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Dealer et prostituée tués : la défense plaide l’acquittement


Au bord de ce chemin dans la forêt entre Leudelange et Schléiwenhaff, le corps sans vie du dealer nigérian avait été retrouvé le 10 novembre 2016. (Photo : Fabienne Armborst)

Les débats dans le procès du double homicide de Leudelange et du Fräiheetsbam qui avait frappé l’actualité en 2016 touchent à leur fin. Avant que le procureur d’État adjoint ne prenne la parole lors de son réquisitoire ce mercredi après-midi, les avocats des deux prévenus ont tenté, mardi, une dernière fois de tirer leur épingle du jeu.

«On n’a pas retrouvé de sang sur les vêtements d’Alden S. On n’a pas retrouvé ses traces ADN sur le cadavre du dealer nigérian déposé dans la forêt de Leudelange. Et il n’avait pas non plus le butin chez lui. À la différence du second homme sur le banc des prévenus, Lee K.» La conclusion de Me Pim Knaff est claire : son client, Alden S., n’a tué personne ce soir du 9 novembre 2016. «Mais il a eu le malheur d’être témoin de ce coup de feu sans le savoir.»

Dans ce dossier, chacun défend sa propre cause. Ce n’est pas une surprise. Car depuis le début, les deux prévenus Lee K. (36 ans) et Alden S. (24 ans) n’ont cessé de se renvoyer la balle. Tous deux prétendent s’être trouvés au volant de la Mercedes A170 quand le dealer a été tué d’une balle dans la tête. Personne ne veut avoir appuyé sur la détente ce soir du 9 novembre 2016.

Certes Alden S. aurait cherché à joindre 17 fois par téléphone Lee K. une bonne partie de l’après-midi, mais dans les faits ils n’auraient parlé que deux fois. «C’est cela qu’il faut retenir», argue Me Knaff. Et le fameux message, «T’as envie d’aller tuer quelqu’un?», rédigé par Lee K. et qui aura occupé une bonne partie de l’instruction à la barre? «Il n’a pas été retrouvé sur le portable d’Alden S.»

Autre élément important qui disculpe, selon Me Knaff, particulièrement son client : l’aveu extrajudiciaire de Lee K. Avant même qu’il ne soit arrêté par la police, il avait avoué à deux connaissances les assassinats de Leudelange et du Fräiheetsbam avec certains détails et même photos à l’appui. «Les deux témoins qui ont déposé sous la foi du serment à la barre corroborent le reste de l’enquête. Il n’y a pas de doute : Lee K. est l’auteur des deux assassinats. Alden S. n’a tué personne.»

La défense conteste la préméditation

Présent dans la voiture au moment du premier tir, la question d’une éventuelle participation d’Alden S. se pose. Or ici non plus la défense n’est pas d’accord : «Le parquet doit prouver à l’abri de tout doute qu’il y a eu un plan au préalable et qu’Alden S. y a adhéré.» Pour Me Knaff, il n’y a qu’une «conclusion de possible : l’acquittement!»

Mais Me Rosario Grasso aussi aura sorti l’artillerie lourde, mardi matin. S’attaquant maille par maille aux différents éléments qui sont mis à charge de son client, il a plaidé l’acquittement de Lee K. Selon l’enquête, l’arme du crime ne contenait que les traces ADN de Lee K. et celles des deux victimes, mais pas celles d’un tiers. La reconstitution avait établi que vu les traces de sang sur son jean il ne pouvait se trouver au volant au moment du tir… C’est donc vraisemblablement lui qui aurait tué le dealer. Des éléments qui n’écartent toutefois pas tous les doutes, estime Me Grasso : «On a au moins deux versions des faits. Mon client conteste avoir tiré. Le doute doit lui profiter.»

Et de poursuivre : «Si le plan de tuer une personne le 9 novembre 2016 avait été prévu, alors Lee K. aurait réagi différemment aux appels incessants d’Alden S.!» La sacoche remplie d’armes sur la banquette arrière non plus ne suffirait pour prouver un quelconque acte de préméditation. Car à l’époque Lee K. aurait voulu vendre ses armes chez un armurier!

«Le moindre doute suffit pour acquitter…»

Si Alden S. a bénéficié d’un non-lieu concernant la mort de la prostituée retrouvée au parking du Fräiheetsbam, Lee K. est également renvoyé devant la chambre criminelle pour ces faits. Comme le dealer, la jeune femme avait été tuée d’une balle dans la tête. Le soir de sa disparition, des images de vidéosurveillance dans le quartier de la Gare avaient fait apparaître un homme de la stature de Lee K. au volant d’une Mercedes A170 sans enjoliveur à l’avant côté gauche – la voiture saisie chez Lee K. présentait le même défaut. Mais de l’avis de la défense, là aussi, un doute subsiste : «Le conducteur était chauve. Mais il n’est pas clairement reconnaissable.»

Me Grasso rappelle que son client a indiqué avoir prêté sa voiture le soir des faits à Alden S. Bref, au bout de cette 16e audience du procès, il ne serait toujours pas clairement établi que Lee K. a tué la prostituée. «Le moindre doute suffit pour entraîner un acquittement», a-t-il lancé aux juges.

Pas sûr que le procureur d’État adjoint partage la même vue du dossier que la défense. Rendez-vous cet après-midi pour le réquisitoire…

Fabienne Armborst

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