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Violation de domicile : il prétend avoir été autorisé à s’introduire dans une maison, même sans clé


Kenneth assure que son amie était d’accord pour qu’il occupe son domicile, même si elle ne lui avait pas donné la clé.  (Photo : archives lq)

Le substitut a une intime conviction, mais aucune preuve pour la confirmer. Uniquement des vérités qui, mises bout à bout, ont du sens dans son esprit et peuvent peut-être expliquer les faits.

Kenneth, Aboubakrine et Cibele voulaient-ils dormir au chaud ou chercher la planque à stupéfiants de Patricia? Le représentant du parquet a l’intime conviction que la deuxième réponse est la bonne, mais rien dans le dossier ne permet de le prouver avec certitude. Il a donc requis une peine de 9 mois et une amende à l’encontre de Kenneth et d’Aboubakrine pour violation de domicile. Il a demandé une disjonction de l’affaire contre Cibele, qui était absente. «Patricia circule dans le milieu des toxicomanes. Elle a reconnu garder des stupéfiants à son domicile. Les prévenus en consommaient et en vendaient», note-t-il. «Quand la police est arrivée, elle n’a pas trouvé de traces de fouille du domicile.»

Un témoin qui traversait Kayl en voiture le 19 septembre 2022 a prévenu la police. «J’ai vu un homme qui grimpait par une fenêtre et un autre qui regardait à gauche et à droite», s’est souvenu l’automobiliste à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, hier après-midi. «Je n’ai rien volé, je voulais juste dormir au chaud», insiste Kenneth, un trentenaire originaire du Zimbabwe. Ce soir-là, il a embarqué deux amis sans domicile fixe comme lui dans la maison dont il connaissait la propriétaire.

«Nous avions convenu d’un rendez-vous pour qu’elle me donne la clé»

«J’y avais habité un moment avec Patricia. J’ai eu un problème et je suis allé en prison. À ma sortie, j’ai voulu récupérer des affaires que je lui avais laissées. Je suis allé la trouver. Elle m’a dit qu’elle était malade et qu’elle allait devoir faire un séjour à l’hôpital», raconte Kenneth. «Elle m’a donné son accord pour que j’occupe la maison en son absence. Nous avions convenu d’un rendez-vous pour qu’elle me donne la clé, mais elle n’est pas venue.»

Sans nouvelles de la propriétaire, il a décidé d’aller voir sur place. «La vitre de la fenêtre était cassée. Il y avait un plastique. Comme elle m’avait donné son accord, j’ai retiré le plastique et nous sommes entrés. Je n’ai pas cassé la vitre», poursuit le jeune homme accusé de violation de domicile et de vol qualifié. «Je voulais rester dans la maison jusqu’à son retour de l’hôpital.»

Malheureusement pour Kenneth et ses amis, «Patricia a dit à la police qu’elle ne vous avait pas autorisé à vivre à son domicile et qu’il n’y avait pas eu d’effraction à son domicile avant la date des faits», indique la présidente de la chambre correctionnelle au prévenu, qui a l’air surpris.

Le prononcé est fixé au 21 décembre.

«Un ami imaginaire»

Onyebuchi et Okechi ont tous deux «acheté de la drogue pour un ami imaginaire», résume le représentant du parquet à l’entame de son réquisitoire. «Leur première version me plaisait davantage.» En effet, les deux jeunes hommes avaient dit qu’ils gardaient la drogue trouvée en eux (14 boules pour Okechi et 6 pour Onyebuchi) pour un Marocain. À l’approche des policiers, ils auraient pris peur et les auraient avalées.

Un inspecteur a relaté les faits. «Nous étions six policiers en civil. Nous les avions repérés à la gare et j’ai décidé de les suivre à vélo jusqu’à la place des Martyrs. Ils se sont assis sur un banc et ont été rapidement rejoints par une consommatrice connue dans le milieu de la gare», explique le policier. «Okechi a porté sa main à la bouche et la consommatrice lui a tendu quelque chose. Pour moi, une vente venait d’avoir lieu.» Il suit la consommatrice et l’aborde une fois hors du champ de vision des deux prévenus. «Elle a reconnu avoir acheté une boule et m’a dit qu’elle achetait de la drogue à Okechi tous les deux ou trois jours depuis un mois.»

La drogue était pour un ami

Les deux jeunes hommes ont immédiatement été arrêtés par les collègues du policier. «C’est la première fois que je les voyais vendre. On les connaît du quartier. Ils tournent toute la nuit autour de la place de Paris et ont toujours raté un train.» C’est effectivement ce qui est supposé être arrivé à Onyebuchi. «J’avais raté mon train pour Longwy. J’y passais une semaine de vacances chez des amis. J’étais venu à Luxembourg pour visiter la ville», assure le prévenu qui vit et travaille à Rome. Il a alors rejoint Okechi, qui vit également à Longwy chez des amis, place des Martyrs pour se «sentir plus en sécurité». La drogue, ils l’avaient achetée pour un ami. «Faut-il vous croire?», interroge la juge.

Le représentant du parquet ne les a pas crus. «Le policier a observé la scène et l’acheteuse a confirmé ce qu’il a vu», lance-t-il. Quant au fait d’avaler les boules, c’est une habitude des dealers confrontés à la police. Il a requis une peine de 24 mois de prison à l’encontre d’Okechi pour détention de stupéfiants pour autrui et vente et une peine de 18 mois à l’encontre d’Onyebuchi pour détention de stupéfiants pour autrui uniquement.

Le prononcé est fixé au 25 janvier.

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