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Dealer tué d’une balle dans la tête : «Les premiers juges n’ont pas retenu la vraie vérité»


Depuis la semaine dernière, la Cour d'appel planche sur les homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam qui avaient frappé l’actualité début novembre 2016. (Photo : police grand-ducale)

Devant la Cour d’appel mardi, la défense a tenté le tout pour le tout pour convaincre qu’Alden S. a été condamné à tort comme coauteur du meurtre début novembre 2016. Le parquet général qui a entamé son réquisitoire ne partage pas cet avis.

«On embarque le dealer à bord de la Mercedes à Rodange, on lui tire une balle dans la tête, on le dépose dans la forêt… et on oublie de prendre la drogue. C’est absolument ridicule.» La thèse du plan concerté entre les deux prévenus Lee K. et Alden S. (37 et 25 ans aujourd’hui) la nuit du 9 au 10 novembre 2016, Me Pim Knaff n’y croit pas. Et il croit encore moins que son client a été le coauteur de ce «meurtre pour faciliter le vol».

Le cadavre avait été complètement dépouillé : un portefeuille avec ses 50 euros, un portable et un passeport en avaient été retirés. Mais c’est dans un deuxième temps seulement qu’ils étaient revenus dans la forêt à Leudelange pour lui extirper du gosier une boule de cocaïne de 5 g… «C’est inimaginable qu’à deux ils oublient de prendre la drogue. La raison pour laquelle le dealer a été tué! Ce que les premiers juges ont retenu n’est pas la vraie vérité», a martelé l’avocat du plus jeune des deux prévenus devant la Cour d’appel, mardi après-midi, au troisième jour du procès. Il plaide l’acquittement d’Alden S. qui a pris 15 ans de réclusion, dont 5 avec sursis, en première instance. Car selon lui, il n’est pas prouvé qu’il avait conscience de participer à un crime. S’il y avait un plan, le seul à le connaître, c’était Lee K. Et ce dernier n’aurait voulu «une deuxième personne avec lui (que) pour pouvoir dire que c’était l’autre» le coupable.

Des traces de sang et une seule solution

«Le seul reproche qu’on peut faire à Alden S., c’est de ne pas avoir dénoncé les faits à la police. Mais s’agissant de faits postérieurs au crime, on ne peut pas être puni pour un acte de complicité», dira encore Me Knaff avant que le représentant du parquet général prenne la parole. Il avait du pain sur la planche. Car à l’instar du procès en premier instance, les deux prévenus n’ont cessé de se renvoyer la balle, affirmant tous les deux avoir été au volant de la Mercedes A170 quand le dealer assis sur le siège passager a été tué…

Mais très vite le premier avocat général a fait comprendre que la version selon laquelle Lee K. était au volant ne tient pas la route. «Tout d’abord, la victime ne peut être tombée sur sa jambe gauche. Et s’il était assis devant, il y aurait eu des traces de sang sur le siège conducteur.» Pour Serge Wagner, il n’y a qu’une seule solution d’après les traces de sang recueillies : Lee K. était assis sur la banquette arrière. Et c’est lui qui a tiré la balle dans la tête du dealer.

Autre indice sur lequel il s’appuie, le fameux SMS de 19 h 49 contenant cette question : «T’as envie d’aller tuer quelqu’un…?» L’enquête n’a pas permis d’établir à qui Lee K. avait envoyé le message. Toujours est-il que trois heures et demie plus tard, le dealer était mort d’une balle dans la tête. À cela s’ajoutent les confidences compromettantes de Lee K. à diverses connaissances avant même son arrestation. «Tout cela confirme qu’il n’était pas au volant, mais était celui qui a tiré avec le pistolet Walther P99.»

Si dans les premières minutes de son réquisitoire, le parquet général avait essentiellement Lee K. dans sa ligne de mire, il a fini par parler du second prévenu. Il constate que ni Lee K. ni Alden S. n’avait besoin de l’autre pour se procurer des stupéfiants. En revanche, le premier avait de gros problèmes financiers. Des problèmes dont était au courant Alden S. Sa déclaration devant le juge d’instruction n’a pas échappé au premier avocat général. Extrait : «Je peux vous dire que Lee K. avait absolument besoin d’argent.» D’où l’espoir que le dealer ait beaucoup d’argent sur lui en cette fin de journée… C’est l’élément, d’après le parquet général, qui permet de déterminer le but de leur rencontre : «Ce n’était pas pour acheter de la drogue. Ils voulaient voler tout son argent.» Ce qui lui fait dire que le duo avait à l’époque au moins le projet commun du vol avec violences.

«Sans lui, Lee K. ne peut tuer le dealer»

De ce projet, Alden S. ne se serait désolidarisé à aucun moment. Et pourtant, il en aurait eu l’occasion lorsqu’ils se sont arrêtés en route vers Rodange à une station-service à Bascharage, où Lee K. avait volé deux canettes de bière. «Alden S. a vu les armes dans la voiture et accepté l’utilisation éventuelle de celles-ci», poursuit le premier avocat général. Et de conclure : «Il était le chauffeur et donc le coauteur. Car sans lui Lee K. ne peut tuer le dealer.»

Suite et fin du réquisitoire vendredi matin. On apprendra alors les peines que le parquet général requiert contre les deux prévenus. Rappelons que Lee K. est également poursuivi pour la mort de la prostituée retrouvée quatre jours plus tard sur le parking du Fräiheetsbam. Raison pour laquelle il avait été condamné à la réclusion à vie en première instance. Pour ce second fait, Alden S. avait bénéficié d’un non-lieu.

Fabienne Armborst

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