Accueil | Police-Justice | Meurtre d’Ana Lopes : «Les crêpes ne sont pas importantes dans ce dossier!»

Meurtre d’Ana Lopes : «Les crêpes ne sont pas importantes dans ce dossier!»


La famille de Marco B. s’efforce de fournir le moindre détail pour prouver qu’il ne pouvait être à Roussy-le-Village la nuit où Ana Lopes a disparu. (Photo : le républicain lorrain/Julio Pelaez)

Dans le procès autour de la mort brutale d’Ana Lopes, la sœur et le frère du prévenu Marco B. ont témoigné jeudi. On a de nouveau parlé des trois chiens, de la drogue, mais aussi de crêpes…

«Je ne sais pas si Marco est resté pour manger des crêpes…»
La présidente abrège la réflexion de sa sœur à la barre : «Oui, il a mangé des crêpes, d’après lui. Mais ce n’est pas la chose importante dans ce dossier!»
– «Je veux donner le plus de précisions possibles, Madame…»

Le déroulement de la soirée du 15 janvier 2017 aura de nouveau longuement occupé la chambre criminelle, jeudi après-midi, au 11e jour du procès autour de la mort brutale d’Ana Lopes. Le corps calciné de la jeune femme disparue à Bonnevoie avait été retrouvé aux abords de Roussy-le-Village en Lorraine. La famille de son ex-petit ami Marco B. (32 ans) s’efforce de fournir le moindre détail pour prouver qu’il était bien à la maison cette nuit-là. Sa sœur se souvient ainsi d’avoir regardé le soir un film avec lui. Mais là où cela cloche, c’est l’heure où elle prétend que Marco B. est rentré à la maison. «Il peut être 21 h ou 22 h», avait-elle déclaré la police.

«Vous ne trouvez pas cela bizarre, que vous et votre mère vous donnez les mêmes fausses heures?», lui lance la présidente pour tenter de lui remettre les pendules à l’heure, jeudi. Des caméras de vidéosurveillance, on sait en effet qu’à 22 h 48, la voiture de Marco B. est passée devant le café Pepper’s, là où Ana a aussi passé la soirée… Il ne pouvait donc être à la maison plus tôt. «Je n’avais pas regardé l’heure. Mais les enquêteurs ont tellement insisté pour que je donne une heure. J’ai cru bien faire pour aider l’enquête…»

Pour les deux fameuses sorties avec les chiens vers 3 h et 6 h, la sœur ne peut livrer de détails. Car elle dormait profondément. Mais elle confirme : promener les chiens en pleine nuit, c’était normal et obligé pour que Rocky, Spot et leur troisième compagnon à quatre pattes ne fassent pas leurs besoins dans la maison. Et elle confirme aussi que Marco avait la «sale manie de prendre le plus gros chien Rocky» pour faire un tour plus loin. En gros, cela aurait donc été normal que sa mère qui l’attendait lui envoie un SMS.

«Le tueur vient du milieu de la drogue»

D’après la famille du prévenu, le coupable il faut le chercher dans le milieu de la drogue. «Apparemment Ana vendait de la drogue et apparemment elle a vu une personne qu’elle n’aurait pas dû voir.» Tout cela, la sœur de Marco B. le tient de rumeurs. Elle parlera encore d’un «grand avocat au Luxembourg qui a dans sa chambre un faux mur avec un stock de drogue». «Le problème, c’est que les échos de la rue de Strasbourg et votre famille, ce sont les seuls à affirmer ces choses-là…», interviendra la présidente.

«Du dossier, il ressort qu’Ana consommait des stupéfiants au moins jusqu’à sa grossesse. Qu’il y a eu trafic de stupéfiants, c’est beaucoup moins établi. C’est surtout la famille B. qui l’affirme», répètera la présidente quelques minutes plus tard face au frère de Marco B. Car lui aussi estime que «le tueur vient du milieu de la drogue».

Mais selon lui, il y a bien une raison pourquoi personne d’autre ne parle. «Les autres ont peur. Moi et ma femme, on s’est fait menacer sur Facebook qu’on va nous brûler…» Lui avait aussi déclaré à la police qu’Ana avait «une cache à proximité de la frontière franco-luxembourgeoise» pour ses drogues. Ce qui collerait avec le lieu du crime. «C’est ce qu’on ma dit. Des amies à elle disaient cela.»

«Il veut à tout prix condamner mon frère»

«„Beaucoup de gens disent“ : „On dit cela dans la rue de Strasbourg.“ Des affirmations de ce genre ont zéro valeur. Vous affirmez des choses sous la foi du serment, mais vous ne ramenez aucune preuve…», finira par constater la présidente après que le frère avait aussi fermement critiqué le travail de l’enquêteur. «Il veut à tout prix condamner mon frère. „Fais attention. Je peux aussi te mettre en prison“, m’a-t-il dit. Et il m’a suivi avec sa Nissan Patrol verte.» Aussi la sœur avait affirmé avoir été suivie par une Renault Clio… Tout comme le père la veille. «Je crois que vous déconnez tous dans cette famille. Vous en voyez partout…», dira la présidente.

Ce vendredi matin, la chambre criminelle s’attaquera à l’audition de Marco B.

Fabienne Armborst

À lire également sur ce procès :

Ana Lopes : enlevée à Bonnevoie, retrouvée calcinée à Roussy-le-Village
Meurtre d’Ana Lopes : trois chiens pour montrer patte blanche ?
Meurtre d’Ana Lopes : l’itinéraire compromettant du portable de l’ex-petit ami
Meurtre d’Ana Lopes : une trace ADN et deux pas dans la neige…
Enlevée à Bonnevoie, retrouvée morte à Roussy-le-Village : le procès reprend
Meurtre d’Ana Lopes : «J’ai apporté les pièces à conviction»
Meurtre d’Ana Lopes : des traces ADN sur un serre-câble et un ruban adhésif
Meurtre d’Ana Lopes : «C’était une fille qui avait la joie de vivre», témoignent ses amies
Meurtre d’Ana Lopes : un bout de scotch qui interroge
Meurtre d’Ana Lopes : «Un de ces quatre, je vais engager quelqu’un pour faire disparaître Ana»
Meurtre d’Ana Lopes : «Marco était toute la nuit à la maison»