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Accord post-Brexit : ce qui dérange l’eurodéputé Christophe Hansen


«Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, un Brexit dur aurait été irresponsable», souligne Christophe Hansen, corapporteur du Parlement européen pour l'accord signé mercredi. (photo Parlement Européen/Riccardo Pareggiani)

Mécontent sur la forme, l’eurodéputé luxembourgeois Christophe Hansen salue le fond de l’accord commercial trouvé à l’arraché avec le Royaume-Uni. Le Parlement européen aura le dernier mot.

Interrogé le 26 octobre dans nos colonnes, Christophe Hansen affirmait que le résultat final de l’accord post-Brexit allait être le résultat d’«une négociation de marchands de tapis et pourra être vendu par chaque camp comme une victoire». Deux mois plus tard, le scénario semble se confirmer. « Des listes qui énumèrent les supposées victoires décrochées sur tel et tel point par Londres ou Bruxelles circulent. Cela m’amuse », note, non sans ironie, l’eurodéputé luxembourgeois, joint par téléphone.

Au départ, le Parlement européen avait insisté pour clôturer les négociations au plus tard début novembre. L’épilogue est finalement intervenu juste avant le réveillon de Noël. En tant que corapporteur du Parlement pour cet accord trouvé à l’arraché, Christophe Hansen affirme devoir « digérer les 1 246 pages du document. Beaucoup de détails restent à élucider. Je suis en train d’éplucher page après page pour vérifier s’il n’existe pas des lacunes. »

Christophe Hansen ne cache pas que la forme de l’accord constitue un « coup bas » pour l’hémicycle. « L’accord va entrer provisoirement en application sans que le Parlement européen n’ait pu émettre son avis. En principe, cela est inacceptable , avance-t-il. Mais dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, un Brexit dur aurait été irresponsable. » Les « dégâts ont pu être limités », juge le corapporteur, en songeant notamment au compromis trouvé sur la pêche. Il regrette bien plus le fait que les éventuels litiges entre Londres et Bruxelles seront tranchés par un tribunal d’arbitrage et non pas par la Cour de justice de l’UE. « On a tenté de l’éviter, mais il s’agit d’une des concessions faites par l’UE », explique Christophe Hansen. En fin de compte, ce sera un « accord de libre échange très particulier. Il ne s’agit pas d’un mariage actant les convergences, mais d’un divorce où les divergences doivent être maîtrisées au mieux. »

Un vote à repousser au mois de mars

Il reste à voir comment le Royaume-Uni va jouer la carte de la souveraineté. L’industrie et de nombreux autres secteurs d’activité redouteraient que Londres impose une double homologation des produits. « Les 67 millions de consommateurs du Royaume-Uni veulent accéder au marché intérieur européen de 450 millions de consommateurs. Il faut se poser la question de savoir si cette lourdeur administrative vaut vraiment la peine », s’interroge Christophe Hansen. Rien n’est cependant exclu avec à la clé des PME qui pourraient être les grandes perdantes.

Signé mercredi, l’accord post-Brexit doit en principe être ratifié d’ici le 28 février par le Parlement européen. Un délai trop court pour le corapporteur. « Nous sommes en train de mettre la pression pour reporter cette date butoir en mars. Il n’y a pas de raisons de forcer les choses. Mieux vaut se donner le temps nécessaire pour analyser l’accord de fond en comble », insiste Christophe Hansen. Malgré les tensions, il voit d’ores et déjà une majorité se dégager pour ratifier le texte.

David Marques

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