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Meurtre d’Ana Lopes : «Marco était toute la nuit à la maison»


La jeune femme de Bonnevoie avait disparu dans la nuit du 15 au 16 janvier 2017. Son corps calciné a été retrouvé dans son véhicule incendié aux abords de Roussy-le-Village, en Lorraine. (Photo : Fabienne Armborst)

La nuit de la mort brutale d’Ana Lopes, son ex-petit ami Marco B. a un alibi : il était occupé à promener les chiens. C’est ce que déclare sa mère. Le père a également clamé l’innocence de son fils, mercredi à la barre.

«Madame la juge, je veux qu’on trouve qui a fait ça. Mais je ne veux pas qu’on condamne un innocent.» Mercredi après-midi, au 10e jour du procès autour de la mort brutale d’Ana Lopes dans la nuit du 15 au 16 janvier 2017, la chambre criminelle s’est attaquée à l’audition des parents du prévenu Marco B. (32 ans). Depuis début juin 2017, leur fils se trouve en détention préventive. À tort, estiment-ils. Car la nuit de la disparition d’Ana Lopes, «il était à la maison». «Et le lendemain, il était toute la journée au travail», insiste sa mère.

«Marco est resté au garage pendant toute la journée avec mon mari et il a réparé une voiture de la marque Citroën», avait-elle déclaré dès le 19 janvier 2017 à la police. «Pourquoi?», voulait savoir la présidente, mercredi. Du dossier, il ressort en effet que Marco B. a quitté en début d’après-midi Luxembourg pour se rendre via l’A3 de l’autre côté de la frontière, en France. Selon les données de géolocalisation de son portable, il était près du bois de Kanfen, donc non loin de Roussy-le-Village, où la voiture carbonisée d’Ana Lopes a été retrouvée…

«On peut penser qu’il fallait absolument que vous essayiez de démontrer qu’il était toute la journée au garage. Et vous allez jusque dans les moindres détails en donnant même la marque de la voiture. Ça c’est bizarre et on commence à se poser des questions…» «Normalement, il ne devait pas sortir. J’ai seulement su par après qu’il devait aller chercher un pot d’échappement…», répondra la mère. «Quand on dit quelque chose, souvent on a une raison pour le dire!», a embrayé la présidente.

Trois chiens pour montrer patte blanche?

Ce n’est pas le seul détail qui dérange la chambre criminelle. D’après les déclarations de la mère à la police, le dimanche 15 janvier, Marco est rentré entre 21 h 30 et 22 h à la maison. Problème : à 22 h 48, on voit passer sa voiture devant le Café Pepper’s, là où Ana a aussi passé la soirée. «Le policier m’a tellement forcée à dire une heure…» Voilà l’explication de la mère à la barre.

En tout cas cette nuit-là, elle et Marco étaient occupés à sortir leurs compagnons à quatre pattes. C’est aussi l’explication qu’elle donne pour les deux SMS que l’enquête a pu retracer. À 3 h 07, elle envoie un message à son fils. Et à 6 h 19, ce dernier lui en envoie un. Ces deux SMS interpellent d’autant plus qu’ils ont disparu du portable des deux interlocuteurs. «Ça aurait beaucoup aidé l’enquête, dans un sens comme dans l’autre, de connaître le contenu de ces messages», constate la présidente. «Marco promenait le plus grand chien et moi j’avais les deux petits. Et comme le premier allait plus loin et qu’il n’avait pas la clé de la maison familiale, on s’est envoyé un SMS», expliquera la mère. Et l’appel à 1 h 17? «C’était pour qu’il baisse le volume de la télé.»

«Les policiers ne font pas bien leur travail»

«Qu’est-ce que vous avez ressenti quand votre fils a été arrêté?», finira par l’interroger la chambre criminelle. «J’ai ressenti de la haine. Je sais que mon fils n’a rien à voir avec ça. Les policiers ne font pas bien leur travail. Car mon fils était toute la nuit à la maison. Il était toujours là.»

Le père, entendu dans la foulée, a lui aussi une dent contre la police. Selon lui, il faut chercher le coupable dans le milieu de la drogue qu’Ana avait fréquenté. «Ana s’est plainte qu’elle craignait pour sa vie.» Encore quelques mois avant sa disparition, elle lui aurait confié avoir toujours des problèmes. La chambre criminelle est dubitative : «Vous semblez être la seule personne dans le dossier à laquelle Ana a fait de telles confidences.»

«Il y a des choses bizarres dans ce dossier», dira encore le père en parlant du déroulement de la deuxième perquisition chez lui et du comportement de l’enquêteur. Ce dernier finira pas se manifester pour contester ces dires : «Ce n’est pas moi qui ai fait la perquisition. J’ai fait l’audition de Marco B.»

À la barre, le père ne livrera pas plus de détails sur les sorties nocturnes des chiens. «Je suis diabétique. Quand je m’endors, c’est fini.» Mais le lendemain, il était bien au garage. Il affirme que son fils devait se rendre en France pour récupérer une pièce d’occasion, mais il aurait fini par le rappeler, car il aurait trouvé la pièce au Luxembourg… Ce n’est pas ce que raconte la téléphonie. «Selon ces données, vous n’avez jamais parlé à votre fils au téléphone…», lui fera remarquer la présidente.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi avec l’audition de la sœur et du frère du prévenu.

Fabienne Armborst

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