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Affaire Bettel : «Le mémoire rendu n’est pas superbe, mais je n’ai pas triché»


Le Premier ministre, Xavier Bettel, a reconnu, vendredi, que la «crédibilité politique a pris un coup» en raison de l’affaire de plagiat, qu’il tient toutefois à relativiser. (Photo : Julien Garroy)

Vendredi, le Premier ministre, Xavier Bettel, s’est exprimé pour la première fois en public sur les accusations de plagiat qui pèsent sur lui. Il a omis de s’excuser pour une «recherche intellectuelle très limitée».

Le 27 octobre, le magazine en ligne Reporter.lu avait soutenu que le contenu du mémoire réalisé en 1999 par l’étudiant Xavier Bettel était en grande partie le résultat de la copie de textes dénichés sur internet sans aucune citation de sources.

Cet écrit lui a permis d’obtenir son diplôme d’études approfondies (DEA) en droit public et sciences politiques à l’université de Nancy. «D’après mes souvenirs, j’ai écrit ce travail en toute âme et conscience à cette époque-là. Du point de vue d’aujourd’hui, je reconnais qu’on aurait pu – oui, peut-être qu’on aurait dû – le faire autrement», avait réagi le Premier ministre le jour de la publication de l’enquête menée par nos confrères.

Il a fallu attendre ce vendredi 19 novembre et le briefing sur la situation sanitaire pour que le Premier ministre prenne position en public sur cette affaire. Son argumentation n’a pas trop changé. «Je suis bien conscient que le mémoire rendu n’est pas superbe. Il ne s’agit certainement pas d’une pièce maîtresse. Avec le recul, je ne suis pas fier de ce travail», admet Xavier Bettel.

Sa ligne de défense reste néanmoins étroitement liée aux propos de son ancien professeur et directeur de DEA, Étienne Criqui : «J’ai réalisé ce travail en mon âme et conscience. Il n’y a eu aucune intention de tricher. Si cela avait été le cas, j’aurais floué mon professeur. Lui-même a affirmé par voie de presse qu’il n’y a pas eu de tricherie.»

Les critères régissant la rédaction d’un mémoire auraient été à son époque différents de ceux appliqués aujourd’hui. «On m’a fait savoir que l’écrit rendu n’était pas bon. La défense orale de la réflexion développée a toutefois permis d’augmenter un peu la moyenne d’une note tout juste suffisante», complète l’ancien étudiant en droit. Le travail réalisé aurait d’ailleurs été évalué par son directeur et par un jury.

Il évite le terme «plagiat»

Le Premier ministre n’a pas souhaité parler de «plagiat» vendredi. Il admet tout au plus une «recherche intellectuelle très limitée. J’ai assemblé ici et là le contenu du mémoire». Xavier Bettel affirme encore vouloir «attendre les conclusions» que va tirer l’Université de Lorraine.

Il ne voit pas encore la nécessité de s’excuser formellement. «Je comprends toutefois la colère qui est présente parmi la communauté scientifique. Mais je le répète, les critères ont évolué ces vingt dernières années», reprend le chef du gouvernement.

Cette affaire aura-t-elle des conséquences politiques pour Xavier Bettel ? «Une conclusion académique sera tirée», répond le Premier ministre. Il regrette toutefois le fait que «la crédibilité politique a pris un coup».

«Mais j’espère pouvoir prouver aux citoyens que je continue à exécuter au mieux mon travail de Premier ministre pour lequel j’ai été élu», termine Xavier Bettel.

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David Marques

L’université de Lorraine va trancher en fin d’année

Le Premier ministre n’a pas manqué de renvoyer vers l’instruction ouverte fin octobre par l’université de Lorraine pour analyser les possibles «manquements à l’intégrité scientifique» du mémoire rendu par l’ancien étudiant Xavier Bettel.

Le contenu fait actuellement l’objet d’une vérification approfondie. L’université de Lorraine, qui chapeaute désormais la faculté de droit de Nancy, avait toutefois précisé dès le départ «qu’il y a plus de vingt ans, les universités n’étaient pas dotées des logiciels antiplagiat actuels qui sont d’une aide précieuse à la détection de plagiat, mais ne sont pas autosuffisants pour le qualifier».

Début novembre, l’université de Lorraine a précisé qu’une décision sur l’affaire Bettel serait rendu «un peu avant ou après les fêtes de fin d’année». Il est également précisé que le mémoire incriminé, réalisé dans le cadre d’un DEA (diplôme d’études approfondies), «ne saurait être comparé à une thèse d’université». Xavier Bettel risque de se faire invalider le DEA, ce qui n’aura cependant pas d’impact sur sa maîtrise en droit.

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Un commentaire

  1. Master sans Plagiat, 1994

    96 % copié, pas triché ??? Démission !