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Frontière française : jugés pour 250 plants de cannabis !


Quelque 250 plants de cannabis avaient été découverts dans la résidence secondaire, aménagée en laboratoire clandestin… (Photo : archives RL /René Bych).

Du laboratoire de cannabis au tribunal. Cinq ans après la découverte de 250 plants dans une maison de Gorcy, le cultivateur présumé est passé mardi en correctionnelle à Briey. Il a expliqué avoir joué les jardiniers afin de soigner son épouse frappée d’une polyneuropathie. Délibéré en octobre.

Al’époque, le patron des gendarmes, qui en avait pourtant vu d’autres, parlait d’une saisie « exceptionnelle ». Jugez plutôt : quelque 250 plants découverts (!), un véritable laboratoire avec lampes chauffantes et système d’irrigation, seize téléphones, une carabine et un pistolet automatique. Tout ça dans… une coquette maison de Gorcy. Ni vu ni connu. Enfin pas tout à fait puisque le couple propriétaire de l’habitation s’est fait cueillir par les pandores un beau jour de novembre 2015.

Mardi dernier, après presque cinq ans d’instruction, le mari est passé à la barre. Patrick n’est pas jugé pour trafic, la vente de stups n’ayant jamais été établie. Il est poursuivi pour la détention du cannabis et des armes, ainsi que pour… vol d’électricité. Le compteur avait été trafiqué pour que EDF ne se rende pas compte de la surconsommation de courant, évitant ainsi au prévenu de régler des factures autrement plus douloureuses ! La femme du quinquagénaire est, elle, citée comme témoin dans cette affaire.

Son épouse frappée d’une polyneuropathie

L’épouse est d’ailleurs le personnage central de cette histoire hors norme. Car c’est pour sa moitié que Patrick s’est lancé dans la production de cannabis. Une production qui pouvait faire rougir plus d’un gros dealer…

Barbara (prénom changé) est frappée d’une polyneuropathie. « Je subis une centaine de décharges électriques par jour, les douleurs sont insupportables », affirme-t-elle devant les magistrats. Aucun remède n’a apaisé ses souffrances. Ni la morphine, ni l’opium. Alors son mari a pensé, sans le lui dire car il ne savait pas si elle allait être d’accord (la maison est une résidence secondaire), aux vertus médicinales de la drogue douce. Sa culture, au-delà de l’enrichissement de ses producteurs, permet en effet d’en tirer de l’huile de CBD (cannabidiol).

« On met ça sur un morceau de sucre ou sous le palais. Cela produit un effet relaxant qui dure trois, quatre heures. C’est beaucoup plus bénéfique que la codéine qui vous ruine l’estomac ! », lance Patrick. L’homme a un certain bagout, a réponse à tout. La détention d’armes ? « La carabine appartenait à mon père qui avait fait un AVC. Je ne voulais pas qu’il la retourne contre lui. » Et le pistolet automatique ? « Je l’avais acheté sur une brocante en Belgique. Mais il n’était pas fonctionnel. » « Pourquoi l’avoir acheté alors ? », demande la procureure Galen. Patrick le reconnaît : il a commencé « à perdre pied » avec son chanvre fait maison. Il avait peur que des êtres mal intentionnés essayent de lui chiper les plants. L’arme pouvait les dissuader au cas où il devait la sortir.

« Pas le droit d’importer depuis le Luxembourg »

Un élément chiffonne quand même les magistrats : pourquoi ne pas avoir acheté l’huile de CBD au Grand-Duché, disponible librement à la vente ? « Car on n’a pas le droit de la ramener en France où la commercialisation est interdite », répètent tour à tour Patrick et Barbara.

« Et faire pousser des plants de cannabis en France, ce n’est pas interdit ? ! », s’agace la procureure. Elle sollicite 1 000 jours-amendes à 5 €. « Vous n’avez pas en face de vous des go fasters ! », s’irrite l’avocat parisien de Patrick et Barbara. Il replace le débat dans un contexte thérapeutique et sociétal. Et réclame la relaxe. Réponse le 13 octobre.

G.I. (Républicain Lorrain)

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