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Les ados atteints de troubles psychiatriques ont un nouveau refuge


Le séjour d’un adolescent au sein du Service national de psychiatrie juvénile dure en moyenne 21 jours. (Photos : Alain Rischard)

Depuis la rentrée, les adolescents en difficulté pris en charge par le Service national de psychiatrie juvénile sont installés dans un tout nouveau bâtiment à l’hôpital Kirchberg où ils bénéficient d’un suivi thérapeutique et scolaire.

Alors que la prise en charge de la santé mentale des enfants et adolescents est loin d’être à la hauteur au Grand-Duché – aucune stratégie nationale, pas d’évaluation de la qualité des services, pénurie de médecins spécialisés, lacunes en matière de dépistage précoce, de médecine psychosomatique, et de régionalisation de l’offre d’hospitalisation de jour – la moindre avancée mérite d’être valorisée!

Ainsi, le Service national de psychiatrie juvénile (SNPJ) des Hôpitaux Robert-Schuman, qui accueille des jeunes atteints de troubles psychiatriques entre 13 et 18 ans, est installé depuis la rentrée dans un tout nouveau bâtiment, au sein de l’hôpital Kirchberg. Sa particularité : l’un des étages héberge une véritable école gérée par le ministère de l’Éducation nationale, qui recrée l’environnement scolaire tout en permettant aux élèves de suivre leurs prises en charge thérapeutiques.

Une équipe pluridisciplinaire soutient les adolescents souffrant de tous types de troubles parmi lesquels les troubles anxieux, dépressifs, alimentaires, les psychoses, les crises suicidaires, les troubles d’adaptation, les syndromes post-traumatiques, la dépendance à des substances, les syndromes d’agressivité aiguë, ou encore les troubles de la personnalité.

Le SNPJ assure une garde 24 h/24 et 7 j/7 afin d’être en mesure de traiter une crise en urgence quand elle survient, et une fois l’apaisement retrouvé, mettre en place une hospitalisation si nécessaire. Grâce à cette nouvelle structure, l’unité d’hospitalisation a désormais augmenté sa capacité de 23 à 30 et l’hôpital de jour de 12 à 32 places.

Les installations du nouveau bâtiment sont spécialement pensées pour préserver le calme et lutter contre l’anxiété.

«La pédopsychiatrie fait peur»

Un soulagement bienvenu dans un contexte très difficile où les soignants sont contraints de faire face, avec des moyens très restreints, à une augmentation des troubles et de leur sévérité chez les jeunes. Un climat qui effraye les futurs professionnels : «La pédopsychiatrie fait peur, en particulier le travail avec les adolescents», rapporte le Dr Jean-Marc Cloos, directeur du pôle psychiatrie des Hôpitaux Robert-Schuman, qui confie que parmi ses élèves infirmiers psychiatriques, seul un sur dix se destine à une carrière auprès des jeunes. «C’est une spécialité médicale qui n’attire pas, tout simplement parce que les adolescents atteints de troubles sont des patients très difficiles.»

Un constat qui ne concerne pas que le Luxembourg mais de nombreux pays, et qui n’annonce rien de bon sur le front de la pénurie de pédopsychiatres. Dans le même temps, sur le terrain, les besoins augmentent : «Les troubles du comportement, les troubles dépressifs ou d’adaptation grimpent en flèche ces dernières années, dans une société qui change vite et où les médias sociaux règnent en maîtres», déplore Fabrice Mousel, assistant social au sein du SNPJ, qui tente chaque jour d’aider les ados en perdition à retrouver le goût de la vie. «On accueille ici des jeunes qui ont parfois un très long parcours derrière eux avec de multiples tentatives thérapeutiques qui n’ont rien donné.»

«Ce dont les enfants ont besoin».  

Le SNPJ est alors le dernier espoir pour nombre de ces jeunes patients en passe de franchir le cap de l’âge adulte. Une période extrêmement délicate selon une étude de l’université du Luxembourg publiée en 2020, qui révèle que 16 % des 10-19 ans au Grand-Duché sont concernés par des problèmes de santé mentale. Les états dépressifs en particulier sont très répandus : près de 30 % des adolescents se sont déjà sentis trop tristes pour poursuivre leurs activités habituelles, et le sentiment de désespoir a poussé 15 % d’entre eux à avoir des pensées suicidaires.

Pour Fabrice Mousel, à leurs côtés depuis une dizaine d’années, la question de l’attention des parents constitue l’une des clés pour éviter des situations de détresse : «Je pense que ces jeunes ont avant tout besoin de parents qui soient présents et disponibles pour eux», poursuit-il, plaidant au passage pour une meilleure offre de soutien à la parentalité, à l’image du travail mené par l’Eltereschoul. «Ce qu’on observe très clairement chez des jeunes en difficulté, parfois depuis longtemps, c’est que lorsqu’ils bénéficient de l’attention d’une même personne sur le long terme, ça leur fait beaucoup de bien.»

Christelle Brucker

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