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Mort d’un SDF au Findel : le prévenu parle


(illustration JC ernst)

Plusieurs témoins avaient découvert fin mars 2014 le sans-abri blessé non loin du foyer de nuit du Findel. Ils se sont exprimés mercredi.

Poursuivi pour assassinat, le prévenu a longtemps contesté avoir vu, le 28 mars 2014, un homme gisant au sol. Dans la version qu’il a livrée mercredi après-midi à la barre, il repousse la faute sur l’homme qui était avec lui ce soir-là. Mais tout d’abord, la chambre criminelle a entendu six témoins qui avaient remarqué deux silhouettes portant des coups de pied à la victime.

« J’étais en train de conduire route de Trèves quand à ma droite j’ai aperçu quelque chose par terre. Il y avait deux personnes en train de donner des coups de pied sur quelqu’un. » Tandis que le témoin cherche un endroit pour se garer, son mari saute de la voiture pour aller à la rescousse de l’homme gisant au sol. « Il ne bougeait plus. Il respirait superficiellement. Il avait du sang derrière la tête jusqu’au col. Je lui ai fait un massage cardiaque », relate-t-il.

Le couple n’était pas le seul témoin de la scène obscure. Trois autres personnes qui voulaient récupérer leur voiture sur un parking à la sortie d’une assemblée générale apportent quelques précisions  : « Il était 20  h  30 passées. Au loin, j’ai aperçu deux silhouettes. Au moins une d’entre elles donnait des coups de pied sur un objet au sol. En nous rapprochant, on a constaté que ce n’était pas un sac poubelle, mais un homme. » « Quand les deux personnes nous ont aperçus, elles sont vite parties », complète un autre témoin.

La suite du drame est connue. Malgré les premiers secours, la victime de 41  ans décède quelques jours plus tard à l’hôpital d’un hématome sous-dural. Les deux individus signalés à la police ont été interpellés le soir même au foyer de nuit pour sans-abri situé à environ 300  mètres. Mais seul un homme, un Lituanien de 35  ans, se trouve aujourd’hui sur le banc des prévenus. Du second homme originaire de Pologne, les autorités ont perdu toute trace depuis la fin de la Wanteraktioun au foyer de nuit le 1 er avril 2014.

Lire aussi : Le sans-abri a-t-il été assassiné au Findel ?

 

Longtemps, le trentenaire a campé sur sa position prétendant que le soir du drame il n’avait vu personne gisant au sol. Lors de sa deuxième audition devant le juge d’instruction, il s’est finalement rétracté, expliquant que le deuxième homme était l’auteur des coups. « À l’époque, j’avais déjà passé plusieurs mois en prison. Je ne voulais pas y rester plus longtemps pour quelque chose que je n’ai pas commis », s’est-il justifié, mercredi.

À l’origine de l’altercation, le prévenu cite un incident dans le bus. Alors que le Polonais avait allumé une cigarette, la future victime lui aurait fait une remarque à ce sujet. À la sortie du bus, la situation se serait un peu calmée. « Mais comme je ne parle pas l’allemand, je n’ai pas tout compris» , se défend-il. Toujours est-il qu’à un moment le Polonais se serait retourné et aurait frappé du plat de la main la victime, qui serait tombée au sol. C’est alors que son agresseur aurait commencé avec les coups de pied.

«Je ne faisais pas confiance à la police»

« Pourquoi n’avez-vous pas dit tout de suite la vérité à la police? », creuse la présidente. « Je suis né en Lituanie. Je n’avais pas confiance en la police luxembourgeoise. Je pensais que c’était comme dans mon pays. Et comme j’ai déjà fait de la prison, je me suis dit que la première chose qu’ils allaient me dire serait  : « Tu as déjà un casier judiciaire! » »

Le prévenu dit ne plus savoir combien de temps le Polonais a frappé la victime. Tout ce dont il se souvient : « Quand une voiture a klaxonné, il a arrêté .» À cet instant, ils se seraient donc dirigés vers le foyer où ils comptaient passer la nuit.

En début d’audience hier, un sans-abri a témoigné qu’à son arrivée au foyer le prévenu lui avait fait le signe «chut». Or selon le récit de ce même témoin, il n’y a pas eu d’incident particulier dans le bus. Il affirme aussi ne pas avoir vu la victime très alcoolisée discuter avec le Polonais et le Lituanien à la sortie du bus. Mais il ajoute qu’il arrivait qu’elle soit insolente vis-à-vis des étrangers.

Au premier jour du procès, le médecin légiste avait déclaré n’avoir trouvé aucun élément qui corrobore l’hypothèse qu’une tierce personne ait commis un acte de violence sur la victime. La présidente avait dans un premier temps envisagé de confronter l’expert au professeur en neuroradiologie qui est arrivé à une autre conclusion.

À la barre, ce dernier a expliqué mercredi avoir basé ses conclusions sur des études statistiques  : « Dans les pays développés, la violence entre personnes constitue la cause la plus fréquente de fractures. » Sur les images, il avait repéré une fracture. Or sur le visage de la victime, le médecin légiste n’a constaté aucune contusion.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi.

Fabienne Armborst

 

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