Accueil | Police-Justice | Meurtre d’Ana Lopes : «Un de ces quatre, je vais engager quelqu’un pour faire disparaître Ana»

Meurtre d’Ana Lopes : «Un de ces quatre, je vais engager quelqu’un pour faire disparaître Ana»


Enlevée à Bonnevoie, Ana Lopes avait été retrouvée morte aux abords de Roussy-le-Village en Lorraine. Le procès de son ex-petit ami a entamé mardi sa troisième semaine. (Photo : Fabienne Armborst)

Ana Lopes a été retrouvée morte dans sa voiture carbonisée à Roussy-le-Village. Son ex-petit ami Marco B. conteste les faits. Mais certaines de ses paroles ne sont pas tombées dans l’oubli…

«Normalement Ana m’envoyait un message quand elle passait la nuit ailleurs.» Mais pas cette nuit du 15 au 16 janvier 2017. Quand la mère s’était réveillée à 6 h du matin, sa fille n’était toujours pas rentrée à la maison à Bonnevoie et aucune nouvelle de sa part. «J’ai appelé l’ami avec lequel je savais qu’elle avait passé la soirée. Il m’a dit qu’il l’avait quittée à minuit et quelques…»

Les larmes aux yeux, la mère a fait le récit de la disparition de sa fille de 25 ans, mardi matin, au 9e jour du procès. Sur le banc des prévenus se trouve Marco B. (32 ans), l’ex-petit ami et père de leur fils en commun. Quand la police avait annoncé avoir retrouvé la voiture d’Ana, elle raconte avoir encore gardé espoir. Cet espoir se serait toutefois envolé dès qu’elle avait appris qu’elle avait été brûlée au milieu d’une forêt à Roussy-le-Village en Lorraine. «Cela a tout de suite déclenché une lumière dans ma tête.» Des menaces formulées un jour par Marco B. lui seraient revenues à l’esprit, à savoir celle de «brûler» une amie d’Ana «dans une forêt» : «J’achète une vieille voiture, je mets le feu et je la mets dans la forêt…» En passant la frontière, il n’y aurait rien à craindre, aurait-il par ailleurs dit.

«Je ne veux pas avoir un fils de cet animal»

Ana et Marco se sont connus à l’automne 2013. Le petit est né au printemps 2015. Que la relation était compliquée, deux amies l’avaient déjà esquissé la semaine dernière : ils n’avaient cessé de se séparer et de se remettre ensemble. Après une violente dispute, Ana a même à un moment songé à avorter, poursuit sa mère. Elle se souvient des mots de sa fille. «Je ne veux pas avoir un fils de cet animal.» «Mais je lui ai dit : „Je suis là avec toi. Je ne vais jamais te quitter. Ne fais pas cela!“.» Et Ana avait continué sa grossesse. «J’ai un grand sentiment de culpabilité, finira par dire la mère en fondant en larmes. Peut-être que si je l’avais laissé faire, on ne serait pas là aujourd’hui. Peut-être elle aurait pris ses distances avec Marco…»

Longeant le box du prévenu pour reprendre sa place dans le fond de la salle, elle lui lâche un mot en portugais. Cela n’échappe pas à la chambre criminelle qui l’invite à le répéter à voix haute. «Je lui ai dit qu’il était un animal», fait savoir sans détour la mère par le biais de l’interprète.

De ce qui ressort du dossier, la mère d’Ana n’est pas la seule à avoir entendu des propos menaçants émanant de Marco B. Du côté de la famille du trentenaire, placée sur écoute téléphonique, certaines déclarations avaient mis la puce à l’oreille des enquêteurs. Et plus particulièrement celles de la compagne du frère de Marco B. Les propos de la belle-sœur à l’égard des parents de Marco B. n’étaient pas très élogieux. Elle craignait pour son enfant : «Ils tentent de faire la même chose avec moi qu’avec Ana : prendre le petit.» Mais cela ne s’était pas arrêté là. Lors de son audition à la police, elle avait directement visé Marco B. Dans le contexte de séparation avec Ana, il aurait ainsi dit : «Un de ces quatre, je vais engager quelqu’un pour faire disparaître Ana.»

«Des fois, on dit des choses qu’on ne croit pas»

«Des fois, on dit des choses qu’on ne croit pas…» C’étaient les mots de la belle-sœur à la barre de la chambre criminelle, hier matin. Et de poursuivre après un long silence : «Ce n’est pas parce qu’on dit quelque chose qu’on va le faire.»

«Vous êtes la seule dans le dossier qui dit clairement que quelque chose comme ça a été dit», tentera de la relancer la présidente en répétant la suite de sa déposition : «Il disait ça en rigolant, mais c’est son style quand il prend quelque chose au sérieux.» «Il dit tout en rigolant», répondra la belle-sœur. Tentant de se dépatouiller, elle ajoutera : «Une autre personne a pris cela à cœur et a été faire cela à sa place pour l’incriminer…»

À l’automne 2018, lors de son audition au poste de police, sa relation avec le frère de Marco B. n’était pas au beau fixe. Contrairement à aujourd’hui. Ceci explique-t-il son comportement à la barre? «On n’aime pas, Madame, quand les déclarations sont tournées en fonction de si vous êtes en couple avec le frère ou pas», la tancera la chambre criminelle. «Je suis là pour parler, pas pour défendre qui que ce soit. Tout ce que je raconte, c’est ce que les gens racontent autour. À l’époque, je n’avais pas beaucoup de contacts avec Ana et Marco», insistera la belle-sœur.

Suite du procès ce mercredi après-midi avec l’audition des parents du prévenu Marco B.

Fabienne Armborst

À lire également sur ce procès :

Ana Lopes : enlevée à Bonnevoie, retrouvée calcinée à Roussy-le-Village
Meurtre d’Ana Lopes : trois chiens pour montrer patte blanche ?
Meurtre d’Ana Lopes : l’itinéraire compromettant du portable de l’ex-petit ami
Meurtre d’Ana Lopes : une trace ADN et deux pas dans la neige…
Enlevée à Bonnevoie, retrouvée morte à Roussy-le-Village : le procès reprend
Meurtre d’Ana Lopes : «J’ai apporté les pièces à conviction»
Meurtre d’Ana Lopes : des traces ADN sur un serre-câble et un ruban adhésif
Meurtre d’Ana Lopes : «C’était une fille qui avait la joie de vivre», témoignent ses amies
Meurtre d’Ana Lopes : un bout de scotch qui interroge

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.