l’image de leur chef de file Xavier Bettel continuent de croire dur comme fer à une deuxième législature à la tête du gouvernement, le CSV semble lui commencer à douter. La loi imposée par les chrétiens-sociaux dans les sondages après leur éviction fin 2013 ne paraît plus convaincre tout le monde. Les dix mois à venir seront haletants.

Le DP résolument optimiste

Réception nouvel an DPLe DP se veut visionnaire et surtout optimiste. L’optimisme c’est même ce qui le différencie des autres partis politiques, selon sa présidente, Corinne Cahen. Jeudi soir, elle a d’ailleurs tenté de communiquer à l’assemblée présente un peu de cet optimisme qui doit être une des marques de fabrique du DP.

Quand on veut être optimiste, on positive. Là encore, Corinne Cahen estime que son parti est le seul à croire en la success story du pays, «un modèle souvent envié», dit-elle. «Un des défis, c’est le vivre ensemble», reconnaît-elle, mais là encore elle ne voit pas l’ombre d’un problème. «Je dois dire que l’on vit très bien ensemble dans ce pays. On travaille beaucoup aussi sur notre langue, les cours ont un succès incroyable», se satisfait-elle.

Carte de vœux signée par le couple Wiseler

«La richesse de notre pays, c’est notre identité et celle des autres, nous ne voulons pas d’assimilation mais une intégration», déclare Corinne Cahen, ministre de tutelle. Elle est aussi ministre de la Famille, un des domaines de prédilection du DP qui a opéré des changements notoires dans la politique familiale. La présidente du DP a pu en débattre la veille avec Marc Spautz, président du CSV, lors d’un débat télévisé. «Mon opposant a reconnu que beaucoup a été fait ces dernières années», rappelle-t-elle pour mieux faire entendre que la politique menée par la coalition remporte aujourd’hui une majorité des suffrages parmi la population. «Nous n’avons pas fait la politique pour nous, mais pour les citoyens et surtout pour les enfants, car ils sont notre avenir», ajoute-t-elle avant de conclure que le DP n’avait «pas peur du futur».

Il ne fallait pas s’attendre de la part de Corinne Cahen à des déclarations fracassantes en pleine ligne droite avant les prochaines élections. Pas un mot de travers à l’encontre de ses opposants politiques. D’ailleurs, personne n’a parlé du CSV, sauf peut-être Xavier Bettel pour signaler qu’il avait reçu une carte de vœux de la part d’Isabelle et Claude Wiseler qui ne lui souhaitaient que du bon pour l’année à venir. «Je leur ai répondu que je leur souhaitais également le meilleur et rien de mauvais», s’amuse-t-il.

« Faire une évolution et pas de révolution »

Le Premier ministre, comme la présidente du parti avant lui, s’est surtout attardé sur le bilan du gouvernement, quitte à répéter inlassablement que cette coalition est parvenue à sortir le pays d’un certain marasme. Les chiffres du chômage sont en baisse constante et les finances publiques ont bien meilleure mine qu’en 2013.

«Nous avons fait une série de réformes pour faire une évolution et pas de révolution. Nous avons imaginé une école qui ne coule pas tous les élèves dans le même moule», souligne-t-il. D’une manière générale, le Premier ministre se dit satisfait du travail accompli.

«Nous sommes prêts à partir en campagne, nous avons eu de bons résultats aux élections communales», dit encore Xavier Bettel en citant les communes à succès et en oubliant les échecs comme celui de Walferdange.

Geneviève Montaigu

Le CSV appelle à l’union sacrée

CSV - reception Nouvel An 2018Comme il y a douze mois, une météo épouvantable attendait les très nombreux membres du CSV, obligés de braver la pluie pour assister à la réception de nouvel an de leur parti. Cette image de pluie et de vent résume assez bien le parcours du CSV dans l’opposition, écarté du pouvoir après les élections anticipées d’octobre 2013. «Nous voilà enfin en 2018, l’année qui doit devenir celle du changement», lance un brin soulagé le secrétaire général Laurent Zeimet en ouverture de cette réception annuelle.

Mais les files qui se sont formées pour rejoindre les parkings doivent aussi être un avertissement pour le CSV, qui caracole bien en tête des sondages depuis son éviction du gouvernement, mais qui pourrait une nouvelle fois être freiné dans son élan et finir par se prendre les pieds dans le tapis dans la dernière ligne droite. «Il faudra se battre jusqu’au bout pour décrocher un score qui rendra impossible un gouvernement formé sans ou même contre le CSV», met ainsi en garde le président Marc Spautz, qui rêve bien d’un succès aux élections mais qui fait aussi un nouveau cauchemar : une future coalition à quatre, formée par la majorité sortante (DP-LSAP-déi gréng) qui serait complétée par déi Lénk. Il ne resterait donc plus que l’ADR comme seul allié des chrétiens-sociaux, qui par crainte de perdre des voix au profit du parti réformateur ont effectué un sacré virage à droite sur les durs bancs de l’opposition.

Pour le reste, le bilan actuel de l’équipe dirigée par Claude Wiseler, désigné depuis de longs mois comme tête de liste, ne convainc pas vraiment, tout comme sa rhétorique actuelle.

Le DP et le LSAP visés, déi gréng moins

Il a visé en priorité le DP du Premier ministre («politique éducative chaotique», «logement insuffisant» ou «politique familiale incohérente»), et le LSAP du vice-Premier ministre, Étienne Schneider («croissance aveugle»). Même si le CSV ne souhaite pas se prononcer sur une coalition, il ne reste par déduction plus que déi gréng comme possible épouse, une coalition d’ailleurs plébiscitée dans les sondages, ou quand même l’ADR, option exclue jusqu’à présent par Claude Wiseler, mais beaucoup moins ces jours-ci par Marc Spautz…

Le parti avait décidé d’innover pour cette réception en mettant en scène un meeting politique à l’américaine avec un podium installé au milieu de la salle et un Claude Wiseler qui avait dans son dos les principales têtes du parti, dont la jeune génération victorieuse aux communales emmenée par Georges Mischo (nouveau bourgmestre d’Esch) et Serge Wilmes (nouveau premier échevin à Luxembourg). Le parterre restait cependant constitué de membres de l’ancienne génération, qui regrettent probablement encore les Trente Glorieuses du CSV sous la direction de Pierre Werner, Jacques Santer et surtout Jean-Claude Juncker.

« Un premier pas, le deuxième doit suivre »

Claude Wiseler a été applaudi d’une manière bien moins euphorique. Après son discours, les acclamations ont duré à peine quelques petites minutes. La «cohésion» a cependant aussi été le leitmotiv du discours de celui qui veut devenir Premier ministre après les législatives du 14 octobre. «Les communales n’ont constitué qu’un premier pas, le deuxième doit suivre cette année. On a tout pour réussir, on a l’énergie, les gens, les caractères, l’expérience mais aussi la jeunesse pour mener ensemble cette campagne et affronter avec le calme nécessaire le camp adversaire qui risque d’être très excité. On doit désormais nous imposer en restant unis», souligne sans cesse Claude Wiseler tout en tentant de semer la discorde dans la coalition au pouvoir.

David Marques

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