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L’université de Lorraine enquête sur l’étudiant Xavier Bettel 


Le Premier ministre, Xavier Bettel, admet qu’il aurait pu «faire autrement». L’université de Lorraine pourra à son tour réévaluer son travail et dire si 96 % de son mémoire est un plagiat. (Photo : Didier Sylvestre)

Le Premier ministre, Xavier Bettel, est accusé par le magazine en ligne Reporter.lu d’avoir plagié la quasi-totalité de son mémoire de DEA. L’université de Lorraine va ouvrir une enquête.

L’université de Lorraine devra dire si le mémoire rendu par Xavier Bettel est valable ou pas. Selon Reporter.lu, sur 96 % des 56 pages du travail intitulé Vers une réforme possible des modes de scrutin aux élections du Parlement européen? remis à la faculté de droit et de sciences politiques apparaissent des passages copiés sans référence aux documents originaux : deux livres, quatre sites internet et un article de presse. Parmi les meilleures feuilles, relevons 20 pages du site internet du Parlement européen qui se retrouvent in extenso dans le mémoire incriminé.

Une note relativement moyenne

Sans gêne, Xavier Bettel? Rusé et un brin fainéant sans doute. Le professeur qui a évalué son mémoire, Étienne Criqui, se souvenait bien de son élève, comme il le confiait au journal lorrain La Semaine en 2015 : «J’ai eu la chance de le suivre durant trois ans, de sa dernière année de licence jusqu’à la fin de son master. C’était un jeune homme avec beaucoup de capacités, sympathique et populaire. Il a facilement trouvé sa voie.» Le même professeur, interrogé hier par Paperjam, évoque un «garçon intelligent» qui «aurait pu avoir de meilleures notes» sans ses nombreuses activités extrascolaires. «Ce n’était pas le meilleur élève de la classe et il n’a jamais caché avoir redoublé parce qu’il n’avait pas assez travaillé.»

Le mémoire en question ne conditionne pas à lui seul l’obtention du diplôme d’études approfondies (DEA), mais il compte pour 35 % de la note finale aujourd’hui en master. Le professeur Criqui croit se souvenir que Xavier Bettel avait obtenu une note relativement moyenne, mais qu’il aurait remarqué si l’ensemble du travail avait été plagié.

La mode de la compilation

C’est pourtant ce qu’il ressort clairement des recherches menées par Reporter.lu et que le Premier ministre n’a pas démenties. Il s’en remet à l’université de Lorraine en avouant en partie sa faute. L’université de Lorraine a réagi officiellement mercredi soir en indiquant qu’il «il ne faut pas juger quelque chose qui a été fait il y a plus de 20 ans», une époque où certains élèves avaient tendance à faire de la compilation, ce qui semblait passer sans problème. Aujourd’hui, les règles sont plus strictes et le mémoire de Xavier Bettel ne passerait plus avec les moyens qui existent pour repérer les plagiats. L’université de Lorraine dit avoir découvert hier par voie de presse que le contenu d’un mémoire de DEA de droit public soutenu en 1999 par Xavier Bettel, alors étudiant à la faculté de droit de Nancy, «pourrait présenter un manquement à l’intégrité scientifique»

L’université souligne qu’il ne faut pas comparer le mémoire de DEA à une thèse d’université. Pour l’heure, elle doit vérifier ces révélations et dit prendre au sérieux «les manquements à l’intégrité scientifique». Une instruction sera menée sur le contenu de ce mémoire et les éventuelles sanctions que l’établissement serait amené à pendre dépendront des conclusions de l’enquête qui va à présent être menée.

David Marques

Silence dans l’opposition

Le plagiat ne semble pas choquer plus que ça dans les rangs de l’opposition, qui reste bien silencieuse à ce propos. La presse allemande a bien essayé de gratter quelques réactions tant cette affaire aurait fait un éclat dans un pays où plusieurs politiciens ont rendu leur tablier après des accusations similaires. Mais elle n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent, sinon une molle déclaration de Sven Clement (Parti pirate), qui attend au moins des excuses du Premier ministre, et de Nathalie Oberweis (la Gauche) qui affirme à la Süddeutsche Zeitung que cette affaire ne fera pas beaucoup de vagues dans le pays.

2 plusieurs commentaires

  1. « il ne faut pas juger quelque chose qui a été fait il y a plus de 20 ans», une époque où certains élèves avaient tendance à faire de la compilation, ce qui semblait passer sans problème »

    Pardon? Je peux vous assurer le contraire! Non non et non!
    Même il y a 20 ans ou 40 ans il existait des critères de qualité et copier 96 % de son travail n’était jamais accepté. Une honte. Peut-être il faut avoir le bon nom de famille pour que ca soit accepté? Pour du plagiat même il y a 20 ans on était écarté d’office!

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