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Drame au tunnel à la Biff : le procès


2Après avoir frôlé une première poutrelle, la voiture de la victime est venue s'encastrer dans une deuxième. (photo archives LQ)

Le procès du conducteur du camion qui avait arraché des poutrelles à la Biff, tuant une femme, a eu lieu jeudi après-midi à Luxembourg. L’expert a livré ses conclusions.

Le 10 juin 2013, une automobiliste de 29 ans avait perdu la vie dans un tragique accident sous le rond-point de la Biff à Bascharage. La benne d’un camion relevée avait heurté plusieurs poutrelles d’acier. Deux étaient tombées sur la voie de circulation. Prise au piège, la conductrice venant d’en face avait été tuée.

Ce 10  juin 2013, vers 8h45, le conducteur (53  ans) et son collègue de travail à bord du camion étaient en train de rejoindre un chantier. Ils roulaient sur la collectrice du Sud (A13) depuis Pétange et s’étaient engagés dans le tunnel qui passe sous le rond-point de la Biff à Bascharage. Or à cet instant, la benne du poids lourd était relevée. Elle avait percuté plusieurs poutrelles d’acier situées au-dessus de la chaussée de façon perpendiculaire. Sous le choc trois poutrelles avaient été descellées. Deux avaient chuté sur la voie de circulation.

L’automobiliste de 29 ans venant d’en face s’était retrouvée prise au piège. Après avoir frôlé une première poutrelle, la voiture était venue s’encastrer dans une deuxième.

Le quinquagénaire au volant du poids lourd au moment du drame a comparu hier après-midi pour homicide involontaire à la barre du tribunal correctionnel.

Après avoir heurté les poutrelles, la benne a été arrachée du camion. (photo police grand-ducale)

Après avoir heurté les poutrelles, la benne a été arrachée du camion. (photo police grand-ducale)

Y a-t-il eu une erreur technique ou une erreur de manipulation? C’est la question qui se trouvait au cœur des débats. En principe, pour lever la benne, il y a deux manipulations à faire  : d’un côté, il faut actionner un interrupteur au niveau du tableau de bord (avec un témoin lumineux) et de l’autre côté tirer un levier situé à gauche du siège conducteur. « L’ordre n’est pas important , précise le policier chargé de l’affaire. Il suppose  : « Il pensait allumer les feux et a actionné la benne. Encore faut-il que le levier ait été enclenché et qu’il ait embrayé. Mais cela est possible. »

«Aucune erreur technique détectée»

D’après les éléments de l’enquête, avant l’entrée du tunnel, le conducteur a demandé à son collègue comment s’allumaient les feux de croisement. Il n’avait pas encore répondu que déjà la benne avait heurté la première poutrelle.

De l’enquête, il ressort aussi que c’est la première fois que le quinquagénaire se trouvait au volant de ce camion qui avait déjà plus de 609  000  km au compteur. De l’avis de l’expert entendu hier, « ce n’est pas possible que la benne se soit levée toute seule . Il y a manifestement eu une erreur de manipulation humaine dans la cabine , conclut-il. Aucune erreur technique n’a été détectée .» Il note toutefois qu’au moment de l’accident le témoin de l’interrupteur à bascule ne fonctionnait pas. Il n’est donc pas certain que le conducteur ait pu s’apercevoir de la levée de la benne quand il s’est introduit dans le tunnel.

M e Valente demande l’acquittement de son client qui serait toujours très affecté par l’accident. « C’était le seul camion de la société qui n’avait pas de système de sécurité qui empêche une quelconque mauvaise manipulation de la benne quand le camion est en train de rouler », soulève-t-il.

L’avocat à la défense du prévenu estime que l’enquête n’a pas permis d’établir que le conducteur a actionné quoi que ce soit. « Donc on ne peut pas retenir sa faute. » Pour M e Valente, le levier avait déjà pu être actionné auparavant et l’interrupteur sur le tableau de bord par la suite ou vice versa. Il retient que « la troisième hypothèse, que la benne ait pu se déclencher à retardement, n’a pas non plus été écartée par l’expert. » « Beaucoup de questions restent ouvertes », conclut l’avocat en donnant à considérer que vu que le témoin lumineux était défectueux, le conducteur n’a à aucun moment pu intervenir pour éviter ce tragique accident.

Le parquet requiert une interdiction de conduire

Du côté du ministère public, c’est un autre son de cloche  : « Le parquet est d’avis qu’il y a eu faute dans ce dossier. Il a pris le volant d’un véhicule dont il ne maîtrise pas tous les aspects techniques. À la différence de son collègue. » De l’avis du parquet, le levier était en place et ensuite l’interrupteur sur le tableau de bord a été actionné. Le représentant du ministère public a fini par requérir une interdiction de conduire de six mois ainsi qu’une amende contre le prévenu. M e Lutgen, l’avocat de la partie civile, représentant l’État, réclame quant à lui autour de 25  700  euros de dommages et intérêts pour la réparation des poutrelles.

Prononcé le 16  mars.

Fabienne Armborst

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