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Dealer et prostituée tués : un témoin surprise


Ce témoin de dernière minute a fait une déposition dans la soirée du 23 octobre, au sujet de l'homicide du Fräiheetsbam. (illustration Fabrizio Pizzolante)

Après les vacances de la Toussaint, le procès des homicides de Leudelange et du Fräiheetsbam en novembre 2016 a repris mardi matin. L’audition des deux prévenus, Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans), n’a pas eu lieu comme prévu. Fin octobre, un nouveau témoin faisant état d’un 3e homme s’était présenté à la police…

«Il y a un nouveau moment dans l’affaire qui nous occupe. À l’issue de l’audition de la mère de Lee K., une personne s’est rendue à la police à Differdange», a annoncé le procureur d’État adjoint en début de cette 12e audience, mardi matin. Cette déposition, faite le 23 octobre entre 22h30 et 23h, concerne l’homicide du Fräiheetsbam. Le témoin voulait être entendu à huis clos à l’audience mardi. Une demande que la 13e chambre criminelle a rejetée : «L’audience est publique.»

Tout est parti d’une discussion sur les réseaux sociaux. La jeune femme rapporte avoir commenté sur Facebook un article de RTL sur le procès. «L’auteur des homicides sera sanctionné par des peines appropriées.» Voilà dans les grandes lignes ses propos. Ce à quoi elle aurait reçu une réponse d’un internaute qu’elle ne connaissait pas. Toujours est-il que leur discussion s’est poursuivie via Messenger et messages vocaux. Difficile de suivre ce qui s’y est exactement dit. Mais la jeune femme, qui assiste régulièrement au procès, indique avoir croisé cet homme en allant fumer une cigarette dans la cour de la Cité judiciaire. Elle l’aurait reconnu par sa voix. C’est alors qu’il lui aurait dit qu’il avait encore d’autres missions à 20 000 euros et qu’il apportait de la protection à la mère de Lee K.

«Ce n’est pas ce que vous avez dit à la police. Quelle est la raison qui vous a poussée à vous rendre à la police de Differdange à 23h ?», s’est intéressée la présidente.

S’en est suivi un très long silence. «C’est moi qui vous pose la question», a-t-elle tenté de la relancer.

De nouveau pas de réponse. À part Lee K. qui se manifestera depuis le banc des prévenus : «Je peux vous donner la réponse.» «Ce n’est pas à vous de le faire», l’a vite recadré la présidente. «C’est parce qu’elle a peur…», réussira-t-il néanmoins à glisser.

Des menaces et un coup de fil inquiétant

Au bord des larmes, la jeune femme finira par lâcher quelques mots : «Est-ce que je peux parler avec mon avocat ?»

«Est-ce que le témoin a peur de répondre aux questions ?», est finalement intervenu Me Rosario Grasso, l’avocat du prévenu Lee K. «Oui. J’ai eu des menaces ces derniers jours. Et hier (NDLR : lundi), un coup de fil d’un numéro inconnu me disant de faire attention à ce que je disais ici.»

Le témoin finira par lâcher une autre phrase de cette fameuse discussion, celle qu’ «en 2016, la police n’aurait pas découvert qui il était». Phrase sur base de laquelle le témoin a visiblement fait le lien avec le fait du Fräiheetsbam.

«Le parquet ne recherche pas de troisième personne. Il est d’avis qu’il a trouvé les responsables de ce qui s’est passé en 2016», a tenté d’expliquer la présidente au témoin. Pour le parquet, il ne fait aucun doute que la jeune femme a fait l’amalgame entre A et B en comprenant qu’une autre personne que Lee K. pouvait être responsable de la mort de la prostituée.

La présidente a également voulu savoir du témoin s’il avait été en contact avec les membres de la famille de Lee K. «On a juste échangé des messages et on s’est téléphoné et hier (lundi), j’ai reçu un SMS disant : « On est là, tu n’as pas besoin d’avoir peur devant le tribunal »», expliquera la jeune femme.

«Un ouï-dire, un bruit de couloir. Rien de plus»

Ce n’est toutefois pas tout à fait ce que les magistrats ont vu avant l’audience. Le procureur d’État adjoint indique avoir aperçu le témoin à 8h10 devant la porte du tribunal en présence de la mère de Lee K. «Un témoin surprise qui arrive à la dernière minute dans le dossier et qui parle avec la mère d’un prévenu…»

Bref, il s’opposera à la demande de la défense que le fameux interlocuteur soit entendu à l’audience. «C’est un ouï-dire, un bruit de couloir. Rien de plus.»

«Il y a des interrogations. On annonce que peut-être Lee K. n’a pas commis l’assassinat du Fräiheetsbam. Pour écarter tout doute, il faut entendre cette personne», avait argué Me Grasso.

Après une courte suspension, la chambre criminelle a finalement décidé que le témoin serait entendu ce mercredi après-midi lors de la suite du procès. Mais après, la parole sera bel et bien aux deux prévenus.

Fabienne Armborst

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