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Meurtre d’Ana Lopes : «C’était une fille qui avait la joie de vivre», témoignent ses amies


La disparition d’Ana Lopes avait choqué Bonnevoie, son quartier. Une marche blanche avait été organisée. Et environ 200 personnes lui avaient rendu un dernier hommage lors des funérailles. (Photo : archives lq/Isabella Finzi)

La chambre criminelle a entendu jeudi deux amies de la jeune maman retrouvée calcinée dans sa BMW en Lorraine. Elles évoquent une relation compliquée avec le père de l’enfant, Marco B.

«Ana était quelqu’un de joyeux. C’était une fille qui avait la joie de vivre. On pouvait compter sur elle à n’importe quelle heure…» La gorge nouée, les deux mains appuyées contre la barre, la jeune femme marque une pause. «Désolée…» Elle reprend : «Ana était une très bonne maman aussi. Je l’ai vue devenir une vraie femme. C’était comme une fleur… C’était quelqu’un de bien.» Les mines sont cachées par les masques, mais l’émotion est bien palpable. Dans le fond de la grande salle d’audience, les yeux étaient embués et quelques sanglots se sont fait entendre lorsque la «très bonne amie» d’Ana a pris la parole, jeudi après-midi, au 7e jour du procès.

Ana (25 ans) venait de sortir du Pepper’s Café, à Bonnevoie, où elle avait passé une partie de la soirée du 15 janvier 2017. Avec sa voiture, elle était passée chercher à manger au McDonald’s. Elle rentrait chez elle, quand vers 1 h son ravisseur l’a surprise à quelques mètres de son domicile. Son cadavre calciné avait été retrouvé dans sa BMW de l’autre côté de la frontière en Lorraine, aux abords de Roussy-le-Village.

Durant de longues heures, enquêteurs et experts ont fait parler les traces qui expliquent qu’aujourd’hui Marco B. (32 ans), l’ex-petit ami de la jeune femme, se trouve sur le banc des prévenus. Jeudi, c’était au tour des proches de raconter l’histoire d’Ana. «Ana avait ses défauts, ses problèmes de jeunesse. Oui, elle a touché à la drogue. Mais quand elle est tombée enceinte, elle a tout arrêté.»

Les deux amies, entendues jeudi par la chambre criminelle, sont unanimes. «Ce n’était pas du tout une méchante fille.» Elles connaissaient Ana depuis 2009. Elles ne cachent pas sa consommation de cannabis et de cocaïne. Mais de là à parler de trafic de drogue, comme l’avait fait entendre le prévenu Marco B. à la police… «C’était entre amis. Ils venaient pour fumer avec elle. Ce n’était pas pour en vendre à gauche et à droite.» Toujours est-il que tout ça aurait été terminé quand elle est tombée enceinte. «Elle voulait absolument avoir un enfant!»

«Il la menaçait, il la poursuivait partout…»

Les deux amies n’ont jamais vraiment eu affaire à Marco B., le père de son fils. «On s’est croisés à une soirée à la Gare, mais on ne s’est jamais parlé», se rappelle l’une d’elles. La raison? «Quand elle a commencé à être avec lui, on ne s’est plus vues. Soi-disant parce qu’on était des mauvaises influences…» Et l’autre de confirmer : «Quand elle était avec lui, elle ne sortait pas avec ses amies. Il ne voulait pas qu’elle traîne avec nous. Elle faisait ce qu’il disait…» Jusqu’à la prochaine séparation. Ce qui était arrivé l’une ou l’autre fois au cours de leur relation, à les entendre.

Si les deux amies n’ont pas rencontré Marco B., ce n’est pas pour autant qu’elles n’en ont pas entendu parler. Elles se souviennent des dires d’Ana et de certains SMS avec ces «gros mots»… tellement «vulgaires» qu’elles hésiteront même à les répéter face aux juges. «Il la menaçait tout le temps, il la poursuivait partout. Il ne la laissait rien faire… Quand elle était enceinte, il la tapait.»

Elles disent ne pas avoir été témoins de ces violences. À part la fois où il lui aurait mis «la main au cou à la sortie de discothèque». «C’était après leur première séparation», précise la première. Tandis que l’autre se souvient d’avoir vu de ses propres yeux le désarroi d’Ana un jour quand elle était déjà enceinte : «Deux heures, elle a pleuré dans la voiture devant chez moi. C’était horrible.» Elle n’est pas non plus près d’oublier certaines de ses paroles. «Soit je me barre avec mon fils en Argentine, soit vous allez me trouver dans un trou morte. Elle me l’a dit souvent.»

«La vieille voiture, le feu et la forêt»

L’autre amie entendue jeudi avait eu plus qu’une simple relation amicale avec Ana. Avant qu’elle ne fasse la connaissance de Marco B., elles avaient en effet eu une relation. «Une relation avec des hauts et des bas», comme elle ne manquera pas d’expliquer. «J’ai refait ma vie. Mais si j’avais encore été avec Ana… peut-être à ce moment-là, on serait toutes les deux mortes», s’interroge-t-elle. Si elle-même n’avait jamais reçu de menaces, la mère d’Ana lui en aurait rapporté venant de Marco B. : «Il a dit qu’il la mettrait dans une vieille voiture qu’il brûlerait dans la forêt.»

Ana et Marco B. s’étaient séparés fin octobre 2016. «Avant sa disparition, Ana avait un petit copain», confirme sa «très bonne amie». La dernière fois qu’elle l’avait vue, elle lui avait prêté un téléphone. «Ana, c’était une personne avec un grand cœur et qui essayait d’aider tout le monde.»

Le procès se poursuit ce vendredi matin.

Fabienne Armborst

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