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Rixe sanglante à Esch : il nie avoir planté le couteau dans le dos de la victime


Après avoir été poignardée devant un café avenue de la Gare, la victime s'était déplacée de quelques mètres. À l'arrivée de la police, elle était assise dans le rond-point avec le couteau planté dans le dos. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

Depuis mardi, la chambre criminelle planche sur une rixe sanglante qui avait éclaté il y a deux ans en face d’un café près de la gare. Le jeune homme de 27 ans sur le banc des prévenus conteste la tentative d’assassinat que lui reproche le parquet…

«Sa vie n’était pas en danger. Mais il a eu de la chance que le couteau n’ait pas touché les poumons ou la rate.» Pour le médecin légiste, il n’y a pas de doute que le couteau doté d’une lame de 11 cm a été planté avec une certaine violence dans le dos du jeune homme de 25 ans le 15 juillet 2018 vers 16 h 50 à Esch-sur-Alzette. La preuve : l’arme avait transpercé la veste en cuir de la victime avant de sectionner la 9e côte et de toucher la cavité abdominale. «Elle avait toujours le couteau planté dans le dos quand elle est arrivée au CHEM. Il a dû être retiré sous anesthésie», a détaillé le spécialiste à l’ouverture du procès, mardi matin.

Sur le banc du prévenu est assis Gilson V. (27 ans). Le jeune homme poursuivi pour tentative d’assassinat et en détention préventive à Schrassig conteste les faits. «Il y a eu une bagarre, mais je n’ai pas donné de coup de couteau.» Voilà ses premiers mots à la barre de la 13e chambre criminelle. Mais pour l’enquêteur de la police judiciaire, il avait bien un motif : ses lunettes cassées…

Du sang sur une cinquantaine de mètres

Retour sur les lieux du crime. La victime avait été retrouvée blessée par une patrouille de police au niveau du rond-point boulevard J.-F.-Kennedy. Le couteau planté dans le dos, elle était assise par terre. Les traces de sang menaient sur une cinquantaine de mètres jusque devant un café au croisement entre l’avenue de la Gare et la rue Ferdinand-Nothomb. Mais aucune trace de l’auteur.

À part deux témoignages, les policiers ne récolteront pas beaucoup d’éléments probants. Et pourtant il y avait du monde. Ce dimanche après-midi, il faisait beau. Et c’était le jour de la finale de la Coupe du monde de football. Mais la police a l’habitude quand elle intervient sur certaines rixes entre Cap-Verdiens : «Les gens dans les parages ne disent rien ou ne veulent rien dire.»

Dans l’immédiat, un homme bien connu des services de police et de la justice avait été désigné. Mais cette piste avait vite été écartée. Depuis son lit d’hôpital, la victime avait fini par livrer d’autres indices. Deux jours après les faits, elle avait sorti le nom de son agresseur : un certain Gilson. Il s’agissait de l’homme avec lequel elle disait s’être déjà bagarrée la nuit précédente. Elle avait aussi montré à l’enquêteur une photo de la BMW3 avec laquelle il se serait enfui. Mais elle avait aussi cité encore deux autres noms par la suite.

Cueilli par hasard à la suite d’un contrôle policier

Le temps que la police effectue toutes les vérifications, Gilson V. avait toutefois atterri malencontreusement au poste de police à Esch. Lors d’un contrôle de police sur l’autoroute, il était le passager d’une voiture dont le conducteur n’avait pas de permis. Et il n’avait pas pu présenter de papiers… Le hasard a voulu que le policier saisi de l’attaque au couteau passe par là et reconnaisse le suspect dans la salle d’attente. Depuis ce 22 juillet 2018, le jeune homme dort donc à Schrassig.

Qu’il y ait eu une première bagarre dans la nuit du 14 au 15 juillet, sur ce point, Gilson V. rejoint la version de la victime. Une bagarre lors de laquelle son adversaire aurait d’ailleurs cassé ses lunettes. Voilà pourquoi il aurait recherché le lendemain le jeune homme pour lui demander des explications. Mais ce n’est pas pour autant qu’il l’aurait poignardé. Comme il aurait été blessé à la main dans la nuit, il n’aurait pas pu y tenir un couteau, avait-il confié à l’expert neuropsychiatre.

Un détail qui ne colle toutefois pas avec les constations de la police une petite heure avant les faits reprochés. Appelés à cause d’une première bagarre vers 16 h dans le même quartier, les agents avaient contrôlé plusieurs personnes dans cet attroupement, dont Gilson V. Et à cette heure, il ne présentait aucune blessure.

L’un des témoins clés de la rixe sanglante vers 16 h 50 déclare toutefois que l’auteur du coup de couteau saignait de la main. Un signe que la blessure devait donc être fraîche… Le policier se souvient aussi comment Gilson V. avait tenté de dissimuler sa main sous ses jambes le jour où il l’avait croisé par hasard au commissariat. Un peu comme s’il avait voulu éviter des questions…

Les traces ADN sur la victime et sur le sol

Un autre indice qui fait dire à l’enquêteur que Gilson V. est la bonne personne sur le banc des prévenus est le fait qu’il était connecté au réseau wifi du kébab près du café quelques minutes avant la rixe. Ce qui démontre qu’il était bien dans les parages. Et puis, il y a ses traces ADN. Elles ont à la fois été retrouvées au sol et sur les vêtements de la victime.

Un expert en parlera plus précisément ce mercredi après-midi lors de la suite du procès.

Fabienne Armborst

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