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Manifestants poursuivis pour rébellion au Kirchberg : « Les policiers ont commencé avec la violence »


Les six personnes sont poursuivies pour rébellion et coups et blessures volontaires sur des agents de police lors d'une manifestation au Kirchberg le 5 juin 2014. (illustration Jean-Claude Ernst)

Au deuxième jour du procès des manifestants du Kirchberg, la parole était aux prévenus. Ils contestent la rébellion contre les forces de l’ordre.

Depuis mercredi, six personnes âgées entre 25 et 38 ans sont convoquées devant le tribunal correctionnel pour rébellion et coups et blessures volontaires sur des agents de police lors d’une manifestation au Kirchberg le 5 juin 2014. Jeudi matin au deuxième jour du procès, après la fin de l’audition des témoins, la parole était aux quatre prévenus présents. Les versions entre les policiers et manifestants divergent. Les deux parties se renvoient la balle.

«Comme les manifestants étaient assis devant l’entrée du bâtiment, on a reçu l’ordre de libérer la place. La situation a complètement dégénéré. Car la plupart ne voulaient pas bouger. Sans usage de la force, on n’aurait pas pu lever le blocage», a témoigné un policier en début d’audience. Une policière enchaîne : «On a jeté sur nous un liquide d’une consistance plus épaisse. Cela a déclenché des brûlures au niveau de la peau. Je ne pouvais plus ouvrir les yeux.» Un autre policier explique avoir perdu une dent pendant l’intervention.

Les prévenus, quant à eux, contestent avoir agressé les forces de l’ordre. Ils déplorent l’absence de communication verbale de la part de la police. «Cela devait être une marche paisible. Ce sont les policiers qui ont commencé avec la violence. Je n’ai reçu aucun ordre de la part de la police», affirme un premier manifestant. «J’ai été très choquée par la manière de procéder des policiers luxembourgeois», enchaîne la seule prévenue, poursuivie notamment pour avoir proféré des injures et ôté la casquette d’un agent. «L’expression Schäiss Flic’en qui est tombée existe seulement en luxembourgeois. Combien parmi vous parlaient luxembourgeois ?», demande le président à la prévenue luxembourgophone qui répond : «Je ne peux pas le dire.»

Cinq policiers se sont constitués parties civiles

Lors de son audition par le tribunal, une policière avait rapporté avoir ressenti un geste désagréable à l’entrejambe et clairement identifié l’un des prévenus. Or ce dernier conteste. «Je ne suis pas la personne qu’elle a décrite», déclare-t-il.

Pour Me Laura Urbany, il n’y a pas de doute sur le fait que la manifestation au Kirchberg n’avait pas été autorisée. «La police avait le droit de libérer la place de l’Europe. Certains manifestants ne l’ont pas fait. Mais ce n’est pas pour autant que cela constitue une rébellion.» «Il n’y a pas suffisamment d’éléments dans le dossier pour affirmer que la rébellion était planifiée au préalable», argue-t-elle. L’avocate des quatre prévenus présents note que sur aucun de ses clients on a retrouvé du spray au poivre ou du gaz lacrymogène.

La défense estime également qu’il est difficile de retenir l’infraction des coups et blessures volontaires. Elle cite l’exemple de son client qui avait un instrument de musique et sa bouteille d’eau dans les mains : «Il n’avait pas beaucoup de possibilités pour se défendre. Même s’il a fait un mouvement instinctif, l’élément moral n’est pas donné.»

Les débats doivent s’achever vendredi après-midi avec le réquisitoire du parquet. Jeudi, cinq policiers se sont constitués parties civiles. Ils réclament un total de 24 500 euros pour le préjudice moral subi. L’administration des Bâtiments publics, quant à elle, demande 2 000 euros pour le nettoyage des lieux.

Fabienne Armborst

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