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Faux chômeur : l’Adem lui réclame 28 000 euros


Entre le 2 novembre 2015 et le 29 septembre 2016, alors qu'il avait un travail au Royaume-Uni, le trentenaire avait perçu pas moins de 28 242 euros d'indemnités de chômage de l'Adem au Grand-Duché. (photo Isabella Finzi)

Le parquet de Luxembourg a requis jeudi six mois et une amende contre un trentenaire qui avait indûment perçu plus de 28 000 euros d’indemnités de chômage à l’Adem.

Dès qu’un changement intervient dans sa situation financière, un chômeur est tenu de le déclarer à l’Adem. Autrement cela peut lui coûter cher. Alors qu’il avait décroché un CDI dans une société à Londres, un trentenaire avait continué à se présenter régulièrement à ses rendez-vous à l’Adem pour continuer à toucher ses indemnités de chômage au Grand-Duché. Sa banque avait fini par le dénoncer.

Entre le 2 novembre 2015 et le 29  septembre 2016, alors qu’il avait un travail au Royaume-Uni, le trentenaire avait perçu pas moins de 28 242 euros d’indemnités de chômage de l’Adem au Grand-Duché. « Je n’ai pas l’intention de nier les faits », s’est exclamé le prévenu de 37  ans à la barre de la 12 e  chambre correctionnelle, hier matin. Il a renoncé à se faire assister par un avocat.

Le trentenaire explique qu’à l’époque il était parti vivre à Londres : « On me reprochait que mon anglais n’était pas parfait. » Dans la capitale anglaise, il avait fini par décrocher un travail. Son salaire ne lui aurait toutefois pas permis de subvenir à tous les besoins de sa famille : « Au Luxembourg, je venais d’acheter un appartement… Et à Londres, je devais également payer mon appartement. »

« Ce n’est pas le problème de l’Adem , a répliqué le président avant de creuser  : Combien d’argent gagniez-vous à Londres?» –« 4  000 euros par mois. »

« Comment avez-vous songé à rembourser l’État? », poursuit le président. « Pour l’instant, je n’ai rien fait. Avec mon avocat, on est en discussion avec l’Adem. Un échéancier est en train d’être établi », bredouille-t-il en sortant un courrier versé à l’Adem. « Vous avez besoin d’une nouvelle imprimante. Il n’y a pas de date sur le document », remarque le président.

L’Adem s’est constituée partie civile. Elle réclame le remboursement des 28  242  euros d’allocations de chômage qu’il avait indûment touchés. « Monsieur s’est inscrit le 1 er  octobre 2015 à l’Adem comme chômeur. Dix jours après sa demande, il a reçu un contrat de travail à Londres. Il n’a toutefois pas informé l’Adem du changement de sa situation financière », a résumé M e Lynn Frank, l’avocate de l’Adem, hier matin.

L’affaire avait éclaté au grand jour à la suite des interrogations d’un employé de sa banque au Grand-Duché. Le trentenaire recevait en effet sur son compte à la fois son salaire et les indemnités de chômage. La banque avait fait une déclaration de soupçon. Il en était ressorti que les montants lui avaient indûment été payés.

«C’était de la mauvaise foi de ma banque»

Pour le parquet, l’infraction est établie. « Il a agi sciemment. Alors qu’il avait un CDI, il se présentait régulièrement aux rendez-vous de l’Adem », a soulevé sa représentante lors de son réquisitoire. Même si le prévenu n’a pas d’antécédents judiciaires, elle constate une certaine énergie criminelle. Au vu de la gravité des faits, le ministère public a requis six mois de prison et une amende appropriée à son encontre. Mais il ne s’oppose pas à ce que la peine soit assortie du sursis probatoire avec l’obligation d’indemniser la partie civile.

À la fin de l’audience, le prévenu a pris une dernière fois la parole  : « C’était de la mauvaise foi de la part de ma banque. » Il explique avoir régulièrement eu des coups de fil avec sa conseillère quand il était à Londres. Un jour, son interlocutrice avait toutefois changé d’agence et avait été remplacée par un collègue. « Le nouveau m’a dit qu’il était au courant de ma situation. Il m’a demandé que je lui fasse parvenir toutes mes pièces concernant mon salaire. À partir de là, il m’a dénoncé. »

Le tribunal correctionnel rendra son jugement le  13 juillet.

Fabienne Armborst

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