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Tirs à Sandweiler : le policier a-t-il agi par légitime défense ?


(photo illustration / archives LQ / JC Ernst)

Le 1er novembre 2010, un policier avait fait usage de son arme lors d’un incident à Sandweiler. D’après son avocat, il a agi en état de légitime défense.

L’emploi de l’arme de service par le policier était-il légitime ou non? C’est la question sur laquelle se penche la 18e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, depuis mardi.

Retour sur les faits, qui remontent au 1er novembre 2010. Vers 0 h 20, une patrouille de police se déplaçant en voiture banalisée se fait doubler à vive allure, malgré la ligne continue, par une Audi A3. La patrouille poursuit le véhicule, gyrophare activé et sirène hurlante. L’automobiliste ne s’arrête toutefois pas, il accélère et finit par contourner le prochain rond-point en sens opposé.

La patrouille communique la plaque d’immatriculation à la centrale de la police pour connaître l’identité du propriétaire du véhicule. On l’informe que les plaques ne sont pas attribuées à une Audi A3, mais à une Peugeot. De sorte que les deux policiers partent de l’hypothèse que des personnes dangereuses se trouvent à bord du véhicule.

La course poursuite continue à vive allure dans une cité. C’est finalement dans une impasse à Sandweiler, que le véhicule peut être immobilisé quelques instants. Les policiers garent leur véhicule de service en perpendiculaire, un peu en retrait derrière le véhicule.

Or cela n’empêche pas l’automobiliste de mettre la marche arrière et d’appuyer de nouveau sur l’accélérateur. Le policier, qui se trouve aujourd’hui sur le banc des prévenus, pense, à ce moment-là, que son collègue de travail a été heurté. C’est alors qu’il sort son arme de service et la pointe en direction du chauffeur, l’enjoignant d’arrêter son véhicule et de sortir. Comme le chauffeur aurait de nouveau appuyé sur l’accélérateur, le policier tire finalement deux fois en direction du capot, touchant le pare-brise.

Le conducteur déjà condamné en 2013

Selon les déclarations du policier, le conducteur a reculé encore une fois avant de foncer de nouveau tout droit dans leur véhicule de service et quitter les lieux. C’est alors que sont tirés les deux coups de feu dans la portière côté passager du véhicule. L’automobiliste soutient toutefois ne pas avoir fait de troisième manœuvre de marche arrière avant de quitter les lieux.

Selon l’enquête, au moins une des balles tirées a blessé le conducteur à la poitrine, 6 cm en dessous du cœur. Celui-ci avait d’ailleurs déjà été condamné, en janvier 2013, notamment pour la rébellion contre agents de police, à un an et demi de prison et placé sous sursis probatoire.

Me Lex Thielen, l’avocat à la défense des parties civiles, a réclamé des dommages et intérêts pour le conducteur du véhicule. Pour lui, le policier a agi de façon disproportionnée. Au lieu de viser le capot, il aurait pu viser les pneus. Me Pol Urbany, l’avocat à la défense du policier, quant à lui, plaide l’acquittement de son mandant : « La riposte était proportionnée .» Car, son mandant aurait agi « en état de légitime défense et en état de nécessité ».

Le procès se poursuit, ce mercredi matin, avec le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst

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