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Procès en appel du meurtre du dealer et de la prostituée : «Il avait un plan. Moi j’étais l’idiot…»


Le dealer, mort d'une balle dans la tête, avait été retrouvé dans cette forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff. Mais aucun des deux prévenus ne reconnaît avoir appuyé sur la détente du pistolet Walther P99. (Photo : archives lq/Fabienne Armborst)

Depuis mardi après-midi, la Cour d’appel se penche sur les homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam qui avaient frappé l’actualité début novembre 2016. Pour le meurtre du dealer, les deux prévenus Lee K. et Alden S. se renvoient toujours la balle… En première instance, ils avaient écopé respectivement de la réclusion à vie et de 15 ans de prison, dont 5 avec sursis.

Le dealer est mort d’une balle dans la tête. Mais qui a appuyé sur la détente dans la nuit du 9 au 10 novembre 2016 avant que son corps sans vie soit déposé dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff? La question avait longtemps occupé la 13e chambre criminelle à l’automne dernier. Durant 17 jours d’audience… les deux prévenus Lee K. et Alden S. (37 ans et 25 ans aujourd’hui) n’avaient cessé de se renvoyer la balle. Tous deux contestant être l’auteur du tir mortel. Tous deux affirmant avoir été au volant au moment du crime. «Les seuls qui savent ce qui s’est passé, ce sont Alden S. et moi-même», avait argué le trentenaire face aux juges.

Mais aucun des deux n’a échappé à une condamnation. Ils ont été reconnus coupables, conformément aux réquisitions du parquet : Lee K. comme l’auteur du tir et Alden S. comme le coauteur. Également reconnu coupable de la mort de la prostituée retrouvée quatre jours plus tard sur le parking du Fräiheetsbam entre Strassen et Bridel, Lee K. avait ainsi écopé de la réclusion à vie. Alden S., pour sa part, avait été condamné à 15 ans de prison, dont 5 avec sursis.

«Puni de la réclusion à vie alors que je n’ai rien fait»

«J’ai fait appel, car j’ai été puni de la réclusion à vie pour quelque chose que je n’ai pas fait.» Tels sont les premiers mots de Lee K. à la barre de la Cour d’appel, mardi après-midi. Près d’un an après le premier procès, sa position n’a pas changé. Loin de là. Il n’a tué personne. Et tout ce qu’il reconnaît, c’est d’avoir enfreint la loi sur les armes et munitions en laissant traîner sur la banquette arrière de sa Mercedes A170 ses armes, dont le pistolet Walther P99. «D’un seul coup, Alden S., assis à l’arrière, a trafiqué quelque chose. J’ai entendu « clac, clac » et le tir est parti.»

Le jean de Lee K. saisi par les enquêteurs dans le coffre de la Mercedes A170 était plein de sang et présentait notamment une trace bien particulière au niveau de la jambe gauche. «Pendant que je conduisais, la tête de la victime est tombée sur moi. C’était dans un virage à droite.» Telle est l’explication du trentenaire en détention préventive depuis son arrestation. ll y avait aussi ses traces ADN retrouvées sur la victime. «Oui, mais j’étais dans la voiture. Et j’ai aidé à le tirer dans les bois. Cela, je l’ai déjà dit vingt fois. Mais je n’ai rien fait de plus…», a-t-il répondu à la présidente, qui le confrontait à ce détail. Le cadavre avait été complètement dépouillé : un portefeuille avec ses 50 euros, un portable et un passeport en avaient été retirés. Ils étaient même ensuite revenus dans la forêt à Leudelange pour lui extirper du gosier une boule de cocaïne de 5 g…

Cela aurait été fait à l’initiative d’Alden S. Car Lee K. affirme avoir littéralement été sous le choc et en panique ce soir-là. Le représentant du parquet général ne manquera pas de le mitrailler de quelques questions : «Vous dites avoir eu peur d’Alden S. Mais après le tir vous dites avoir changé de place dans la voiture. Vous seriez donc monté à l’arrière où il y avait toujours l’arme. Alden S. avait ses deux mains sur le volant. Vous étiez en position de force. Vous auriez pu lui dire : « Maintenant tu te rends à la police! »»

– «En lui mettant le pistolet sur la tempe ou comment? Cela n’aurait pas amélioré ma situation.»

– «Vous seriez toutefois aujourd’hui dans une meilleure posture…»

Un autre point qui dérange le premier avocat général Serge Wagner : «D’où Alden S. tient-il cette information que le canon de l’arme utilisée n’était pas correctement enregistré au ministère? Vous aviez 48 armes à l’époque. Comment pouvait-il savoir qu’il s’agissait justement de cette arme?»

Comme le dealer, la prostituée retrouvée sur le parking du Fräiheetsbam est morte d’une balle dans la tête. Pour ce fait, Lee K. seul homme dans la ligne de mire du ministère public – Alden S. ayant bénéficié d’un non-lieu – campera également sur sa position : il est innocent. C’est Alden S. qui aurait emprunté sa voiture ce soir-là. Un point, c’est tout. Face à la Cour d’appel, Lee K. sera resté beaucoup moins longtemps sous le feu des questions qu’en première instance.

«Pas une goutte de sang sur mes vêtements!»

L’audition du prévenu Alden S. aura été encore plus courte. «Je n’ai rien à voir avec ce meurtre du dealer. J’étais dans la voiture, c’est tout», s’est-il défendu en s’avançant à la barre. Et d’ajouter : «C’est Lee K. qui l’avait contacté.» Une preuve, selon Alden S., qu’il n’a rien fait : «Pas une goutte de sang sur mes vêtements!» Il reviendra aussi sur le message compromettant rédigé par Lee K. «T’as envie d’aller tuer quelqu’un…?», à propos duquel la chambre criminelle l’avait longtemps cuisiné en première instance : «On n’a jamais trouvé ce SMS sur mon portable.» Et de conclure : «Lee K. avait un autre plan. Mais moi j’étais l’idiot qui est allé boire un verre avec lui et qui se retrouve aujourd’hui devant vous…»

Me Rosario Grasso, l’avocat de Lee K., avait préparé son lot de questions. «C’est une technique d’enfumage de la défense déjà utilisée en première instance. Je lui conseille de ne pas répondre», est intervenu Me Pim Knaff, qui défend Alden S.. Ce qui fait qu’après une bonne heure d’interrogatoire des deux prévenus, la parole était déjà à la défense. Suite des plaidoiries vendredi matin.

Fabienne Armborst

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